Treize ans après la pose de la première pierre, le chantier du siège de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) à Warda reste l'emblème des turbulences et des espoirs du football national. De Iya Mohamed à Samuel Eto'o, en passant par quatre présidences et un comité de normalisation, ce projet à 2 milliards de FCFA a traversé guerres contractuelles, batailles judiciaires et promesses non tenues. Retour sur une saga qui épouse les soubresauts de la gouvernance footballistique camerounaise.
LE NOUVEAU SIÈGE DE LA FECAFOOT : CHRONIQUE D'UN CHANTIER À PLUSIEURS REBONDISSEMENTS
*Treize ans après la pose de la première pierre, le chantier du siège de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) à Warda reste l'emblème des turbulences et des espoirs du football national. De Iya Mohamed à Samuel Eto'o, en passant par quatre présidences et un comité de normalisation, ce projet à 2 milliards de FCFA a traversé guerres contractuelles, batailles judiciaires et promesses non tenues. Retour sur une saga qui épouse les soubresauts de la gouvernance footballistique camerounaise.*
𝐈. 𝐋𝐄𝐒 𝐏𝐑𝐎𝐌𝐄𝐒𝐒𝐄𝐒 𝐃'𝐔𝐍 𝐍𝐎𝐔𝐕𝐄𝐋 𝐄́𝐋𝐀𝐍 (𝟐𝟎𝟏𝟐 – 𝐈𝐲𝐚 𝐌𝐨𝐡𝐚𝐦𝐞𝐝)
C’est sous la présidence de Iya Mohamed que l’histoire du nouveau siège de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) commence. Le mardi 26 juin 2012, non loin du Palais polyvalent des sports de Warda à Yaoundé, la première pierre d’un immeuble moderne de quatre niveaux est posée.
Le projet, évalué à 2 milliards de francs CFA, devait symboliser la renaissance du football camerounais après des décennies de gloire et de turbulences administratives.
Les fonds provenaient en grande partie des retombées de la participation du Cameroun à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Le délai de livraison avait été fixé à octobre 2013.
L’entreprise GUIMAR Cameroun SA est alors choisie pour la réalisation du chantier, sur la base d’un contrat signé le 24 octobre 2012.
Mais à peine les travaux lancés, le chantier connaît ses premières lenteurs : problèmes techniques, querelles internes à la fédération et procédures administratives lourdes. En mai 2013, les complicités ayant conduit à l'arrestation d’Iya Mohamed mettent brutalement un coup d’arrêt à l’élan initial. Le chantier s’enlise, les engins se taisent, la poussière s’installe.
𝐈𝐈. 𝐋𝐞 𝐂𝐡𝐚𝐧𝐭𝐢𝐞𝐫 𝐝𝐞𝐬 𝐃𝐞́𝐜𝐞𝐩𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 (𝟐𝟎𝟏𝟒 – 𝟐𝟎𝟏𝟕 : 𝐂𝐨𝐦𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐝𝐞 𝐍𝐨𝐫𝐦𝐚𝐥𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐓𝐨𝐦𝐛𝐢 𝐚̀ 𝐑𝐨𝐤𝐨)
À la suite d’Iya Mohamed, la FECAFOOT est placée sous la direction d’un Comité de normalisation dirigé par Pr Joseph Owona (2013-2015).
Ce dernier, bien qu’ayant affiché sa volonté de relancer les travaux, ne parvient pas à surmonter les blocages contractuels avec GUIMAR. Les études géophysiques sont jugées imparfaites, et la qualité du sol suscite des interrogations. Les accusations de malfaçons fusent, tandis que GUIMAR se défend en dénonçant un sabotage orchestré par des concurrents mécontents.
En 2015, l’élection de Tombi à Roko Sidiki à la tête de la FECAFOOT ravive l’espoir. Le nouveau président effectue, le 8 février 2016, une visite de chantier accompagné de plusieurs membres du Comité exécutif.
