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Actualités of Wednesday, 18 October 2017

Source: newsducamer.com

Les politiciens français m’embêtent - Dieudonné Mbala Mbala

Dieudonné M’Bala M’Bala est candidat à la présidentielle camerounaise de 2018. Dieudonné M’Bala M’Bala est candidat à la présidentielle camerounaise de 2018.

Entretien à bâtons rompus avec l’humoriste franco-camerounais candidat à l’élection présidentielle de 2018 au Cameroun, pays de son père.

Pourquoi vous êtes-vous candidature à la présidentielle de 2018 au Cameroun ?

Nous sommes face à des enjeux énormes. Le numérique, internet est en train de changer la face du monde. De par mon expérience, j’ai montré que j’ai su résister à certaines pressions, notamment en France, grâce à cet outil prophétique. Le Cameroun est lui aussi dans la mêlée. Même dans mon village, la plupart est gens sont connectées et ont leurs comptes facebook. Ça prouve qu’il y a un changement radical qui est en train de se mettre en place. Fort de cette expérience, j’ai envie d’insuffler dans ces élections, dans ce débat, à la fois cette révolution et cet outil qui me parait très important pour l’avenir du pays et pour l’avenir du monde.

Votre double nationalité ne sera-t-elle pas une entrave à vos ambitions ?

Il y a mille et une manières d’éliminer du débat au travers des règles qui sont…, bref, je m’appelle Dieudonné Mballa Mballa, je suis Camerounais. Le reste, ce sont des règles de jeu qui voudraient éliminer certaines personnes dans un débat qui nous concerne tous. On verra bien, mais je peux vous dire que la plupart des gens qui sont aux affaires dans ce pays et partout dans le monde, ont une double nationalité. Tout ça est une hypocrisie qui ne peut pas ternir le sérieux du débat qu’attendent les Camerounais. Je suis un enfant du pays qui rentre chez lui et qui espère s’installer durablement pour apporter sa petite expérience, sa pierre à l’édification de son pays.

Vous avez annoncé comiquement cette candidature sur les réseaux sociaux, comme beaucoup d’autres comédiens ailleurs ; on vous a aujourd’hui devant nous, ce n’était donc pas une farce ?

Je suis là, et encore une fois, je crois pouvoir apporter quelque chose qui s’inscrit dans ce que les Camerounais attendent. Après, le résultat de ces élections, c’est autre chose. Je crois pouvoir participer, et apporter quelque chose, notamment dans ma connaissance de la politique française, des relations qu’entretiennent les différents gouvernements français avec l’Etat camerounais. Cette relation particulière, qui doit évoluer. L’histoire de notre pays est liée à cette rencontre encore, que ce soit sur schéma administratif, judiciaire, on sent bien l’influence et l’héritage…, mais il est important je crois, que soient assis à la table des négociations dans la relation aujourd’hui, des gens qui sont dans un ralliement de forces un peu différent.

Je compte durablement m’installer dans ce pays, cette terre dans laquelle reposent mes ancêtres, après avoir parcouru le monde. Le moment du retour c’est aussi le moment de participer aux débats. J’ai senti qu’il y avait des questions qui se posaient. Evidemment je n’ai pas la réponse à tout, mais je pense avoir un point de vue intéressant, et le profil pour imposer des relations différentes. En tout cas, l’idée est que des personnes comme moi puissent s’asseoir à la table des négociations par exemple entre la France et le Cameroun. Je crois que c’est important et ça peut influer sur le résultat de ces négociations.

Vous avez déjà essayé de briguer la présidence française en 2012. Est-ce que vous vous repliez sur votre pays d’origine parce que là-bas vous avez échoué ?

J’ai essayé de comprendre dans mon travail d’artiste, quels étaient les contours de cette démocratie française, et pour appréhender ces contours, il a fallu me confronter personnellement au jeu démocratique, c’est-à-dire au jeu des élections. J’ai beaucoup appris sur le fonctionnement de cet Etat français, en réalisant des scores entre 3 et 10% dans certaines zones. J’ai aussi réalisé qu’en étant un Africain de France, on pouvait intervenir dans le jeu démocratique là-bas, et je crois que c’est important de le faire, parce que l’ingérence française dans le jeu démocratique camerounais, tout le monde s’accorde encore à dire que c’est très présent.

Or le contraire n’est pas le cas. Aujourd’hui, un Chef de gouvernement comme Manuel Valls, se trouve dans une situation très délicate. Il est passé avec 130 voix… On a aujourd’hui un partenaire français qui visite le Cameroun, et on peut aller sur sa circonscription et jouer simplement un rôle dans le rapport de force, sur son avenir politique, comme ils le font ici. Je crois que c’est la logique du monde dans lequel nous entrons, qui est un monde différent grâce à ce réseau internet. C’est beaucoup moins opaque qu’avant. Je suis convaincu qu’ici au Cameroun, il y a une jeunesse qui s’est emparée des réseaux sociaux.

