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Actualités of Thursday, 16 July 2015

Source: RFI

Le lac Tchad a souvent été utilisé par des groupes rebelles pour se réfugier

Zoom aujourd'hui sur le lac Tchad. Autour de cette immense étendue d'eau, à cheval sur quatre pays - Cameroun, Niger, Nigeria et Tchad -, vivent deux millions de personnes.

Le lac est riche en poisson et offre aussi, en période de décrue, d'immenses zones de culture. Mais il s'est asséché depuis les années 1950. Enfin, avec ses îles, le lac Tchad sert de refuge à certains combattants de Boko Haram, qui ont multiplié ces derniers mois les attaques dans la région.

Quel avenir pour le lac et ses riverains ? Géraud Magrin, professeur de géographie à l'université Paris 1, répond à Marie-Pierre Olphand. Il est l'un des coordinateurs de l'Atlas du lac Tchad, ouvrage collectif élaboré par 46 scientifiques européens et africains aux éditions Passages.

« Si on considère l’actualité immédiate, il y a eu des combats sur le lac Tchad. Il y a des villages, et notamment un des grands villages de pêche des rives nigérianes, le village de Bagakawa, qui a été attaqué, incendié par Boko Haram avec des milliers de morts. Donc, il y a eu des activités de guerre sur le lac Tchad. Ce qui est important de comprendre, c'est que le lac Tchad est devenu une zone de guerre, mais que ce n’est pas l’épicentre du phénomène Boko Haram. Ce phénomène Boko Haram est né ailleurs, au Borno, principalement à Maiduguri, et s’est diffusé dans d’autres régions du Borno, cet Etat du nord-est du Nigeria. Le lac Tchad, finalement, a été gagné par cette insécurité dans une étape ultérieure.

Ce qui est important de savoir aussi, c’est que le lac Tchad a, sur le temps long, été un espace qui a souvent été utilisé par des groupes rebelles pour se réfugier, puisque c’est un espace avec un milieu physique très particulier où l'on peut aisément se camoufler. Il y a de nombreuses îles, des zones de marécages. Dans l’histoire longue, ça été un milieu de repli pour des populations qui refusaient d’être soumises à des royaumes environnant, et ces populations pratiquaient des razzias sur leurs rives, ce qui fait que les rives du lac Tchad, jusqu’au XIXe siècle, étaient un espace de forte insécurité. »