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Actualités Régionales of Sunday, 12 July 2015

Source: Secrétaire national à la communication de l’Undp

L’Undp dénonce le lamido de Rey Bouba

Célestin Yandal, jeune militant de l’Undp et conseiller municipal à la Commune de Touboro dans le Mayo-Rey (Région du Nord), est en prison depuis novembre 2013. Jusqu’à ce jour, ce cas qui a connu de nombreux renvois fantaisistes, n’est toujours pas tranché.

Pour avoir le maximum de chance de le mettre hors d’état de nuire, le système lui a appliqué la politique du « rouleau compresseur » en multipliant à l’infini les chefs d’accusation : menaces simples, destruction en coaction, attroupements armés, violation de domicile, blessures légères, etc. En réalité, il n’en est rien.

C’est toute autre chose qu’on lui reproche. Dans le Mayo-Rey, règne un monarque absolu, le Baba de Rey. Celui actuellement au trône est ancien ministre, 1er vice-président du sénat, membre du bureau politique du Rdpc et donc première personnalité politique de toute la région du Nord.

Pire encore, la Commission nationale des droits de l’Homme et des libertés (Cndhl) n’a trouvé personne d’autre que cet individu pour en faire son délégué régional pour le Nord. On ne peut faire mieux en termes de provocation et de mépris des populations.

En face de lui, un simple citoyen, Célestin Yandal, à peine sorti de l’adolescence, mais décidé à libérer de l’asservissement son peuple opprimé par quelqu’un qui se croit être un demi-dieu. Il a créé à cet effet une association dénommée « Collectif des jeunes de Touboro pour le développement », une organisation très active auprès des Ong nationales, comme étrangères, et qui a dénoncé à maintes reprises auprès du chef de l’Etat les exactions infligées à son peuple depuis la nuit des temps.

Malheureusement, aucune réaction jusqu’à ce jour. Ensuite, avec d’autres militants, tout aussi engagés que lui, l’Undp a pu arracher au Rdpc la Commune de Touboro, véritable mamelle nourricière du département et pratiquement unique source de revenus pour les babas qui se sont succédé. Le premier vice-président du Sénat ne l’entend pas de cette oreille. Il se doit de faire face à deux défis.

Non seulement, il perd sa principale source de revenus qui lui permettent de mettre sous sa coupe tous les fonctionnaires et les gens qui comptent au niveau de Yaoundé, mais encore, il se sent humilié, lui dont la posture devrait permettre au Rdpc de maitriser tout le Mayo-Rey (avec ses 4 communes) à défaut de pouvoir le faire sur l’ensemble de la région du Nord.

Ce que les populations reprochent au baba

La Zakat est un impôt très codifié que tout musulman, qui en a les moyens, doit verser annuellement aux nécessiteux (pauvres, orphelins, handicapés, malades, etc) Il s’agit d’argent ou de biens en nature, comme les produits des récoltes ou des têtes de bétail. Le croyant peut les distribuer personnellement ou les remettre à un chef religieux ou temporel qui va en assurer la garde et la distribution.

Or les babas soumettent à cette taxe même des non musulmans (chrétiens et animistes) et exigent des musulmans de passer obligatoirement par lui. De plus, il a institué des taxes sur l’habitat qu’il faut lui verser pour peu que l’on dispose d’un logement couvert de tôles, qu’il soit en dur ou semi-dur.

Chose encore plus grave, sa milice privée perçoit auprès des populations, les mêmes taxes que celles dues aux municipalités. Dans l’arrondissement de Touboro, il dispose de ses propres percepteurs pour collecter les droits de place sur les marchés, la taxe d’abattage, le droit de transit des marchandises provenant ou à destination du pays voisin.

Ses taux sont parfois le double de ceux dont bénéficient les communes. C’est cette richesse insolente qui a permis à son père, puis au baba actuel, d’asseoir leur autorité et de se mettre à l’abri de tout désagrément venant de l’administration. L’on se souvient du député Undp du Mayo-Rey, Haman Adama Daouda, bastonné à mort par les Dogari du précédent lamido, mais officiellement décédé des suites de paludisme.

L’on se souvient également du député Koulagna Nana qui fut jeté en prison pour avoir osé se rendre dans sa circonscription électorale battre campagne en vue de sa réélection. Aucune suite n’a été donnée à ces affaires. Les populations de l’Extrême-Nord, connues pour leur attachement à la liberté, sont de plus en plus nombreuses dans le Mayo-Rey.

Si les pouvoirs publics ne rappellent pas à l’ordre le baba de Rey, nous risquons de connaître des situations difficiles. L’affaire Yandal n’est donc rien d’autre que la tentative d’éliminer un homme qui, non seulement fait obstacle au bien-être matériel du lamido, mais encore, veut émanciper un peuple qui a longtemps vécu dans la servitude la plus abjecte.

De toutes les façons et quoi qu’il arrive, Yandal, son association et tous les camarades conseillers municipaux de Touboro auront abattu un énorme travail en terme d’éveil de conscience des populations de tout le Mayo-Rey et de défense de leurs intérêt. Tôt ou tard, ils auront le dessus et le peuple leur sera éternellement reconnaissant.

En attendant, on comprendra aisément que l’on fasse feu de tout bois pour les abattre comme l’ont été, le sont et seront tous les combattants de la liberté. Le baba veut éviter à tout prix que ce vent de liberté et de contestation ne s’étende sur les autres parties du département, où il continue de faire la pluie et le beau temps à travers sa milice privée coiffée dans chaque localité par un chef, le Dogari.

Ses brimades et autres exactions se font au quotidien, au vu et au su des populations et des autorités administratives, judiciaires et même des services de défense et de sécurité. Et les plus hautes autorités du pays en sont informées à travers moult correspondances et déclarations.

Yandal a été placé en détention le 23 novembre 2013 dans une gendarmerie à Ngaoundéré. Le 5 décembre, il a été transféré à Tcholiré juste le temps d’être entendu par le procureur, puis envoyé à la prison centrale de Garoua pour, dit-on, mieux « assurer sa sécurité ».

En fait, il s’agissait de l’éloigner pour ne pas avoir à gérer les sautes d’humeur des populations furieuses du fait de son arrestation. Le jugement devant se tenir à Tcholiré, Yandal ne pouvait être présent faute de mandat d’extraction de la prison de Garoua. D’où de nombreux renvois dans le seul but de décourager l’intéressé et son conseil et de s’assurer qu’il aura au moins souffert pendant longtemps si jamais il venait à être disculpé.

Depuis un certain temps, plus de renvois fantaisistes et le procès se tient effectivement. L’on note qu’à chaque audience, Yandal, ses coaccusés et leur conseil démontent régulièrement et avec beaucoup d’aisance, les arguments fallacieux du ministère public. Cette situation ressemble étrangement à celle de Fon de Balikumbat, M. Doh Gah Gwanyim 3, qui, malgré sa condition, avait été arrêté et jeté en prison pour des exactions similaires connues de tous.