Actualités of Friday, 10 October 2025

Source: www.camerounweb.com

La "case orange" : la révolution politique de Cabral Libii qui bouscule les codes au Cameroun

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Alors que la campagne présidentielle touche à sa fin, Jeune Afrique révèle en exclusivité les coulisses d'une stratégie de terrain inédite qui pourrait redéfinir la pratique politique camerounaise.


À quelques heures du scrutin présidentiel du 12 octobre, une innovation politique fait discrètement son chemin dans les quartiers camerounais. Son nom : la "case orange". Jeune Afrique a pu recueillir les confidences de Mahmoudou Moktar Djallo, codirecteur national de campagne de Cabral Libii, qui dévoile les ressorts de ce dispositif aussi simple qu'audacieux.

"Nous avons privilégié le porte-à-porte, les petites campagnes de proximité", confie Mahmoudou Moktar Djallo à Jeune Afrique. Mais c'est surtout le concept de la "case orange" qui marque une rupture : chaque soir, dans des bars ou des espaces de détente de Garoua, Ngaoundéré et Yaoundé, des causeries politiques réunissent sympathisants et... adversaires.

"L'idée, c'est de faire de la politique autrement : avec de la culture, de l'humour et de la fraternité. Même nos concurrents peuvent y participer", explique-t-il dans des propos recueillis exclusivement par Jeune Afrique. Cette approche tranche radicalement avec les meetings traditionnels et les grandes démonstrations de force qui caractérisent habituellement les campagnes électorales au Cameroun.

Jeune Afrique révèle que cette stratégie s'inscrit dans une vision plus large : "Les grands meetings, c'est pour l'image, mais la vraie bataille se joue dans les quartiers, les villages, au contact direct avec les électeurs", précise le codirecteur de campagne. "Cabral veut que son peuple le connaisse, et qu'il connaisse son peuple."

Cette méthode Libii, comme l'appellent ses partisans, mise sur le dialogue citoyen apaisé plutôt que sur la confrontation. Dans un pays où la tension politique est palpable et où les intimidations se multiplient, ce pari du débat ouvert et fraternel apparaît à contre-courant.

Face au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au pouvoir et ses ressources considérables, le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) a dû innover. "Nous n'avons ni la puissance financière du RDPC, ni les médias d'État, mais nous avons la sincérité et la proximité", assume Mahmoudou Moktar Djallo dans cet entretien exclusif accordé à Jeune Afrique.
Cette stratégie de proximité vise à compenser un maillage territorial encore fragile et des moyens limités. "Ce que nous faisons aujourd'hui, c'est bâtir un socle citoyen", poursuit-il. Un socle qui pourrait dépasser les 6,28 % de voix obtenues en 2018 si cette approche de terrain porte ses fruits.

Au-delà des résultats du 12 octobre, la "case orange" pourrait faire école. En transformant les lieux de convivialité en espaces de débat politique accessible, le PCRN propose une alternative aux pratiques militantes classiques. Jeune Afrique a pu constater que ce dispositif, testé dans plusieurs régions, suscite l'intérêt même au-delà des rangs du parti.

Cette innovation témoigne d'une évolution générationnelle de la politique camerounaise. À 45 ans, Cabral Libii incarne une opposition décomplexée qui refuse les codes établis. Sa campagne, entre numérique et proximité humaine, entre fraternité revendiquée et combativité assumée, dessine les contours d'une nouvelle façon de faire de la politique.