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Actualités of Tuesday, 14 December 2021

Source: www.bbc.com

La technologie au service du transport de marchandises en Afrique

Benson Ndumu Mwangi est chauffeur routier depuis dix ans Benson Ndumu Mwangi est chauffeur routier depuis dix ans

Benson Ndumu Mwangi est chauffeur routier depuis dix ans, il navigue sur les routes du Kenya et de l'Afrique de l'Est.

C'est un métier qui peut être difficile : "Le camionnage au Kenya est un défi, certaines routes sont très difficiles à manœuvrer, ce qui entraîne des problèmes mécaniques et des retards.

"Dans certaines régions, le risque de vol est élevé et nous devons donc être très prudents", explique-t-il.

M. Mwangi et d'autres personnes travaillant dans le secteur de la logistique espèrent qu'une nouvelle zone de libre-échange africaine favorisera les améliorations.

L'accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA) est dans sa première année de fonctionnement. Signé en 2018, l'accord inclut 54 pays africains.

L'objectif est de stimuler le commerce en créant un marché continental unique pour les biens et les services, et de permettre la libre circulation des personnes à des fins professionnelles.

À partir de 2020, il était question que les droits de douane sur 90 % des produits soient éliminés en cinq ans, d'autres réductions étant prévues.

La Banque mondiale estime que cette initiative permettra d'augmenter les exportations des pays africains de 81 % d'ici à 2035.

L'accord a certainement stimulé les investissements dans les entreprises technologiques qui promettent de faciliter le flux des échanges commerciaux en Afrique.

Amitruck gère un service en ligne qui met en relation les vendeurs de marchandises avec les entreprises de transport routier du continent, qui sont très fragmentées. La start-up travaille actuellement avec plus de 6 000 camionneurs.

Les clients entrent les détails de leurs besoins de livraison via une application. Des devis sont alors proposés directement par les camionneurs, ce qui permet d'éviter les intermédiaires coûteux auxquels on a généralement recours.

Les chauffeurs sont contrôlés, les marchandises sont assurées et des véhicules de remplacement sont disponibles pour éviter que les livraisons ne soient retardées par des problèmes mécaniques.

Mark Mwangi, fondateur et directeur général d'Amitruck, considère que l'amélioration de la logistique est un facteur clé du développement de l'Afrique.

"L'innovation et la création de produits abordables pour le marché africain par des entreprises locales seront probablement ce qui sortira l'Afrique de la pauvreté", déclare M. Mwangi.

"Mais, pour pouvoir commercer entre les pays africains, les entreprises devront développer des chaînes d'approvisionnement africaines."

D'autres entreprises proposent des options de transport maritime et aérien. Traditionnellement, le transport de marchandises par voie aérienne ou maritime implique des bureaux de réservation, des agents en douane et le remplissage de formulaires.

L'entreprise nigériane MVX tente de changer cela en simplifiant le processus de réservation et en proposant un suivi en temps réel des envois.

Auparavant, un expéditeur devait trouver et réserver ses propres inspections de marchandises, faire appel à un agent d'exportation, trouver des conteneurs et des espaces d'expédition, organiser le dédouanement, etc.

MVX prend désormais tout cela en charge en ligne et, avec des entreprises partenaires, organise l'ensemble du processus d'expédition pour les clients.

"Un accord commercial positif n'est rien sans un système logistique efficace", déclare Tonye Membere-Otaji, fondateur et directeur général de MVX.

"C'est un domaine important où le continent fait encore défaut", ajoute-t-il. Alors qu'elle est le deuxième continent le plus peuplé et qu'elle abrite environ 17 % de la population mondiale, l'Afrique ne représente que 2 % du commerce mondial.

Or, pour améliorer cette situation, il faudra plus que des plateformes technologiques intelligentes.

L'Afrique est connue pour la médiocrité de ses infrastructures, ce qui rend le commerce transfrontalier presque impossible pour certaines entreprises locales.

Beaucoup pensent que l'accord AfCFTA échouera, sans de meilleurs moyens pour les entreprises de faire circuler leurs marchandises.

"À l'avenir, les progrès seront portés par les secteurs public et privé", déclare Miishe Addy, cofondateur et directeur général de la plateforme ghanéenne de chaîne d'approvisionnement aérienne et maritime Jetstream Africa.

"La bonne nouvelle, c'est que les gouvernements du continent réalisent déjà des investissements massifs dans les infrastructures physiques qui sont essentiels à ces progrès."

Par exemple, au Ghana, des travaux sont en cours pour une expansion de 1,5 milliard de dollars du principal port de marchandises du pays, Tema.

L'investissement public-privé augmentera la capacité du port et lui permettra de traiter certains des plus gros cargos du monde.

Parallèlement, pour décongestionner la frontière entre le Botswana et la Zambie, un nouveau pont sur le fleuve Zambèze a été inauguré cette année 2021.

En plus des nouvelles infrastructures, il faut faire davantage pour réduire les formalités administratives.

Les restrictions sur les importations et les exportations, ainsi que les droits et taxes qui y sont associés, mériteraient d'être révisés afin de soutenir les industries et la production locales.~

Le Nigeria doit faciliter et mettre en œuvre des politiques "qui permettent aux entrepreneurs africains d'accéder facilement aux capitaux, et créer des réglementations qui rendent le commerce et les affaires en Afrique faciles et rentables", déclare M. Membere-Otaji.

"De manière générale, le gouvernement doit rendre l'environnement propice à la prospérité des entreprises."

Pour le chauffeur routier Benson Mwangi, les améliorations ne peuvent pas venir assez vite.

"Lorsque vous arrivez aux frontières, il y a de longues files d'attente et des problèmes de migration. Parfois, vous pouvez être bloqué à la frontière pendant un jour ou plus", dit-il.