Actualités of Tuesday, 30 December 2025
Source: www.camerounweb.com
Pour convaincre Issa Tchiroma Bakary de rejoindre un gouvernement d'union nationale, Yaoundé a multiplié les canaux de négociation. Mais selon des révélations de Jeune Afrique, cette stratégie s'est transformée en piège pour plusieurs proches de l'opposant, dont certains ont payé le prix fort.
La tentative de dialogue entre le pouvoir camerounais et l'opposant Issa Tchiroma Bakary ressemble de plus en plus à un parcours semé d'embûches. Jeune Afrique lève le voile sur les coulisses d'une négociation qui a coûté cher à plusieurs acteurs politiques, pris entre leur loyauté envers l'opposant et les pressions du régime.
Parmi les épisodes les plus troublants révélés par Jeune Afrique figure le cas de Jean-Calvin Aba'a Oyono. Ce proche allié de Tchiroma Bakary a été contacté par le cabinet civil de la présidence pour servir d'intermédiaire. Un rendez-vous avait même été programmé. Mais à la dernière minute, selon Jeune Afrique, Tchiroma Bakary a demandé à son allié de ne pas s'y rendre.
Quelques jours plus tard, coup de théâtre : le professeur était arrêté. Il n'a été libéré que récemment, après des semaines de détention. Une séquence qui illustre les risques encourus par ceux qui gravitent dans l'orbite de l'opposant. Pour beaucoup d'observateurs, cette arrestation constitue un message clair du pouvoir : toute médiation doit passer par les canaux officiels, sous peine de répression.
Jeune Afrique révèle également que deux autres figures proches de Tchiroma Bakary ont été approchées avec des propositions de postes dans l'appareil d'État. Anicet Ekane, décédé en détention en novembre, et Djeukam Tchameni, toujours incarcéré, se sont vus offrir des fonctions officielles en échange de leur rôle de facilitateurs dans les négociations avec l'opposant.
Les deux hommes ont refusé, selon Jeune Afrique. Le destin tragique d'Ekane et la détention prolongée de Tchameni jettent une lumière crue sur les méthodes utilisées par Yaoundé pour faire pression sur l'entourage de Tchiroma Bakary. Ces cas soulèvent d'ailleurs une vague d'indignation dans la société civile et au sein de la communauté internationale.
Autre révélation de Jeune Afrique : Grégoire Owona, ministre du Travail, a tenté de passer par Jean Moïse Mbog, ancien porte-parole délégué de Tchiroma Bakary. Mais l'initiative a rapidement tourné court. Informé des tractations en cours, l'opposant a purement et simplement écarté Mbog de son cercle restreint.
Cet épisode illustre la méfiance grandissante de Tchiroma Bakary envers certains de ses anciens proches. La multiplication des tentatives d'infiltration et de négociation indirecte a visiblement durci sa position. Comme le souligne Jeune Afrique, plusieurs autres intermédiaires ont été sollicités, notamment Henri Eyebe Ayissi, ministre de l'Agriculture, et un député du RDPC originaire du Mbam. Sans succès.
La dernière tentative en date, selon Jeune Afrique, émane directement du directeur du cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo. Celui-ci aurait cherché à rétablir un canal de discussion via un soutien influent de Tchiroma Bakary. Mais là encore, l'initiative n'a pas abouti.
Ces multiples échecs témoignent d'une impasse politique profonde. Pendant que Yaoundé multiplie les émissaires et les propositions, l'opposant reste retranché derrière une exigence unique et non négociable : la reconnaissance de sa victoire électorale. Entre ces deux positions inconciliables, les intermédiaires paient le prix fort, transformés malgré eux en dommages collatéraux d'une crise qui s'enlise, comme le documente minutieusement Jeune Afrique.