Actualités of Wednesday, 15 October 2025

Source: www.camerounweb.com

Le paradoxe Tchiroma Bakary - De censeur à contestataire

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Dans une ironie que l'histoire politique camerounaise retiendra, Issa Tchiroma Bakary vit aujourd'hui ce qu'il dénonçait hier. Selon des révélations exclusives de Jeune Afrique publiées ce 15 octobre, l'ancien ministre de la Communication qui qualifiait Maurice Kamto de "hors-la-loi" en 2018 pour avoir revendiqué sa victoire avant les résultats officiels, adopte aujourd'hui la même stratégie qu'il fustigeait il y a sept ans.



Jeune Afrique dévoile un retournement spectaculaire : l'homme qui incarnait la voix du pouvoir face à l'opposition est désormais celui qui défie le système qu'il servait. Dans la nuit du 13 au 14 octobre 2025, Tchiroma Bakary a revendiqué une "victoire écrasante" face à Paul Biya, reprenant mot pour mot la démarche qu'il condamnait lorsqu'il était porte-parole du gouvernement.
Le média panafricain rappelle les propos cinglants de Tchiroma Bakary en octobre 2018, quand il dénonçait "l'usurpation de résultats" par Maurice Kamto. Sept ans plus tard, c'est ce même homme qui annonce qu'il publiera "dans les prochains jours sa propre compilation des résultats de la présidentielle", mettant la pression sur Elecam, la commission électorale.



Cette contradiction apparente cache une réalité plus complexe, révèle Jeune Afrique. Tchiroma Bakary n'est pas un novice en matière d'élections présidentielles contestées. Le magazine précise qu'il a été "acteur de la campagne électorale en 1992", soutenant alors Bello Bouba Maïgari, avant de devenir "porte-parole du gouvernement en 2018".
"Issa Tchiroma Bakary n'ignore rien de ces précédents", souligne l'analyse de Jeune Afrique. Cette connaissance intime des mécanismes de contestation électorale au Cameroun pourrait expliquer sa stratégie actuelle. Contrairement à ses prédécesseurs Fru Ndi et Kamto, Tchiroma Bakary a observé les failles du système de l'intérieur, en tant que membre du gouvernement.



Jeune Afrique met en lumière une question cruciale : Tchiroma Bakary a-t-il appris des échecs de Fru Ndi en 1992 et de Kamto en 2018, ou est-il condamné à répéter leur histoire ? Le média rappelle que les deux précédentes tentatives de contestation avant l'annonce officielle des résultats se sont soldées par des répressions violentes : "plusieurs dizaines de personnes tuées" en 1992, et l'emprisonnement de Kamto pendant "huit mois" en 2019.
Ce qui rend le cas Tchiroma Bakary unique, selon les informations de Jeune Afrique, c'est sa double casquette : ancien défenseur du système et actuel contestataire. Cette position hybride pourrait-elle changer la donne ? Ou l'ancien ministre tombera-t-il dans le même piège que ceux qu'il dénonçait autrefois ?

La tension demeure "palpable au Cameroun", conclut Jeune Afrique, alors que le pays attend les résultats officiels d'Elecam, dans un climat de déjà-vu troublant pour l'ancien porte-parole du gouvernement devenu opposant.