Un document interne révèle les manœuvres du Mouvement Démocratique pour la Défense de la République (MDR) pour organiser une réunion secrète dans le département du Mayo-Kani, en vue d'installer une nouvelle direction du parti. Une initiative qui s'inscrit dans le contexte troublé de la présidentielle 2025.
Un document confidentiel daté du 8 août 2025, signé par le sénateur Me Djorwe Paulin se présentant comme "Président National du MDR", révèle l'organisation d'une réunion clandestine prévue le dimanche 10 août 2025 à Kaélé, dans le département du Mayo-Kani. Cette convocation, adressée au Préfet du département, dévoile une tentative de restructuration parallèle du parti en pleine période électorale.


Le document, portant l'en-tête officiel du Mouvement Démocratique pour la Défense de la République, informe de "manipulations des militants dans les arrondissements de Porhi, Taibong et Moulvoudaye" orchestrées par "des éléments dont le fil se trouve être le maire de la commune de Porhi". Selon cette correspondance, ces militants auraient "projeté clandestinement une soi-disant convention du Parti dans un domicile privé à Kaélé le dimanche 10 août 2025".
Cette révélation intervient dans un contexte particulièrement sensible, alors que le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi avait annulé, le 17 décembre 2023, la désignation de Tigana Tassi Daissala comme Président National du Parti, confirmant "ipso facto" le sénateur Me Djorwe Paulin dans ses fonctions.

Le document met en lumière une crise de leadership au sein du MDR, avec d'un côté Me Djorwe Paulin revendiquant la présidence nationale du parti, et de l'autre, des militants menés par le maire de Porhi et Tigana Tassi Daissala qui continuent de contester cette autorité. Cette division interne reflète les tensions récurrentes qui minent les partis politiques camerounais, particulièrement en période pré-électorale.
Le président autoproclamé dénonce par ailleurs une "implication dynamique" de ses opposants internes dans la réélection de Paul Biya, suggérant des manœuvres de sabotage de la campagne électorale du parti.

Face à cette situation, le MDR annonce avoir élaboré "un plan d'action en vue d'accompagner l'équipe du Président Candidat à sa réélection". Le comité central du parti, réuni à Maroua le 6 août 2025, aurait défini des "énergies positives" pour contrer les initiatives qu'il juge déstabilisatrices.
Dans sa correspondance, Me Djorwe Paulin met en garde les autorités administratives contre toute tentative de "dissidence après la décision de justice rendue par le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi", tout en soulignant que cette dissidence pourrait compromettre "les efforts déjà fournis actuellement pour sa réélection".

Cette crise interne au MDR survient à un moment crucial de la campagne présidentielle de 2025. Alors que l'opposition peine à s'unir face à Paul Biya, les divisions internes des partis politiques, y compris ceux soutenant le président sortant, révèlent la fragilité de l'écosystème politique camerounais.
Le document se termine par un appel à la "compréhension et collaboration habituelles" des autorités administratives, témoignant de la volonté du MDR de s'appuyer sur l'administration pour légitimer sa position dans ce conflit interne.

Cette affaire illustre une fois de plus les défis de gouvernance interne auxquels font face les formations politiques camerounaises, dans un contexte où la cohésion partisane constitue un enjeu majeur pour la crédibilité des acteurs politiques.