Actualités of Friday, 28 November 2025
Source: www.camerounweb.com
Mercenaires, clans rivaux et ingérence française : pourquoi la transition camerounaise menace la stabilité de l'Afrique centrale.
Où est Paul Biya ? La question, devenue un mantra national, cache une réalité bien plus anxiogène : la bataille pour lui succéder a déjà commencé, et elle se joue avec une brutalité qui n'épargnera pas le pays.
L'enquête de Thomas Dietrich lève un coin du voile sur les forces en présence. D'un côté, les prétendants « légitimes » : le secrétaire général de la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh, le directeur de cabinet Samuel Mvondo Ayolo, le fils Franck Biya ou le ministre des Finances Louis-Paul Motazé. De l'autre, des acteurs plus violents : le Bataillon d’intervention rapide (BIR), garde prétorienne du régime, et des opposants déterminés comme Maurice Kamto.
Mais la révélation la plus explosive est l'implication de mercenaires étrangers, preuve que certains acteurs estiment ne pas pouvoir l'emporter par les seules voies internes. « L'infiltration de ces combattants montre que la crise de succession dépasse largement les frontières du Cameroun », décrypte le Dr. Ariane Kone, chercheuse spécialiste de l'Afrique centrale. « C'est un appel d'air pour tous les prédateurs régionaux et internationaux. La Centrafrique et le Tchad voisins sont directement concernés, mais aussi des puissances extra-africaines. »
L'ombre de la France, à travers la figure de Roger Sebbagh, est particulièrement inquiétante. Elle rappelle que Paris, malgré son discours de renouveau, entretient toujours des réseaux opaques prêts à instrumentaliser les crises pour préserver ses intérêts – qu'il s'agisse du pétrole, du cacao ou de l'influence stratégique en zone CFA.
Pour le citoyen camerounais, cette situation se traduit par une « double terreur », selon les termes de Dietrich : la peur du régime actuel et l'angoisse d'un lendemain encore plus sanglant. La communauté internationale, souvent silencieuse sur les dérives du régime Biya, ne pourra plus longtemps ignorer que le Cameroun, pilier de la région, est au bord du gouffre. Son implosion aurait des conséquences catastrophiques bien au-delà de ses frontières.