Actualités of Wednesday, 8 October 2025

Source: www.camerounweb.com

L'usine à monstres : Ekanga Ekanga Claude Wilfried sort la sulfateuse et exécute Issa Tchiroma

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« L’usine à monstres » : Claude Wilfried Ekanga dénonce, sans détour, le « repentir illusoire » et l’hypocrisie des soutiens soudains à Issa Tchiroma, candidat à la présidentielle. Une tribune cinglante qui met en garde contre la fabrication d’un nouveau « monstre politique », au risque de répéter les erreurs du passé et de plonger le Cameroun dans deux révolutions au lieu d’une.


L'usine à monstres
MARCHE ARRIÈRE
Je peux comprendre que vous vouliez voter Tchiroma par simple pragmatisme, parce que vous voulez vous débarrasser de Paul Biya.
Mais ce que je ne comprends pas, ce sont les "atalakous" soudains. Toutes ces louanges nouvelles et ce repenti illusoire que vous accordez à un personnage sournois, roublard, versatile et menteur jusqu'à la moelle des os. C'est trop gros ; c'est abusé ; ça sonne faux ; et surtout, ça ressemble beaucoup aux attitudes délirantes des biyayistes qui, depuis 43 ans, s'évertuent à attribuer au tueur de masses d'Etoudi des qualités qu'il ne possède pas.
Quand on prône « le changement », on ne reprend pas à son compte des habitudes qu'on prétend vouloir effacer. Ça n'a aucun sens ; ça signifie qu'on mouille le maillot pour rien. Car après s'être débarrassé d'un monstre séculaire, il faudra de nouveau se débarrasser du nouveau monstre qu'on a soi-même créé !
J'ai vu - et entendu - des gens qui, il y a trois mois, auraient vomi à la simple évocation du nom " Tchiroma ", se mettre subitement à justifier ses égarements comportementaux et ses faux pas communicationnels. Pourtant, l'évidence est là : depuis le début de sa campagne, ce sont les populations camerounaises qui assurent. Les marées humaines qui accompagnent ses déplacements fournissent en effet des images aussi belles qu'impressionnantes (On en serait presque tenté de croire au miracle!). Mais c'est bien là le seul point positif : car lorsque le candidat du FSNC ouvre la bouche, c'est le Néant total ! On retrouve aussitôt le bon vieux Bakary que nous connaissons : vague, évasif, abstrait, sournois, flou et effroyablement peu crédible. Je dirais même que la seule différence entre lui et Cavaye Yeguié Dibjril, c'est que ce dernier parle plus lentement !
J'ai un important conseil à lui donner : qu'il se contente de sillonner les villes et de faire des bains de foule sans plus dire un mot. Ou qu'il se limite désormais à crier : « Biya must go ! ». Le silence fera moins de mal à sa campagne que toutes ces interviews embarrassantes et ces longues tirades verbales dans lesquelles il ne ressort rien ; rien d'autre que la loufoquerie et le vide astral auxquels il nous a toujours habitués - à l'instar de son maître !
Et comme ça, vous verrez alors peut-être se réaliser le psaume ensorcelé que vous me chantez depuis huit semaines : « On chasse d'abord Biya, on verra le reste après.»
Mais au lieu de ça, et alors qu'il n'est même pas encore élu - et qu'il ne le sera assurément pas -, vous lui pardonnez déjà tout ! Vous expliquez déjà tous ses errements, ses couacs langagiers, sa méconnaissance des dossiers techniques et économiques (alors qu'il a exercé à deux reprises dans ces domaines), ainsi que son incapacité à assumer ses erreurs (dont chacune a pourtant eu des conséquences gravissimes sur l'éthique et la vie de la nation). Vous devenez comme les partisans de Biya, pour qui « tout ce que le N'nom Ngui fait est bon » !
En ce qui me concerne, j'ai pris sur moi de dire à Maurice Kamto que même si c'est lui qui me demandait de voter pour l'un des 11 candidats, je ne le ferais pas, car j'estime que c'est une participation à l'homologation d'une fausse élection qui s'est déjà jouée le 5 août, et qu'aucun de ces individus n'aura le courage de revendiquer sa victoire et d'enclencher une révolution populaire (qui reste toujours la seule voie de salut pour vaincre Biya). Cela signifie donc que je suis capable de dire à mon boss qu'il pourrait se tromper, lorsque j'estime qu'il pourrait se tromper. Or, vous, vous êtes en train de dire à votre néo-opposant, ex (ou pas) créature de Paul Biya, qu'il a raison dans tout ce qu'il fait. Vous le persuadez qu'il ne commet aucune erreur ; que vous auriez fait la même chose à sa place ; qu'il a raison de parler comme il parle, en l'occurrence de considérer subitement son aîné politique comme un « poids extrêmement léger ». Sans vous en rendre compte, vous déroulez peu à peu le tapis rouge de l'autoritarisme à un homme qui, il y a encore deux mois, n'était visible qu'au microscope. Vous êtes bel et bien en train de fabriquer le monstre de Frankenstein !
