Actualités of Wednesday, 3 September 2025

Source: www.camerounweb.com

La vie d’Edouard Kingué racontée par son frère d’armes

Hommage rendu Hommage rendu

Hommage à la plume d'or Edouard Kingué. L'adieu d'un frère d'armes : Chef Aby Donfack !

La nouvelle du décès d’Edouard Kingué, affectueusement connu sous le nom d’Edking, m’a frappé de plein fouet. Le chagrin est immense, mais il est mêlé de la gratitude d’avoir partagé avec lui une partie de ma vie. Plus qu’un confrère, il était un ami fidèle, un frère d'armes, avec qui j'ai tissé des liens indéfectibles, forgés dans les coulisses des rédactions camerounaises.

C’est naturellement avec une profonde tristesse que je m’exprime aujourd’hui, pour rendre hommage à un homme exceptionnel, un ami cher, et une figure emblématique du journalisme camerounais. Mon cœur est lourd de chagrin, alors que je me remémore nos années passées ensemble, des souvenirs tissés d’amitié, de passion et d’engagement envers notre métier.

Nous nous sommes rencontrés en 1987 au sein de l’équipe rédactionnelle du journal « La Gazette » d’Abodel Karimou, rue Castelnau à Akwa-Douala, alors que je revenais fraîchement d’Europe pour mes études, prêt à embrasser ma carrière journalistique dans mon pays natal. Edking était déjà là, brillant et inspirant, prêt à accueillir un nouvel arrivant dans ce monde fascinant de l’écriture. Ensemble, nous avons quitté « La Gazette » pour rejoindre Samuel Zang Desjoies, Bounougou Fouda, Zacharie Nkuoh, Martin-Marie Nsoé, Jean-Marie Aboganena et d’autres camarades au sein du journal « Le Combattant ». Cette aventure commune a été marquée par des moments de créativité intense et de camaraderie, contribuant à faire les beaux jours de ce groupe de presse emblématique, jusqu’en 1990.

Lorsque j’ai décidé de quitter le groupe pour aller créer le journal « Challenge Hebdo », avec mon frère Benjamin Zebaze, Edking ne m’a pas suivi dans cette aventure et a plutôt choisi de tracer son propre chemin, en lançant le journal « La Vision », en 1992. Un acte qu’il regrettera amèrement par la suite. Bien que nos routes se soient séparées, notre amitié n’a pris aucune ride. Loin de nous éloigner, cette émancipation a d’ailleurs renforcé notre respect mutuel. Il a été présent lors de mon intronisation, en tant que chef traditionnel, le 6 novembre 1998, et a rédigé, par la suite, un article chaleureux et élogieux sur ma chefferie et mon village Menouet. Toute chose qui témoignait de son grand cœur et de son talent inégalable.

Bien plus tard, quand je prends les responsabilités de directeur de la communication de ma défunte tante Françoise Foning et de la Mairie de Douala 5, Edking accepte de me rejoindre dans mon projet du journal de cette ville : « Echos de Douala 5 ». Il y était mon conseiller à la rédaction et éditorialiste. Nous cheminions avec une équipe composée de Ponus, le défunt Nicolas Téjoumessié, Sen’kwe Modo, Foko Fernand…

Nos chemins se sont encore croisés après mon premier AVC, le 13 septembre 2007. À mon retour d'évacuation sanitaire en France, il m’a fait l’honneur d’un article sur moi et ma santé, publié au journal Aurore Plus de notre ami commun Michel Michaud Moussala, confirmant, une fois de plus, sa générosité et son soutien indéfectible. Malheureusement, la vie nous a éloignés physiquement depuis décembre 2012. Mes problèmes de santé m’ont imposé une autre évacuation en France, où je suis désormais installé jusqu’à ce jour, pour bénéficier les soins idoines. Néanmoins, notre lien est resté fort grâce aux échanges réguliers sur WhatsApp. Nos problèmes de santé et la distance ont rendu les rencontres plus rares, mais notre lien n'a jamais faibli, puisque nous échangions régulièrement sur les réseaux sociaux.

Notre dernière conversation remonte au 5 juin dernier, où nous discutions de la politique camerounaise, mais surtout des préoccupations concernant sa santé de plus en plus fragile. Nous nous étions donné rendez-vous en décembre, à mon prochain séjour au Cameroun. Il devait venir me voir à Menouet, pour un reportage sur mon village, avec ses projets de pisciculture Biofishcam et la Brasserie royale (BRC), qui brasse la bière Bao Black, au quartier Tchwalé à Dschang. Hélas, ce rendez-vous n'aura jamais lieu.

Aujourd'hui, alors que je m'incline devant sa mémoire, je ressens une immense perte. La disparition d’Edking laisse un vide incommensurable dans le paysage médiatique camerounais. Il ne reste plus, de notre groupe de confrères et amis des années 80 ou de 70, pour mes ainés, que Camille Nellè et moi. Et je suis triste de constater que nous sommes désormais trop peu nombreux à porter l’héritage de cette époque dorée du journalisme.

Edking, tu es parti bien trop tôt. Ta vie rappelle à chacun d'entre nous la fragilité de notre existence ici-bas. Je suis très heureux et reconnaissant d'avoir partagé avec toi une partie de ta vie. Toi qui avais l'art de cultiver l'amitié et la bonne humeur. Tu avais ce don singulier de cultiver l’amitié et la bonne humeur, rendant chaque moment passé ensemble joyeux et mémorable. Comment oublier ces instants précieux qui font désormais partie intégrante de moi ? Tu étais un ami fidèle, généreux et unique, et je continuerai à te chérir jusqu’à la fin de mes jours.

À ta famille et à tous ceux qui t’ont aimé, je présente mes condoléances les plus sincères, accompagnées des pensées affectueuses de mon village Menouet et de ma chefferie. Repose en paix, cher Edking ! Ta plume d’or continuera à briller dans nos cœurs et nos mémoires.