Une guerre ouverte oppose désormais les principaux lieutenants de Paul Biya au Cameroun. Selon des révélations exclusives de Jeune Afrique, une joute oratoire sans précédent a eu lieu le 8 juillet au palais de l'Unité, opposant frontalement René Emmanuel Sadi, porte-parole du gouvernement, et Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence.
D'après les informations exclusives obtenues par Jeune Afrique, cette confrontation s'est déroulée lors d'une réunion convoquée par Ferdinand Ngoh Ngoh pour "remobiliser les caciques du pouvoir" derrière la future candidature de Paul Biya. Pour le secrétaire général de la présidence, cette candidature serait déjà "actée", une position fermement contestée par René Emmanuel Sadi.
Le porte-parole du gouvernement a publiquement remis en cause cette affirmation, estimant que "l'hypothèse n'est pas encore confirmée" tant que le président lui-même n'aura pas pris la parole. Cette divergence révèle des fractures profondes au sein de l'appareil d'État camerounais.
Jeune Afrique révèle également que d'autres figures importantes du régime partagent les réserves de René Emmanuel Sadi. Laurent Esso, ministre de la Justice et poids lourd du gouvernement, s'est rangé du côté des prudents, refusant de valider une candidature non encore officialisée par le principal intéressé.
Cette division au sommet intervient dans un contexte déjà tendu, marqué par les défections récentes d'Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari, deux ministres démissionnaires passés dans l'opposition et qui avaient "volé la vedette" au chef de l'État ces dernières semaines.
Selon les sources de Jeune Afrique, un homme tire les ficelles dans l'ombre : Oswald Baboke, directeur de cabinet adjoint de Paul Biya. Ce dernier aurait pris en main la gestion des réseaux sociaux du président, qui "ont repris de l'activité ces derniers mois" sous sa houlette, préparant le terrain pour une éventuelle annonce de candidature.
Cette situation inédite révèle un pouvoir camerounais en pleine recomposition, où les fidèles d'hier s'affrontent publiquement sur l'interprétation des intentions présidentielles, témoignant d'une perte de contrôle du narratif politique à quelques mois d'une échéance cruciale.