Actualités of Tuesday, 6 May 2025
Source: www.camerounweb.com
Dans une motion datée du 28 avril 2025 dont Camerounweb.com a obtenu copie, le Conseil de l'Ordre des avocats au barreau de Nantes (France) appelle les autorités camerounaises à "suspendre leur activité judiciaire pendant trois jours" en réaction aux violences subies par des avocats camerounais. Cette prise de position inhabituelle d'un barreau étranger a rapidement provoqué des réactions contrastées au sein de la communauté juridique nationale et sur les réseaux sociaux.
Le document consulté par notre rédaction fait état de la "stupeur" et de la "désapprobation" du barreau nantais face à "des actes inacceptables portant atteinte à l'intégrité physique et à la dignité" des avocats au Cameroun. La motion précise que ces violences auraient été perpétrées par "des membres des forces de l'ordre camerounaises".
Cette déclaration fait suite au communiqué du 5 mars 2025 émis par le Bâtonnier de l'Ordre des avocats du Barreau du Cameroun et relayé par la Conférence Internationale des Barreaux (CIB), dénonçant des cas de violences physiques et de traitements humiliants envers des membres du barreau camerounais.
Au-delà de la demande de suspension temporaire des activités judiciaires, le Conseil de l'Ordre des avocats de Nantes "appelle le Conseil de l'Ordre du Barreau du Cameroun à engager des poursuites judiciaires afin que les auteurs puissent répondre de leurs actes".
La motion rappelle également les Principes de base relatifs au rôle du barreau adoptés par les Nations Unies en 1990, qui prévoient l'obligation pour les autorités publiques de garantir aux avocats l'exercice de leur profession "sans entrave, intimidation, harcèlement ni ingérence indue".
Cette intervention du barreau nantais dans les affaires judiciaires camerounaises a suscité diverses réactions dans le pays. Plusieurs internautes et juristes camerounais ont remis en question la légitimité d'une telle démarche.
"Les avocats camerounais sont-ils subordonnés au barreau de France ? Et particulièrement celui de Nantes ? Le barreau d'une ville qui en appelle au barreau d'un pays ?", s'est interrogé un internaute sur les réseaux sociaux. Un autre a questionné : "Le contraire serait-il possible ?", soulignant ainsi l'asymétrie perçue dans ces relations entre barreaux occidentaux et africains.
Cette motion s'inscrit dans un contexte de tensions récurrentes entre les forces de l'ordre et les avocats au Cameroun. L'arrestation musclée de Me Richard Tamfu à Douala en novembre 2024, mentionnée dans les sources consultées par notre rédaction, illustre ces frictions qui persistent depuis plusieurs années.
Le Bâtonnier du Cameroun n'a pas encore réagi officiellement à cette motion du barreau de Nantes. Camerounweb.com continuera de suivre cette affaire et vous tiendra informés des développements à venir.