Actualités of Tuesday, 16 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Le Cameroun, un "coup d’État" contre la famille Biya ? nouvelles révélations explosives

Une vidéo virale, un discours tonitruant, et une question lancinante : le Cameroun appartient-il à une famille ? Evrard Eyinga Meba, neveu du président Paul Biya, a créé la polémique en menaçant de quitter le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) si sa sœur n’était pas élue présidente du conseil régional du Sud. Ses propos, diffusés sur les réseaux sociaux, révèlent une vision patrimoniale du pouvoir et des institutions, où le mérite cède la place à l’héritage familial.




Dans une tirade aussi théâtrale que révélatrice, Evrard Eyinga Meba s’est présenté comme le "fils de Cathy Meba", sœur du président, et a rappelé à ses compatriotes qu’ils "doivent tout à la famille Biya". "On vous a tout donné !", a-t-il lancé, comme si les postes, les biens et même les réussites scolaires des Camerounais étaient des largesses octroyées par une dynastie. Une rhétorique qui réduit le pays à une chose familiale, où les institutions ne seraient que des biens à transmettre entre héritiers.
Extrait marquant :

« Nous, on vous a tout donné ! Vous ne pouvez pas refuser cela à la famille ! »


Pour Evrard Eyinga Meba, le refus d’élire sa sœur équivaudrait à un "coup d’État". Une déclaration qui résonne comme un aveu : le Cameroun ne serait pas une république, mais une monarchie déguisée, où le "droit du sang" primerait sur la démocratie. "L’État, c’est nous !", semble-t-il clamer, reprenant à son compte la logique patrimoniale qui a souvent caractérisé les régimes autoritaires africains.

Cette vision n’est pas sans rappeler les critiques récurrentes contre le système Biya, accusé de confondre bien public et propriété privée. Les observateurs y voient une illustration criante de la capture des institutions par une élite, où les postes clés sont distribués comme des fiefs familiaux.


Derrière les menaces et les invectives, certains analystes perçoivent un aveu de faiblesse. Si Evrard Eyinga Meba doit recourir à une vidéo Facebook pour faire valoir les "droits" de sa famille, c’est peut-être parce que le pouvoir réel lui échappe. "Paul Biya ne maîtrise plus rien", suggère Moussa Njoya dans sa lettre, évoquant un président devenu otage de ses propres "créatures", qui n’hésitent plus à défier l’autorité familiale.
Cette sortie médiatique sonne comme un cri de détresse : la famille Biya, jadis toute-puissante, serait-elle en train de perdre son emprise sur un système qu’elle a façonné à son image ?


La polémique dépasse le cas du Sud. Elle interroge le modèle de gouvernance du Cameroun, où l’unitarisme et le clientélisme ont étouffé les aspirations fédérales. Comme le souligne Moussa Njoya :

« Tous détestent le fédéralisme communautaire et régional, car ils bénéficient des privilèges du libéralisme communautaire. »

En d’autres termes, les élites — qu’elles soient du RDPC ou de l’opposition — ont trop à perdre dans un système décentralisé. Les marchés publics, les postes juteux, les passe-droits… Tout repose sur un équilibre précaire, où la redistribution des richesses se fait selon des logiques claniques, et non selon le mérite ou les besoins des régions.


La question est posée : qui a peur du fédéralisme ? Ceux qui, comme Evrard Eyinga Meba, considèrent le Cameroun comme une propriété privée à gérer entre initiés. Ceux qui, dans l’opposition comme au pouvoir, tirent profit d’un système où l’État est une vache à lait, et où les régions sont des fiefs à piller.

Pour les Camerounais ordinaires, en revanche, le fédéralisme pourrait signifier plus de transparence, moins de corruption, et une vraie redistribution des richesses. Mais pour les "héritiers" du système, c’est une menace existentielle.


La sortie d’Evrard Eyinga Meba est un symptôme. Celui d’un système à bout de souffle, où le clientélisme et le népotisme ont remplacé la gouvernance. Elle révèle aussi une crise de légitimité : quand un neveu de président doit supplier pour un poste, c’est que l’autorité familiale n’est plus ce qu’elle était.
Reste une question : le Cameroun appartient-il à une famille, ou à ses citoyens ? La réponse déterminera l’avenir du pays.