L'avion chargé de prendre le chef de l'Etat Paul Biya pour la Chine où il avait prévu d'aller, sur invitation de Xi Jinping est reparti du tarmac de l'aéroport de Yaoundé Nsimalen sans le président à bord. Aux dernières nouvelles, le président, sur avis de ses médecins, lui déconseillent d'y aller.
Alors qu’il figurait parmi les chefs d’État africains invités par le président chinois Xi Jinping pour la commémoration des 80 ans de la victoire contre l’agression japonaise, Paul Biya ne fera finalement pas le déplacement à Pékin ce 3 septembre 2025.
L’événement, à forte portée symbolique, devait réunir plusieurs dirigeants africains, dont Denis Sassou Nguesso (Congo) et Emmerson Mnangagwa (Zimbabwe), pour une grande parade militaire et des échanges diplomatiques.
Santé chancelante
Paul Biya, le plus vieux chef d’État encore au pouvoir, non pas en Afrique, mais dans le monde entier, dirige le pays depuis 1982. Aujourd’hui âgé de 92 ans, son état de santé suscite une vague d’inquiétudes en raison de ses absences répétées de la scène publique et internationale. Une chose qui fait dire à Benjamin Zebaze, l’éditeur camerounais, « qu’il aille se reposer, c’est quelle souffrance ça ? ». "Il" étant entendu ici par Paul Biya.
Les problèmes de santé du leader du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) sont connus. Régulièrement, il voyage à l’étranger pour se faire soigner, une autre donnée qui mécontente les citoyens qui ne sont pas d’accord que l’argent du contribuable soit gaspillé de la sorte. Cet état de santé défectueux explique son absence prolongée, bien que le gouvernement tente régulièrement de rassurer l’opinion publique en affirmant qu’il se porte bien, des déclarations accueillies avec scepticisme.
Il est connu de tous que Paul Biya a annulé, au cours de cette année uniquement, sa participation à plusieurs événements importants, suscitant ainsi des interrogations sur sa capacité à gouverner. Même sa candidature pour l’élection présidentielle à venir, ce n’est pas l’homme lui-même qui est allé faire le dépôt. Il s’est fait représenter par le secrétaire général du parti, Jean Nkuete.
Toujours au cours de l’année en cours, des rumeurs sur son état de santé et même sur son décès ont circulé, suscitant des réactions vigoureuses du gouvernement et du parti au pouvoir, qui ont dénoncé ces informations comme des mensonges grossiers ou des stratégies destinées à déstabiliser le régime.
Dans cette situation qui commence à devenir humiliante pour tout le pays, l’opposition demande plus de transparence sur son état de santé, tandis que certains observateurs estiment que le silence du président et de son entourage est source de confusion.
Au RDPC, des voix s’élèvent pour appeler le président à briguer un huitième mandat consécutif à l’approche de l'élection présidentielle de 2025, Paul Biya étant considéré comme un acteur incontournable du parti et du pays.
Dernièrement, la diplomatie oblige, on a pu l’apercevoir aux côtés d’un responsable d’un autre pays. Naturellement, tout le monde attendait vraiment cette apparition pour juger de la capacité ou non de Paul Biya de continuer par tenir le destin du pays entre ses mains.