L'histoire politique du monde - tout autant que celle de votre pays - devrait pourtant vous enseigner qu'il est facile d'invoquer les démons, mais plus difficile de les exorciser ensuite.
CONJURING 666
« Tu es là-bas au chaud en Europe et tu envoies les enfants des gens se faire tuer. Viens toi-même prendre les devants ici, on va te suivre.»
J'ai une précision à vous faire : quelle que soit la manière dont ce scrutin se termine, sachez que les nouvelles seront mauvaises. Car si (scénario 1) Paul Biya est déclaré vainqueur (ce sera évidemment le cas, puisque Clément ne pourra jamais lire un autre nom) et que Tchiroma revendique sa victoire, vous serez obligés de descendre dans la rue pour arracher cette victoire des mains du Gang de Yaoundé. Vous comprenez alors que ce n'est pas moi qui envoie « les enfants des gens se faire tuer » ; c'est juste un passage inévitable, imposé par le destin. Pire encore, après m'avoir critiqué parce que je réclamais de faire la révolution pour celui que nous aimons (Maurice Kamto), il vous faudra trouver en vous la motivation pour faire la même révolution, mais pour celui que vous n'aimons pas (Tchiroma). Et à votre avis, qu'est-ce qui était plus facile ?
Et ce n'est même pas tout ! En effet, puisque vous considérez Tchiroma comme une simple « transition », c'est-à-dire une passerelle vers « le vrai changement », j'ose espérer que vous avez déjà compris que ça signifie que vous devrez faire DEUX RÉVOLUTIONS ! Car même si Biya est renversé par la rue, le clan Tchiroma à son tour ne vous cédera jamais le pouvoir de son plein gré ! Ni après 3 ans, ni après 30 ans ! Le pouvoir ne se partage pas ; jamais ! Et quiconque vous parle de transition n'est qu'un mythomane compulsif, à l'image de Mobutu, Kaka Deby, ou Oligui Nguema. De plus, personne n'arrive au pouvoir par les urnes et accepte d'être considéré comme un « faux régime » ou une banale « transition », au point de céder carrément le pouvoir après 2 ou 3 ans à quelqu'un d'autre. Ça n'a jamais existé et ça n'existera jamais ! C'est d'une naïveté qui mérite la chicotte !
Voilà pourquoi je suis très intrigué que des gens qui me reprochent de prôner la révolution choisissent carrément le chemin qui les conduit à deux révolutions, alors que dans ma démarche, une seule (une vraie) aurait suffi ! C'est comme si tu reprochais à quelqu'un de fumer une cigarette parce que « c'est mauvais pour la santé », mais que toi, en réaction, tu en fumais deux !
Et enfin, l'autre mauvaise nouvelle, c'est le scénario 2 (de très loin le plus probable) : Biya est proclamé vainqueur, et Bakary vous demande de « prendre acte de la décision du Conseil Constitutionnel » et de « mettre le camp sur les régionales, les législatives et les municipales ».
À ce niveau, le retour à la Kamto-House sera bien difficile. Sérieusement, avez-vous envisagé l'après-scrutin ? Ceux qui se seront contentés de voter Tchiroma sans trop en faire parce qu'ils souhaitaient simplement faire partir Barthélémy pourront sans problème expliquer leur posture (même si on aura perdu beaucoup de temps dans un long rêve et qu'on se retrouvera à la case départ). Par contre, ceux qui se seront distingués par une gesticulation exagérée, des alléluia et des hourras envers un individu qui ne mérite AUCUN de ces compliments, ceux qui auront manifesté pour Issa un amour supérieur à celui de sa propre femme, auront je pense un peu plus de mal à justifier ces manières dangereusement biyayistes. Mais quel est donc ce virus malicieux qui pousse les Camerounais à toujours se faire plus royalistes que le roi ; à toujours vouloir danser plus vite que la musique ?
Il n'y a pas pire effet que l'effet d'entraînement ; l'effet de masse. Il peut pousser le scientifique le plus rigoureux à douter de ses opérations, l'astronome le plus strict à penser que la Terre est plate, juste parce que la quantité, sans aucune opération, sans aucune rigueur, se met à le penser.
Sur ce, à lundi !
EKANGA EKANGA CLAUDE WILFRIED
( Die Geister, die wir riefen )