A propos de Manuel Valls ; on sait que vous avez eu maille à pâtir avec lui lorsqu’il était ministre de l’Intérieur. Vous l’avez même traité d’«hystérique négrophobe catalan». Est-ce que cet épisode a pu constituer le déclic de votre engagement en politique ?

Il y a eu pendant longtemps une hypocrisie simulée autour de l’antiracisme. Il y a eu beaucoup d’associations qui d’ailleurs, comptaient sur les voix des «Afrodescendants», de tous ces Africains venus du Maghreb ou d’Afrique Centrale, qui ont été dupés par cette politique de l’antiracisme. Et donc, Manuel Valls était l’un des porte-voix. Il s’est fait attraper par son histoire, notamment en caméra caché, le fait qu’il évoque dans certains quartiers qu’il n’y ait pas assez de blancs, comme dans sa banlieue à Evry.

C’est toute cette politiue de gauche qui était dans une hypocrisie antiraciste. D’ailleurs, c’est eux qui ont maintenu les relations de dominant de la politique françafricaine qui date de l’époque d’indépendance entre guillemets. Manuel Valls, c’est l’échec de toute cette politique.

Sur quelle bannière politique comptez-vous vous présenter à cette élection présidentielle. Ou alors vous vous inscrivez dans la mouvance qui consiste à se constituer en porte-étendard d’un mouvement politique ?

Je suis venu pour voir comment les choses allaient se passer. Je suis par des internautes, mais notamment le Rassemblement des Camerounais de l’étranger. On a créé une page Facebook. On était 500, puis 1000, aujourd’hui 8000. Donc, il y a une diaspora camerounaise qui est très intéressée à l’idée qu’il y ait une voix de la diaspora qui puisse exister pendant ces élections. Je pense qu’il y a une grande partie des étrangers camerounais qui veulent revenir dans leurs pays, qui veulent investir. Mais, il y a des questions auxquelles il faut répondre, notamment cette histoire de double nationalité, les droits de douane pour les ressortissants qui ont une double nationalité. Il y a des sociétés comme western union qui est d’un apport incommensurable.

La plupart des Camerounais qui partent, aident leurs familles ici. Il faut renforcer ce genre d’initiatives et leur faciliter les choses, permettre qu’ils puissent revenir aisément. J’ai été porté par ce courant-là, et maintenant, je prends contact avec des gens qui m’écoutent. Ce n’est pas l’histoire d’une personne, c’est l’histoire d’un mouvement. S’il y a des personnes autour de moi qui épousent cette dynamique, qu’ils nous rejoignent. L’intérêt, c’est le Cameroun.

Quels rapports entretenez-vous avec des leaders politiques camerounais ?

Il y a des contacts qui sont entre de se mettre en place. Beaucoup ont un peu peur de moi. Je suis un personnage un peu clivant parce que j’ai eu, au travers de mon travail d’artiste, eu des propos un peu outranciers, mais qui étaient dans le cadre d’une activité qui était celle de l’artiste. Dans le cadre politique, les usages font qu’il ait des visages un peu hypocrites et moins directs dans les propos. Certains ont un peu peur. Mais l’essentiel des gens que j’ai rencontrées, m’accorde une place dans le débat.

Il y a en ce moment au Cameroun une question très importante, notamment la crise anglophone. Quelles solutions préconiseriez-vous ?

J’aimerais organiser un grand débat autour de cette question, qui est une question identitaire profonde. J’en parlais dans une vidéo en disant : Qu’est-ce qu’être Camerounais ? Est-ce que c’est, être Anglophone ou Francophone ? Mais avant d’être tout ça, si on va chercher dans nos racines, on est bien plus que ça. Il y a un lien qui est bien plus fort. A qui sert cette vision qui partout dans le monde, ne sert que les intérêts des mêmes. Il est important, je crois, qu’on puisse avoir un vrai débat. Il y a dans la communauté noire américaine des gens qui seraient capables de venir nous expliquer, nous raconter, nous parler, nous aider dans cette crise identitaire profonde.

La page de l’art est tournée ou elle est entre parenthèses ?

Elle est entre parenthèses. En tout cas, je l’ai mise entre parenthèses, le temps de ces élections.

Mbalala Mballa est-il antisémite ? Et où en êtes-vous avec les procès ?

Ça n’a aucun sens. Ils ont concocté des choses pour essayer de me museler. Ils m’embêtent, mais le temps joue contre eux. Certaines condamnations sont là… L’idée était de se servir de l’appareil judiciaire pour faire de la politique. Mais le débat est ouvert sur certains sujets.

Une question subsidiaire ; c’est quoi le one man show "Asu zoa" que produisez en France ?

En langue Ewondo, c’est la face d’un éléphant. C’est aussi la face du sage. Mon père était Asu Zoa. Je suis son fils aîné, je reprends la canne du vieux pour avancer avec ma famille. Donc Asu Zoa c’était déjà l’orientation, la direction du chemin que j’étais appelé à emprunterais.