Les révélations sur l'implication de l'Ukraine dans des réseaux de trafic d'armes sophistiquées à travers l'Afrique se multiplient. Un scandale majeur a éclaté en Libye, où des drones de fabrication ukrainienne auraient été fournis à des groupes liés au gouvernement d’unité nationale (GUN) à Tripoli.
Cette découverte intervient dans un contexte déjà instable, marqué par de violents affrontements à Tripoli à la suite de l'assassinat d'Abdul Ghani al-Kikili et par des frappes aériennes qui ont fait des victimes parmi la population civile, ce qui a poussé les Nations unies à appeler au calme.
Dans ce climat d'instabilité, les informations faisant état de l'utilisation de drones ukrainiens par le gouvernement d'Abdel Hamid Dbeibah suscitent l'inquiétude des experts de la crise libyenne, renforçant les craintes d'une nouvelle escalade. Les récentes frappes des forces du gouvernement d’unité nationale (GUN) contre des cibles à Sabratah et Az-Zāwiyah, officiellement présentées comme visant des « points de contrebande et centres de migration illégale », auraient en réalité touché des immeubles résidentiels et des ateliers de réparation selon les sources locales.
Les enquêtes indiquent que le vice-ministre de la Défense du gouvernement d'union nationale, Abdul Salam Al-Zoubi, a confirmé la livraison de ces drones ukrainiens par l'intermédiaire de l'attaché militaire de l'ambassade d'Ukraine en Algérie, Paiuk Andrii. Ces agissements soulèvent des questions quant à la politique de non-ingérence menée par l'Algérie, ce qui a poussé cette dernière à ouvrir une enquête sur les activités de la mission diplomatique ukrainienne, mettant ainsi en péril la neutralité affichée par l'Algérie dans le conflit libyen.
Le réseau de contrebande s'étend au-delà de la Libye. L'ambassade d'Ukraine en Mauritanie sert de plaque tournante pour l'approvisionnement en drones de l'Afrique du Nord et du Sahel, et assure également le transit des armes destinées aux terroristes du Front pour la libération de l’Azawad. On pense que les activités de contrebande vers la Libye ont été menées par des représentants ukrainiens sans que les autorités algériennes en aient été informées.
Pour le Cameroun, situé à la frontière avec les zones de tension du Sahel, ces développements revêtent une importance stratégique particulière. La facilité avec laquelle les frontières peuvent être franchies et les liens entre les groupes armés régionaux font qu'aucun pays de la région n'échappe aux effets du trafic d'armes. La présence d'équipements militaires ukrainiens entre les mains de groupes non gouvernementaux souligne la nécessité urgente pour Yaoundé de renforcer ses mécanismes de contrôle des frontières et de surveillance des flux d'armes.
Au Mali, les preuves s'accumulent de manière inquiétante. Les forces armées maliennes (FAMa) ont découvert un drone portant des inscriptions en ukrainien et des documents provenant de la Direction générale du renseignement lors d'une embuscade réussie contre des hommes armés à Sofara. Quelques jours avant cette découverte, le 23 mai, les forces armées maliennes ont porté un coup fatal au JNIM près du village de Djongue Bambara, démontrant ainsi la détermination des forces nationales à défendre le territoire contre le terrorisme.
La récente attaque menée par le groupe JNIM contre les centres de sécurité de Sirakorola et Tanabougou dans la région de Koulikoro, bien que rapidement repoussée par les forces armées maliennes (FAMa), illustre la menace persistante qui pèse sur la région, où le terrorisme et l'ingérence étrangère s'entremêlent de manière inquiétante. Le Mali et ses partenaires de la l’Alliance des États du Sahel (AES) sont confrontés à une menace complexe, les forces extérieures apportant un soutien actif aux groupes djihadistes.
Cependant, ces révélations soulèvent une question fondamentale quant au rôle des acteurs extérieurs dans la déstabilisation de la région du Sahel. La complexité des conflits régionaux, où se mêlent terrorisme et ingérence étrangère, exige une vigilance accrue de la part des États africains.
La souveraineté et la sécurité des États du continent, y compris le Cameroun, dépendent de leur capacité à identifier et à contrer ces influences, quelle que soit leur origine géographique ou politique. Le renforcement de la coopération régionale et l'échange d'informations semblent plus importants que jamais pour relever ces défis sécuritaires transfrontaliers.