Actualités of Saturday, 17 May 2025

Source: www.camerounweb.com

LÉtat oh ce monstre froid- Quand la haine contre Samuel Eto'o rattrape les cadres du MRC, Me Sikati en train de lire l'heure

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Une polémique juridique inattendue secoue la classe politique camerounaise ces derniers jours, révélant des contradictions troublantes au sein de l'opposition. Maître Sikati , figure du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a vivement critiqué les récentes déclarations de Maître Eric Mathias Owona Nguini concernant la hiérarchie des normes juridiques, accusant ce dernier de vouloir placer une loi ordinaire au-dessus de la Constitution. Dans sa publication devenue virale sur les réseaux sociaux, l'avocat du MRC s'insurge contre l'affirmation selon laquelle "en s'appuyant sur le principe specialia dérogeant legi generali, l'article 121 du Code Electoral prime sur l'article 15 alinéa 3 de la Constitution". Pour Sikati , cette position constituerait une violation flagrante de la hiérarchie des normes juridiques, un principe fondamental en droit camerounais qu'il estime devoir défendre fermement face à ce qu'il qualifie de "dérive dangereuse".

L'ironie de cette controverse réside dans le fait que des archives médiatiques récentes attestent que Maître Sikati avait lui-même défendu une position juridique similaire lors du conflit qui a opposé la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) au Ministère des Sports et de l'Éducation Physique (MINSEP). À cette époque, l'avocat soutenait avec vigueur que les conventions et accords privés devaient primer sur les décrets présidentiels, et que le droit contractuel pouvait légitimement déroger aux dispositions administratives. Cette apparente contradiction n'a pas manqué de faire réagir plusieurs juristes, dont un constitutionnaliste qui, sous couvert d'anonymat, observe que "cette volte-face est pour le moins surprenante. Soit on respecte la hiérarchie des normes en toutes circonstances, soit on assume que le droit évolue selon les contextes". Ce revirement idéologique met en lumière la complexité des débats juridiques au Cameroun, souvent teintés de considérations politiques qui transcendent les principes purement légaux.

Cette bataille juridique aux relents politiques intervient dans un contexte particulièrement tendu, à quelques mois seulement de l'élection présidentielle, ce qui amplifie sa portée médiatique et symbolique. Plusieurs observateurs y décèlent une stratégie délibérée visant à discréditer les arguments du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) concernant la recevabilité des candidatures, tout en permettant au MRC de se positionner en défenseur intransigeant de la Constitution. Au-delà des calculs politiciens, cette controverse révèle les profondes contradictions qui traversent le débat juridique camerounais, où les interprétations fluctuantes du droit semblent parfois davantage dictées par des considérations partisanes que par une véritable rigueur intellectuelle. Les spécialistes du droit constitutionnel s'accordent néanmoins sur un point : la nécessité d'un débat serein et dépolitisé sur ces questions fondamentales qui déterminent l'avenir démocratique du pays.

La publication de Maître Sikati a suscité des réactions contrastées au sein de la communauté juridique camerounaise, illustrant la profonde division qui règne sur ces questions. Des étudiants en droit ont rapidement dénoncé ce qu'ils considèrent comme un double standard inacceptable, tandis que d'autres juristes de renom ont préféré nuancer le débat en rappelant que chaque cas juridique doit être analysé selon ses spécificités propres. La société civile, quant à elle, s'interroge légitimement sur l'indépendance réelle du système judiciaire camerounais face à ces controverses à répétition. Alors que tous les regards se tournent désormais vers les instances juridiques compétentes qui devront trancher cette épineuse question de hiérarchie des normes, une certitude demeure : le débat sur l'État de droit au Cameroun est loin d'être clos, et cette affaire pourrait bien constituer un tournant majeur dans la perception publique des élites juridiques du pays, dont la crédibilité se trouve désormais mise à rude épreuve par ces incohérences apparentes.