Actualités of Thursday, 30 October 2025

Source: www.camerounweb.com

La phase 3 du plan est lancé: Issa Tchiroma en route vers Etoudi, graves menaces sur Paul Biya retranché dans sa chambre

Issa Tchiroma Bakary Issa Tchiroma Bakary

Le candidat malheureux compare la situation au Cameroun à la crise post-électorale de 2010 en Côte d'Ivoire et promet de "tenir des comptes"
Yaoundé, le 30 octobre 2025 – Dans une déclaration incendiaire publiée sur ses réseaux sociaux mercredi soir, Issa Tchiroma Bakary, arrivé officiellement deuxième à la présidentielle camerounaise avec 35,19% des voix, a comparé la situation actuelle du pays à la crise post-électorale ivoirienne de 2010 et menacé de passer à une "phase 3" de contestation.



"En 2010, chez nos voisins, le Conseil constitutionnel avait proclamé le président sortant vainqueur et celui-ci avait même prêté serment. Mais le Conseil constitutionnel était alors considéré comme partisan et inféodé au pouvoir. Nous nous trouvons aujourd'hui dans une situation similaire", écrit Issa Tchiroma dans son message bilingue français-anglais.


Cette référence à la Côte d'Ivoire est loin d'être anodine. En 2010, le Conseil constitutionnel ivoirien avait proclamé Laurent Gbagbo vainqueur face à Alassane Ouattara, déclenchant une grave crise politique qui s'était soldée par près de 3 000 morts et l'arrestation de Gbagbo par les forces françaises et onusiennes en avril 2011. La communauté internationale avait finalement reconnu Ouattara comme le véritable vainqueur du scrutin.


En établissant ce parallèle, Tchiroma suggère que la proclamation de la victoire de Paul Biya par les institutions camerounaises pourrait être contestée et renversée, comme ce fut le cas en Côte d'Ivoire.

Le ton du candidat de l'opposition se durcit considérablement dans la suite de son message : "Qu'ils se réjouissent, qu'ils dansent — cela ne fait que commencer : la troisième étape commence bientôt. Vous avez Tchiroma en face de vous ; votre impunité touche à sa fin."


Cette "phase 3" annoncée avec le hashtag #phase3inAction laisse planer le mystère sur les intentions du candidat malheureux. S'agit-il d'une mobilisation accrue de ses partisans ? D'un recours à des instances internationales ? D'une stratégie judiciaire ? Tchiroma ne précise pas sa stratégie, se contentant de promettre que "cela ne fait que commencer".

Le candidat de l'opposition accuse directement le régime de Paul Biya d'avoir "fait couler le sang du peuple", une référence évidente aux violences post-électorales qui ont fait plusieurs morts selon différentes sources, dont au moins quatre à Douala et deux à Garoua.

"Faire couler le sang du peuple fut une grave erreur", martèle Tchiroma, qui affirme avoir tendu "une main pour une sortie honorable" au président sortant. Cette déclaration suggère que des négociations auraient pu avoir lieu en coulisses avant ou après l'élection, et que le camp Biya aurait refusé toute forme de compromis.


Le message se termine par une menace claire : "Vous auriez pu accepter ma main tendue pour une sortie honorable ; vous devrez désormais rendre des comptes."
Cette promesse de "rendre des comptes" peut s'interpréter de plusieurs manières : poursuites judiciaires devant des juridictions internationales, tribunaux populaires, ou simple métaphore politique pour évoquer un futur changement de régime. Dans tous les cas, Tchiroma se positionne comme celui qui mettra fin à "l'impunité" du régime Biya.


Cette déclaration intervient alors que le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a annoncé mardi qu'Issa Tchiroma Bakary devrait "répondre devant les juridictions compétentes" pour son rôle présumé dans les violences post-électorales. Le candidat de l'opposition semble répondre à cette menace par une contre-offensive médiatique et une escalade rhétorique.
Le parallèle avec la Côte d'Ivoire de 2010 est particulièrement audacieux et pourrait être perçu comme un appel implicite à l'intervention de la communauté internationale, qui avait joué un rôle décisif dans le dénouement de la crise ivoirienne.


En adoptant une posture aussi offensive et en évoquant explicitement le précédent ivoirien, Issa Tchiroma prend le risque d'envenimer une situation déjà explosive. Depuis l'annonce des résultats, des manifestations sporadiques ont éclaté dans plusieurs villes du pays, faisant plusieurs morts et conduisant à 200 arrestations à Douala selon les autorités.


Le pays se trouve dans un "calme précaire", avec un déploiement massif de forces de sécurité dans les principales villes. Les écoles restent fermées et les activités économiques tournent au ralenti dans plusieurs régions.


Cette déclaration de Tchiroma devrait susciter des réactions tant au niveau national qu'international. Les autorités camerounaises pourraient y voir une provocation justifiant de nouvelles poursuites judiciaires contre le candidat de l'opposition. La communauté internationale, notamment l'Union africaine et l'Union européenne qui ont déjà exprimé leurs préoccupations sur les violences, pourrait être appelée à se prononcer sur cette escalade verbale.
Le président de la Commission de l'Union africaine, Mahamoud Ali Youssouf, qui a félicité Paul Biya tout en se déclarant "vivement préoccupé par les violences", pourrait être mis sous pression pour clarifier la position de l'organisation panafricaine face à cette crise qui prend une tournure de plus en plus inquiétante.


Avec cette déclaration, Issa Tchiroma franchit un nouveau cap dans la contestation des résultats électoraux. En se référant explicitement à un précédent qui s'était soldé par des milliers de morts et une intervention militaire étrangère, il envoie un signal fort : il n'acceptera pas le verdict des urnes tel que proclamé par le Conseil constitutionnel camerounais.

Reste à savoir quelle forme prendra cette mystérieuse "phase 3" annoncée, et si le Cameroun s'achemine vers une crise politique durable susceptible de déstabiliser l'un des pays les plus importants d'Afrique centrale.


Pour l'heure, à Garoua, fief de Tchiroma, environ 150 jeunes continuent de monter la garde devant le domicile de leur champion, tandis que les forces de sécurité maintiennent un dispositif renforcé dans tout le pays. Le bras de fer entre le pouvoir et l'opposition ne fait, semble-t-il, que commencer.