Actualités of Saturday, 27 December 2025
Source: www.camerounweb.com
Cette lettre, adressée au Président turc Recep Tayyip Erdoğan par la porte-parole d'un projet politique camerounais, alerte sur la situation critique de Monsieur Narcisse Nganchop, réfugié politique camerounais en Turquie.
Il est détenu et risque une déportation imminente vers le Cameroun, où sa vie serait en danger en raison de son opposition politique au régime en place.
La lettre dénonce un harcèlement administratif de plusieurs années et une procédure d'expulsion fondée sur un prétexte fallacieux (une dispute privée sur WhatsApp, mal traduite et déjà désavouée par la prétendue victime). Malgré l'absence de toute condamnation pénale et la libération ordonnée par un juge, sa protection internationale a été annulée.
L'état de santé grave de M. Nganchop (tumeur au cerveau, problèmes de colonne vertébrale) nécessite des soins urgents et est incompatible avec une détention ou un renvoi forcé.
Yaoundé, le 26 décembre 2025
À la très haute attention de
Son Excellence Monsieur Recep Tayyip Erdoğan
Président de la République de Türkiye
Sous couvert de l’Ambassadeur de Türkiye au Cameroun
Objet : Dénonciation d’un harcèlement administratif et d’une décision de déportation visant un réfugié politique sous protection internationale, Monsieur Narcisse Nganchop
Numéro de pièce d’identité de réfugié : 99555564952
Monsieur le Président de la République,
Au nom du projet politique Les Patriotes Africains du Cameroun pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité, nous avons l’honneur de nous adresser à Votre Très Haute Autorité avec un profond sentiment de détresse, mais également avec un sens aigu de responsabilité et d’urgence.
Depuis près de cinq années, Monsieur Narcisse Nganchop réside en République de Türkiye en qualité de réfugié politique bénéficiant d’une protection internationale subsidiaire. Il avait placé sa confiance dans ce grand pays, convaincu qu’il y trouverait refuge et sécurité face aux persécutions ciblées qu’il subissait au Cameroun en raison de son engagement politique et de son opposition déclarée au régime du Président Paul Biya.
Aujourd’hui, cette protection s’est gravement fragilisée, et sa vie se trouve désormais directement menacée.
Malgré une conduite irréprochable sur le territoire turc, malgré cinq années de résidence sans le moindre incident, sans aucune infraction aux lois de la République ni atteinte à l’ordre public, Monsieur Narcisse Nganchop est devenu la cible d’une procédure administrative manifestement injuste et disproportionnée.
Durant plus de trois années, l’administration provinciale de la Göç İdaresi d’Edirne a instauré à son encontre une impossibilité totale d’effectuer des transferts financiers légaux (Western Union et autres), alors même qu’il ne dispose d’aucune source de revenu institutionnelle en Türkiye, survivant uniquement grâce à de modestes activités commerciales et à l’assistance de la diaspora camerounaise.
À cela se sont ajoutées :
• une restriction extrêmement sévère de ses déplacements à l’intérieur du territoire turc ;
• une assignation de résidence dans une seule ville, sans aide gouvernementale ni accès à l’emploi ;
• un refus systématique des autorisations de déplacement, en contradiction avec l’esprit et la lettre de la loi n°6458 relative aux étrangers et à la protection internationale, ainsi qu’avec les garanties constitutionnelles fondamentales.
Cependant, le point culminant de cet acharnement administratif trouve son origine dans un échange privé de messages WhatsApp, intervenu dans le cadre d’une querelle conjugale avec sa compagne, de nationalité congolaise (Congo-Brazzaville), avec laquelle il vit depuis près de deux ans.
Cet échange strictement privé a été abusivement instrumentalisé afin de tenter de le criminaliser.
Il apparaît clairement que Monsieur Musa Asilioğlu, alors directeur provincial de la Göç İdaresi à Edirne, et Madame Umran Dervişioğlu, cheffe du bureau de la protection internationale dans la même province, ont joué un rôle déterminant dans les manœuvres ayant conduit aux injustices dont Monsieur Narcisse Nganchop est aujourd’hui victime.
Pourtant, sa compagne a fourni un témoignage écrit clair, volontaire et sans équivoque, attestant de l’absence totale de violences, de la nature mineure et passagère du différend, et de l’innocence complète de Monsieur Nganchop.
Il a également été établi que les messages WhatsApp invoqués comportaient de graves erreurs de traduction, ayant dénaturé le sens réel des échanges.
Après cet épisode, la compagne de Monsieur Nganchop s’était rendue de sa propre initiative au poste de police dans le seul but de solliciter une médiation ou un éloignement temporaire, sans volonté de poursuites. Malgré cela, une procédure pénale a été ouverte contre sa volonté expresse, en violation manifeste de ses déclarations.
En dépit de ces éléments déterminants, la procédure administrative s’est poursuivie comme si les faits, les preuves et la présomption d’innocence consacrée par la Constitution turque étaient dépourvus de toute valeur juridique.