Constat amer : le gros œuvre n’est réalisé qu’à 90 %, alors que la date butoir du 31 décembre 2015 est déjà dépassée.
Tombi interpelle fermement le directeur général de GUIMAR, Célestin Herman Tsambou, sur le retard et exige un calendrier réaliste. GUIMAR promet de livrer le bâtiment avant août 2016, promesse qui ne sera jamais tenue.
Les raisons avancées sont multiples : contraintes financières, difficultés techniques, demandes d’avenants et désaccords administratifs.
L’espoir d’un siège flambant neuf s’éteint une fois de plus. Le projet, censé redorer l’image du football camerounais, devient un symbole d’immobilisme et de désillusion.
𝐈𝐈𝐈. 𝐋𝐞 𝐁𝐫𝐚𝐬 𝐝𝐞 𝐅𝐞𝐫 𝐉𝐮𝐝𝐢𝐜𝐢𝐚𝐢𝐫𝐞 (𝟐𝟎𝟏𝟖 – 𝟐𝟎𝟐𝟎 : 𝐇𝐚𝐩𝐩𝐢 𝐞𝐭 𝐌𝐛𝐨𝐦𝐛𝐨 𝐍𝐣𝐨𝐲𝐚)
Le Comité de normalisation présidé par Me. Dieudonné Happi (2018-2019) hérite d’un dossier lourd, juridiquement enlisé.
La FECAFOOT, sous la présidence de Seidou Mbombo Njoya dès 2019, engage enfin une bataille judiciaire pour reprendre la main sur le chantier.
Ainsi, Le 13 février 2020, l’avocat de la Fédération, Me Claude Assira Engoute, notifie à GUIMAR la résiliation du contrat de construction, sur la base de la clause résolutoire prévue dans le contrat initial de 2012.
GUIMAR conteste cette décision et saisit la justice. Mais le 2 juillet 2020, la Cour d’appel du Centre tranche en faveur de la FECAFOOT, rejetant la requête de l’entreprise.
Ce verdict met fin à des années de blocage : la FECAFOOT est désormais libre de poursuivre les travaux sans entrave.
Cette victoire judiciaire est saluée comme une délivrance. Le président Seidou Mbombo Njoya annonce alors la relance imminente du chantier, évoquant un projet modernisé et conforme aux ambitions d’une fédération en pleine mutation.
Mais le temps joue contre lui : la pandémie de Covid-19, les tensions internes et les élections fédérales reportent encore la reprise effective.
**𝐈𝐕. 𝐋'𝐄̀𝐫𝐞 𝐒𝐚𝐦𝐮𝐞𝐥 𝐄𝐭𝐨'𝐨 : 𝐋𝐞 𝐃𝐞́𝐟𝐢 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐑𝐞𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 (𝐃𝐞𝐩𝐮𝐢𝐬 𝟐𝟎𝟐𝟏)**
Depuis son élection à la présidence de la FECAFOOT en décembre 2021, Samuel Eto'o Fils a fait du parachèvement du siège fédéral un emblème de son mandat.
Dans son programme, le projet du siège de Warda figure parmi les priorités stratégiques pour sauver sa gestion catastrophique et calamiteuse du Football Camerounais.
Treize ans après la pose de la première pierre, le chantier du siège de la FECAFOOT raconte, à lui seul, l’histoire mouvementée du football camerounais : des promesses non tenues, des luttes de pouvoir, des lenteurs bureaucratiques et une quête incessante de crédibilité.
De Iya Mohamed à Samuel Eto'o Fils, en passant par Tombi à Roko Sidiki et Seidou Mbombo Njoya, chaque président a tenté, à sa manière, de laisser son empreinte sur ce projet devenu presque mythique.
Aujourd’hui, sous l’ère Eto'o, le rêve semble enfin reprendre forme.
QUAND JE LANCE NYANDOM COMME ÇA, SES OUAILLES NE VOIENT PAS...
Shance Lion