Dans une lettre d’une intensité inhabituelle, le 1er novembre 2025, l’archevêque métropolitain de Douala condamne fermement les violences qui ont émaillé le scrutin présidentiel et la période ayant suivi la proclamation des résultats. Exprimant le vœu du changement, le prélat appelle à une prise de conscience collective.
Dans une déclaration rendue publique le 1er novembre 2025, Mgr Samuel Kleda, archevêque métropolitaine de Douala, évoque les manifestations des nombreux citoyens à travers le pays, et la répression violente y relative. Il invite « tous les responsables de notre pays à réfléchir en profondeur sur les conséquences de la situation actuelle ».
« L’élection présidentielle du 12 octobre 2025 s’est présentée pour nous, Camerounais et Camerounaises, comme le « kaïros », le moment favorable pour écrire une nouvelle page de notre histoire : le changement. Nous avons pour une très large majorité, exprimé ce désir, cette volonté, cet- te aspiration profonde de notre cœur et de notre âme, par le choix massif du candidat, du leader que nous avons estimé capable de rassasier cette grande faim et d’étancher cette immense soif du peuple camerounais », relève-t-il.
Non sans souligner que « de nombreux citoyens qui s’attendaient à un avenir meilleur, ont eu la ferme conviction que leur choix n’a pas été respecté ». Le prélat exprime le vœu du changement, et regrette que les « manifestations à caractère pacifique » des mécontents aient connu « de graves dérives à travers des actes de vandalisme, de pillage, de vol, aux conséquences graves sur la vie matérielle et économique de beaucoup de personnes innocentes ». Mais déplore aussi, la destruction de biens publics et les violences verbales et physiques et autres intimidations.
L’archevêque métropolitain de Douala qualifie cela de « déplorable et condamnable ». La démocratie et les coups de canons D’après le prélat, « le Cameroun ne devrait pas être une terre d’affrontements entre le pouvoir et le peuple après chaque élection présidentielle ». Il fait sans doute allusion aux élections de 1992 qui ont enregistré des morts dans des affrontements liées à la revendication des partisans de Ni John Fru Ndi du Sdf et ceux de 2018 qui ont vu les « marches blanches » de Maurice Kamto du MRC, aboutir à des arrestations et emprisonnements. Il accuse directement le régime de « faire taire par la peur », dénonçant « un gouvernement qui confond autorité et brutalité ».
Mgr Kleda soutient que « La démocratie ne s’accommode pas de coups de canons, des menaces, des arrestations arbitraires et des intimidations des citoyens qui ont une pensée contraire » ; et « on n’organise pas une élection pour tuer les concitoyens ; on ne gouverne pas un peuple par les armes ». L’archevêque fait savoir que, « aucun gouvernement au monde ne peut gouverner sans le peuple, il gouverne pour le peuple, et il a pour devoir de l’aimer et de répondre à ses aspirations légitimes et profondes, comme le recommande l’apôtre Paul : « soyez les pasteurs du trou- peau de Dieu qui se trouve chez vous ; veillez sur lui, non par contrainte mais de plein gré, selon Dieu ; non par cupidité mais par dévotion ; non pas en commandant en maîtres à ceux qui vous sont confiés, mais en devenant les modèles des troupeaux qui vous sont confiés ».
Dans la foulée, l’homme d’église convie la nation à « se pencher sérieusement sur les origines profondes de ce malaise ». Avec des mots durs et un ton quasi prophétique, il estime que la colère populaire s’enracine dans les crises sociales et économiques qui minent le pays. Il conclut que « l’apaisement et la préservation de la paix passent par une prise de conscience collective des maux qui engendrent la souffrance et la misère des Camerounais et la fer- me volonté d’y apporter des solutions appropriées ».