Sans attendre l’issue d’une procédure pénale, et en violation flagrante des conventions internationales ratifiées par la Türkiye, Monsieur Musa Asilioğlu et Madame Umran Dervişioğlu ont décidé de suspendre la protection internationale de Monsieur Narcisse Nganchop, de procéder à son arrestation et de l’incarcérer au centre de rétention et de déportation de Çankırı, où il a été détenu pendant 46 jours.
À la suite d’une grève de la faim de 19 jours, il a été transféré au centre de déportation de Kocaeli, où, après six jours supplémentaires de détention, le juge des libertés a ordonné sa libération, reconnaissant le caractère illégal de la détention administrative.
Il convient de rappeler avec force que la protection internationale de Monsieur Narcisse Nganchop a été annulée de manière irrégulière et illégale.
Aucune législation nationale ou internationale ne permet l’annulation d’une protection internationale sur la base de simples échanges privés entre conjoints, d’autant plus lorsque la prétendue plaignante dément toute infraction et confirme les erreurs de traduction.
Il est juridiquement inacceptable de soumettre un réfugié politique à une mesure de déportation malgré les risques avérés, graves et documentés qu’il encourt en cas de retour forcé au Cameroun.
Pourtant, à ce jour, une juridiction administrative a validé la décision d’expulsion au motif que Monsieur Narcisse Nganchop n’aurait pas démontré l’existence d’un risque personnel, ouvrant ainsi la voie à une déportation imminente vers un pays où sa vie est objectivement en danger.
Opposant politique notoire, Monsieur Narcisse Nganchop s’exposerait, en cas de retour forcé, soit à une exécution extrajudiciaire, comme ce fut le cas pour Anicet Ekane, soit à une incarcération arbitraire dans des conditions inhumaines, à l’instar d’opposants tels que Djeukam Tchameni et bien d’autres.
Cette menace n’est ni hypothétique ni spéculative : elle est réelle, immédiate et largement documentée.
À ces risques politiques s’ajoute une détérioration alarmante de son état de santé. Les médecins de l’hôpital public Murat Devlet d’Edirne ont diagnostiqué :
• une tumeur bénigne au cerveau ;
• deux hernies discales cervicales ;
• une pathologie osseuse sévère de la colonne vertébrale.
Ces affections nécessitent un suivi médical continu, incompatible avec toute détention, tout transfert forcé ou un retour dans un pays où l’accès aux soins serait inexistant.
Par ailleurs, Monsieur Narcisse Nganchop subit une discrimination structurelle qui affecte de nombreux réfugiés africains en Türkiye dans l’accès aux procédures de réinstallation vers des pays sûrs.
Alors que des réfugiés d’autres nationalités (Syriens, Afghans, Iraniens) bénéficient régulièrement de programmes de réinstallation, les dossiers des réfugiés africains sont ralentis, suspendus ou négligés sans justification objective, en dépit de critères de vulnérabilité pourtant évidents.
Cette inégalité de traitement met aujourd’hui directement en péril la vie de Monsieur Narcisse Nganchop.
Il est difficile de ne pas voir, dans cette accumulation d’irrégularités, l’influence de ses prises de position publiques contre le régime camerounais et de ses dénonciations des dysfonctionnements affectant les réfugiés africains en Türkiye.
Paradoxalement, Monsieur Narcisse Nganchop est un admirateur déclaré de Votre Excellence et un défenseur de la coopération entre la Türkiye et l’Afrique.
L’affaire des messages privés n’a servi que de prétexte pour le réduire au silence, l’éloigner d’Edirne, l’emprisonner et tenter de le déporter, alors même qu’il est un porte-voix de nombreux réfugiés victimes d’irrégularités administratives.
Plusieurs plaintes ont d’ailleurs été déposées auprès de l’ONG ASAM à Edirne contre les deux fonctionnaires précités.
Monsieur le Président,
Nous sollicitons respectueusement mais avec une extrême urgence :
• l’arrêt immédiat de toute procédure de déportation visant Monsieur Narcisse Nganchop ;
• le rétablissement de sa protection internationale ;
• l’ouverture d’une enquête administrative indépendante concernant Madame Umran Dervişioğlu et Monsieur Musa Asilioğlu, leur suspension à titre conservatoire et leur mise à disposition de la justice ;
• la facilitation de sa réinstallation vers un pays tiers sûr.
Nous ne demandons aucun privilège, mais uniquement le respect du droit, de la dignité humaine et des engagements internationaux librement consentis par la République de Türkiye.
Monsieur le Président de la République, nous connaissons votre engagement en faveur de la jeunesse africaine.
Cette jeunesse n’est pas prête à accepter qu’un leader, espoir de notre jeunesse, soit livré au régime camerounais.
Votre intervention peut sauver une vie.
Celle de Monsieur Narcisse Nganchop, Président des Patriotes Africains du Cameroun pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité, figure de l’espoir démocratique camerounais et africain.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.
Maître Alice Nkom
Porte-parole du Président élu Issa Tchiroma Bakary