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Actualités of Monday, 20 August 2018

Source: camer.be

Kumba: attaques, enlèvements, la ville se vide de ses habitants

La crise anglophone dure et continue de faire des victimes. La crise anglophone dure et continue de faire des victimes.

Attaques, enlèvements, assassinats, incendies de bâtiments publics... les villes et villages des régions anglophones du Cameroun deviennent de plus en plus inhospitalières pour les populations prises entre deux feux dans des affrontements meurtriers qui opposent les forces de sécurité et les groupes armés des séparatistes.

"Si je parle haut et fort, ils vont me tuer", nous confie M.N ce matin à Fiango quartier à Kumba, chef lieu du département de la Mémé. M.N est né et a grandi ici il y a un peu plus de 40 ans. Ses parents étant venus s'installer dans le Sud-Ouest en 1962, en provenance de Bafang , région de l'Ouest Cameroun.

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MN, est francophone et s'exprime également en anglais et en pidgin, Contrairement à lui, plusieurs autres personnes rencontrées dans cette ville, plusieurs d'entre elles refusent de souffler le moindre détail, même sous le couvert de l’anonymat.

Ils sont nombreux à avoir abandonné la ville de Kumba par peur de représailles de la part des membres de la branche armée des sécessionnistes. La route qui relie Kumba à Douala est pratiquement coupée par des contrôles intempestifs des forces de l'ordre et des par endroits par les séparatistes anglophones.

Ce lundi, Kumba ressemble à une ville morte vidée de ses habitants. Depuis le début du week-end, certains habitants ont préféré quitter la ville à cause de la présence massives des soldats camerounais mais aussi des combattants de l'Ambazonie qui tirent sur tout ce qui bouge sans discernement nous confie un autre informateur que nous avons rencontré à Buea Road.

D'autres habitants sont restés enfermés chez eux de peur d'être la cible des deux camps (ambazoniens et éléments du BIR).

Les rues sont presque désertes avec l'absence totale de circulation. Les boutiques et marchés sont restés fermés depuis la matinée. Les administrations publiques sont eux-aussi restés fermées. C'est la psychose dans toute la ville. Les habitants ont peur d'être assimilés aux combattants de l'ambazonie.

«Il suffit qu’une personne se mette à courir pour que tout le monde commence à courir dans toutes les directions. Tout le monde a peur», nous confie une source dans la ville de Kumba

Mardi dernier au Three corners check point à l'entrée ouest de la ville de Kumba, tous les véhicules de transport ont été fouillé par les ambazoniens. Tout détenteur de la carte d'identité nationale ou de la carte d’électeur a été dépouillé de cette dernière pendant quelques minutes avant de les recupérer très tard taillées en deux à l’aide d’un ciseau. Toutes les parties portant le vert-rouge-jaune sont coupées.

Chaque jour, explique notre informateur, les attentats et agressions ses font en pleine journée et à visage découvert. Les armes conventionnelles de guerre sont présentes entre les mains de plusieurs jeunes.

Au cœur de la ville de Kumba, les quartiers comme Up Station, Bonge Road, Metta Quarter, Fiango, Haoussa Quarter, Foncha Street , Buea Road, etc., ont subi ces jours, des échanges de coups de feu. Samedi dernier dans la nuit, plusieurs voitures ont été attaquées. Selon des inconnus « les propriétaires de ces voitures ne respectent pas les villes mortes». Des tracts anonymes ont également été envoyés à certains conducteurs de Taxis et Moto pour avertissement. Sur ces bouts de papier, les auteurs menacent de «s’attaquer à leur domiciles et familles s’ils continuent de travailler les jours de villes mortes».

La crainte s'est installée dans le subconscient collectif des populations locales si bien que plusieurs ne peuvent se confier à qui que ce soit. Les centaines de maisons abandonnées par leurs propriétaires respectifs témoignent de l'ampleur de cette crise anglophone dans le NOSO

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Sur l'axe routier qui relie la ville de Kumba à Buea, les « Ambazoniens » opéraient à 500m du contrôle mixte (policiers, gendarmes, Bir)écrit notre confère de Mutations dans son édition du 17 août dernier. Ils font descendre les passagers et exigent que chacun donne au moins 10 000 Fcfa. Ils disent que c’est l’effort de guerre. Certains chauffeurs menacent les passagers de ne pas révéler ces actes au contrôle mixte. Mais, au niveau de ce contrôle, lorsque je murmure aux forces de défense la position des Ambazoniens, ces éléments me répondent : nous sommes au courant. Sans plus », déplore un témoin au micro de notre confère suscité.

La situation sécuritaire critique dans la ville de Kumba a obligé depuis quelques mois des habitants à fuir les troubles pour trouver refuge dans les autres régions. Il faudra souligner que la ville de Mbanga dans le littoral était fortement sollicitée au début de la crise mais, aujourd'hui, est complètement coupée de la ville d'Ediki et de Kumba (Sud Ouest). Les trains ne circulent plus et sont tous à l'arrêt. On redoute qu’à l’allure des choses, la montée de l'insécurité inquiète dans le Sud-ouest.