Le citoyen Mohamadou Harissou a écrit une lettre à la jeunesse camerounaise. « Réveille-toi, l’heure est grave », lui dit-elle.

Jeune du Cameroun, regarde-toi dans un miroir. Tu as tout : l’intelligence, le courage, la créativité, les rêves. Mais tu vis dans un pays qui t’étouffe, qui te méprise, qui t’a mis à genoux. Tu as fait des études, tu as des diplômes et pourtant, tu traînes. Pas parce que tu es paresseux. Mais parce qu’un système vieux, corrompu et sans pitié a verrouillé toutes les portes.

Aujourd’hui, pour avoir un emploi, il faut « connaître quelqu’un ». Pour réussir un concours, il faut payer. Pour espérer, il faut mentir. Les jeunes qui réussissent à se faufiler sont réduits à faires des petites tâches parce que les vrais postes sont occupés soit par des vieux qui refusent d'aller à la retraite soit par les enfants des grands.

Pendant ce temps, ceux qui dirigent t’utilisent comme une figurine. Ils viennent te chercher à la dernière minute avec 2 000 francs pour applaudir, crier, danser… pendant qu’eux remplissent leurs comptes en banque et envoient leurs enfants à l’étranger. Voilà ce que tu vaux pour eux : un applaudissement à bas prix.

On t'a affamé pour exploiter ta souffrance. Et ils utilisent cette souffrance pour se maintenir au pouvoir. Tu galères. Tu rêves d’un boulot, d’un petit logement, d’un avenir simple. Mais tu es bloqué. Alors on te dit d’aller « faire la moto ». On te dit de « cultiver la terre », sans outils, sans terres, sans moyens. On t’appelle « avenir de la nation », mais on t’empêche d’avancer.

Et pendant que tu souffres, on te raconte que « les mototaximen soutiennent Paul Biya à 100 % ». Tu veux rire ou pleurer ? Ils t’utilisent, te manipulent, te jettent des miettes… et espèrent que tu restes tranquille. Aujourd’hui, ils disent même que tu as cotisé pour payer la caution du chef de l'État. Tu as bien lu : toi, sans boulot, sans sécurité, sans avenir, tu as quand même trouvé 40 millions pour que quelqu’un de 92 ou 93 ans continue à te bloquer. C'est une grosse moquerie. Alors que nous savons comment cet argent a été réuni.

Tous ceux qui étaient dans cette salle pour remettre cet argent n'ont rien à voir avec toi cher jeune. As-tu vu dans cette salle une seule personne qui te ressemble ? Je dirais même as-tu vu un seul jeune dans cette salle ? Vous n'avez pas les problèmes. Ce sont les PCA, les directeurs de l'administration, les fils des barons du régime qui sur instruction de leurs vieux parents bousculent pour que le système qui te bloque ne tombe pas. Mais nous ne sommes plus dupes. Il y a un espoir. Et il vient de toi.

Tu peux avoir un avenir meilleur. Le régime a eu 43 ans mais tu constates qu'il n'a rien pu faire. Il ne peut plus rien faire. Il faut essayer un autre dans lequel tu es un acteur majeur. Dans lequel tu peux être DG, Ministre ou député à 25-30 ans. Et où ta mère et tes enfants peuvent aussi être les proches d'un DG ou d'un ministre. C'est toujours les mêmes ?
Je veux saluer ici, avec fierté et respect, tous les jeunes qui se sont massivement inscrits sur les listes électorales. Vous avez compris que rester les bras croisés, c’est laisser les autres décider à votre place. Votre inscription est un acte de courage, de révolte, et de responsabilité. Mais ce n’est que le début.

Le vrai combat, c’est le jour du vote. Levez-vous. Allez voter. Et surtout, restez éveillés. Protégez votre vote. Défendez votre avenir. À toi qui hésites encore, regarde bien autour de toi : Tu as un travail stable ? Tu peux te soigner dignement ? Tu peux rêver d’un avenir sûr ici ?

Si la réponse est non, alors qu’attends-tu pour agir ? Ne vends plus ta voix pour 2 000 francs, un t-shirt ou un bout de pain-sardine. Refuse d’être acheté. Refuse d’être manipulé. Tu n’es pas seul. Nous sommes des millions. Organise-toi avec tes amis. Crée des réseaux. Sensibilise autour de toi. Le vrai pouvoir n’est pas entre les mains des vieux qui tremblent. Le vrai pouvoir, c’est toi. C’est nous. C’est la jeunesse.

Tu es jeune, tu es fort, tu es lucide. Tu as trop pleuré. Trop souffert. Trop espéré. Maintenant, il faut agir. Jeunesse camerounaise, lève-toi. Crie. Vote. Résiste. Fais peur à ceux qui veulent t’endormir. Montre-leur que tu n’es pas né pour subir. Montre-leur que le Cameroun t’appartient aussi. Le moment est venu. C’est maintenant ou jamais. Et ce pays changera avec toi.