Actualités of Wednesday, 7 May 2025

Source: Le Popoli Express

Les égorgeurs de femmes sont de sortie au Cameroun

Encore une femme tuée. Encore un homme en cavale. Cette fois, c’est Frida Ndodem, vétérinaire et conseillère municipale, qui a été brutalement arrachée à la vie par son compagnon, dans la nuit du 24 avril 2025 à Bétaré-Oya. L’assassin présumé a pris la poudre d’escampette, pendant que les forces de l’ordre tentent tant bien que mal de jouer à cache-cache dans les brousses de l’Est.

Ce drame aurait pu susciter un électrochoc… Sauf qu’il intervient dans un climat judiciaire où le féminicide semble désormais puni avec des gifles ou plus, des caresses. Il y a quelques jours à peine, le juge Medou Dany a rendu un jugement qui ferait rire s’il ne faisait pas pleurer : 52 000 francs CFA d’amende et un sursis pour Bekobe Eric, reconnu coupable du meurtre de sa femme, Diane Yangwo. Oui, 52 000 francs CFA. L’équivalent d’un téléphone chinois d’occasion. Ou d’un petit sac de riz.

À ce rythme, autant officialiser les soldes sur les crimes conjugaux : "Tuez maintenant, payez plus tard." Une justice qui semble offrir un forfait postpayé pour les bourreaux domestiques.

Dans ce pays, le mariage est devenu plus dangereux qu’un poste avancé à la frontière Boko Haram. Beaucoup de femmes vivent sous le même toit que leurs ennemis jurés, qui partagent leur lit le soir et leur cercueil le lendemain. La question devient légitime : la justice camerounaise, par sa mollesse, ne légitime-t-elle pas la violence ? Ne devient-elle pas complice, par omission tarifée ?

Et pendant que le meurtrier de Frida cavale, on s’interroge : pourquoi courir, mon cher ? T’attends juste qu’on t’attrape, tu sors un billet de 52 000, et hop, à la maison. La vie d’une femme, chez nous, vaut désormais moins qu’un permis de conduire.