Une entreprise protégée par la compagne du directeur général du port autonome de Douala, Cyrus Ngo’o, empoche des milliards de francs CFA. Le lanceur d’alerte Boris Bertolt les appelle des retro commissions. Dans cette publication exhaustive, tout devient un peu plus claire pour tout le monde.
Le 17 janvier 2025, a eu lieu la signature d’une convention de partenariat public-privé (PPP) de 12 ans entre le Port Autonome de Douala et la société NEGRI. Cette dernière doit construire en trois phases, 250 mètres linéaires de quai supplémentaire (quai 17), d’aménager 7,9 hectares de terre-plein arrière et de créer 1200 mètres linéaires de voies de RTG (portique automatisé sur pneu). Tout ceci pour un montant global de 55 milliards FCFA. La signature de cette convention intervient pourtant dans un contexte concurrentiel particulier qui voit l’émergence de nouveaux ports dans la sous-région (ports de Lekky et Nqura au Nigéria, ports de Bata et Ebibeyin en Guinée Équatoriale) et au lendemain de la signature de l’accord de transit Tchad-Guinée Équatoriale.
Sauf que la signature de cette convention entre le PAD et NEGRI suscite des controverses au sein de l’institution. Des hauts responsables estiment le coût de l’opération surévalué et en comparant aux coûts pratiqués dans d’autres places portuaires, ils seraient quatre fois plus coûteux que la normale. À titre comparatif, les travaux d’aménagement des quais et des terre-pleins du Projet de Modernisation du Terminal à Conteneurs ont coûté moins de 15 milliards de francs CFA pour 600 mètres linéaires de quai, des terre-pleins de plus de 12 ha, la construction du quai DANGOTE est évaluée à moins de 12 milliards de francs FCFA pour environ 200 ml et 6 ha.
En plus le montage financier inquiète. Notamment avec comme partenaire la Société d’Exploitation et de Construction du Port de Douala-Bonabéri (SECPDB). Cette société présentée comme une filiale du groupe NEGRI, est déjà impliquée dans d’autres activités au PAD dont les résultats ont été mitigés.
Force est de constater l’omniprésence d’un prestataire particulier pour les travaux portuaires, le groupe Entreprise NEGRI ET FILS, adjudicataire de plusieurs marchés de travaux majoritairement passés en procédure de gré à gré. Notamment : Le marché n°045/M/PAD/CIPM-ICAE/2018 du 12/05/2020 passé par voie de gré à gré pour un montant de 7.426.805.817 de francs CFA pour la reconstruction d’un poste pétrolier sur Duc d’Albe du Port Autonome de Douala pour une période de 12 mois ; Avenant n°1 n° 243/AV/CIPM-ICAE/PAD/2019 du 26/03/2020 au marché n°045/M/PAD/CIPM-ICAE/2018 du 12/05/2020 passé par voie de gré à gré pour la reconstruction d’un poste pétrolier sur Duc d’Albe du Port Autonome de Douala pour un montant de 1.915.675.468 de francs CFA pour une période de 9,25 mois ; Le marché n°248/M/MAPA/CIPM-ICAE/2020 du 12/05/2020 passé par la procédure adaptée avec pour un montant de 8.705.250.000 de francs CFA pour les études d’exécution et l’exécution des travaux d’extension du parc à bois au port de Douala pour une période de 12 mois ; Avenant n°2 n°050/AV2/GG/CIPM-ICAE/PAD/2023 du 30/08/2023 au marché n°248/M/MAPA/CIPM-ICAE/2020 du 12/05/2020 pour les études d’exécution et l’exécution des travaux d’extension du parc à bois au port de Douala pour un montant 934.920.000 FCFA ; Le marché n°363/M/GG/CIPM-ICAE/ PAD/2021 du 03/11/2021 passé en gré à gré pour un montant de 1.132.875.000 de francs CFA pour les travaux de construction d’un ouvrage « fusible » en avant et au droit du nouveau poste pétrolier sur ducs d’Albe au port de Douala-Bonabéri pour une période de 08 mois.
Cerise sur le gâteau : de nombreux marché sont attribués à cette entreprise sans études de faisabilité et études d’avant-projet préalables comme stipulé par le Code des marchés publics et selon les normes internationales de gestion de projet.