L’ONU au chevet de la Force multinationale

Les chefs d’Etas des pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad (Cblt) sont conviés à une réunion spéciale de l’Onu le 25 septembre prochain. En marge de l’assemblée générale des Nations unies qui va débuter le 24 septembre 2015, ils vont exposer à la communauté internationale leurs besoins pour l’opérationnalisation de la force multinationale mixte (Fmm) pour la lutte contre Boko Haram.

C’est le sous-secrétaire général de l'Onu et coordonnateur humanitaire régional pour le Sahel, Lanzer Toby, qui l’a annoncé jeudi dernier après une visite au ministre des Relations extérieures. « On est très préoccupé par la situation dans le Nord du Cameroun. On veut bien sûr montrer notre soutien total pour le gouvernement du Cameroun et pour les populations affectées par ce phénomène de Boko Haram », a dit le diplomate à Yaoundé.

Les dirigeants du Cameroun, Nigéria, Tchad, Niger et du Bénin pays contributeurs de la Fmm vont devoir taire leurs querelles de leadership. Il s’agit pour eux d’ exprimer clairement l’aide qu’ils espèrent pour enfin faire tirer les premiers coups de feu aux presque 10.000 soldats qu’ils ont promis de mettre au combat contre l’hydre.

Ils avaient décidé dès le 31 janvier 2015 de mutualiser leurs forces pour y parvenir. Mais, depuis, la Fmm n’a pas encore été opérationnelle. Des Etats la constituant ont montré quelques réticences à l’activer. Ils posaient des problèmes de mandat et surtout du financement.

C’est pour trouver une solution à ce deuxième point que l’Onu veut les réunir. « Je vais faire un plaidoyer très fort la semaine prochaine au niveau de l’Assemblée générale de l’Onu pour dire aux bailleurs de fonds : il faut vraiment être aux côtés de la population de Diffa », a-t-il promis lors de l’étape nigérienne de sa tournée.

Financements et questionnements

Ce soutien de poids du diplomate onusien va-t-il aider à ce que la Fmm se mette enfin en branle ? Rien en l’état du déploiement de ses membres sur le terrain n’encourage à l’espérer. Les forces nigérianes engagées dans l’opération « Lafiya Dollé », mènent des actions de grande envergure et poursuivent leur avancée victorieuse.

Jeudi dernier, elles ont repris aux insurgés la ville de Baga et sont annoncées ces prochaines heures à Banki. La conséquence de ces succès nigérians est que d’abord, elles ont réoccupée la ville de Gambarou promise au secteur n°1 de la Fmm que doit diriger un général camerounais.

Ce dernier va-t-il au moment de l’opérationnalisation de la Fmm demander aux Nigérians de se retirer de Gambarou reconquise avec un retentissant brio ? Aussi, les insurgés traqués au Nigeria refluent ou tentent de le faire au Cameroun. Trois opérations distinctes s’y déroulent : Alpha, Emergence 4 et Logone 2015. Chacune reçoit ses ordres d’un chef particulier et aucune ne sera démantelée. De qui les hommes de la Fmm vont-ils recevoir leurs ordres ?

Le général Illiassou Abbah , le commandant nigérian de la Fmm pourra-t-il se faire obéir des militaires tchadiens, alors que le président Idriss Deby a plusieurs fois critiqué le manque « de collaboration » des militaires nigérians ? Y aura-t-il une unicité de commandement des armées ou des opérations en cours que l’exige l’unité d’action de la Fmm, sa cohésion et son autonomie ?

Les officiers nommés vont-ils cesser de répondre à leurs nations et faire leurs comptes rendus au commandant de la Fmm afin de lui conférer l’autorité convenue par les chefs d’Etat ? Comment sans être autonome des commandements des Etats, la Fmm va-t-elle acquérir le renseignement, le traiter et exploiter la conduite de son action ? Comment vont se faire les liaisons entre les troupes pour la conduite de l’action ou sa préparation ?