Une polémique éclate à Kousseri où le sous-préfet de la localité a refusé l'accès de la place de fête à une délégation du Programme des Nations Unies pour le Développement (UNDP), invoquant des "instructions d'en haut" pour justifier cette décision inhabituelle.
Selon nos informations, la délégation de l'UNDP avait prévu d'organiser un meeting public sur la place de fête de Kousseri, lieu habituel des grands rassemblements dans cette ville frontalière de l'Extrême-Nord. Cependant, le sous-préfet de la localité a sommé l'organisation internationale de tenir sa rencontre dans les locaux de sa permanence administrative.
Cette décision, prise dans l'urgence le jour même de l'événement, a créé une situation embarrassante pour l'UNDP qui se retrouve contraint de modifier ses arrangements logistiques à la dernière minute.
Le sous-préfet n'a pas caché les raisons de son intervention. Selon nos sources, l'autorité administrative a explicitement déclaré avoir "reçu des instructions d'en haut" pour refuser l'accès de la place de fête à l'UNDP. Cette formulation laisse entrevoir une décision prise à un niveau hiérarchique supérieur, possiblement au niveau départemental ou régional.
Cette justification soulève des interrogations sur les motivations réelles de cette interdiction, d'autant plus que l'UNDP est un partenaire reconnu du gouvernement camerounais dans de nombreux programmes de développement.
Cette interdiction constitue un précédent notable dans les relations entre les autorités camerounaises et l'UNDP. L'agence des Nations Unies bénéficie généralement de facilités pour organiser ses activités dans le cadre de ses missions de développement et d'appui aux populations.
Le choix de Kousseri, ville stratégique située à la frontière avec le Tchad et régulièrement touchée par les défis sécuritaires liés aux activités de Boko Haram, n'est probablement pas anodin dans cette affaire. La localité demeure une zone sensible où les autorités exercent un contrôle strict sur les activités publiques.
Questions sur la liberté d'action des organisations internationales
Cette interdiction soulève des questions plus larges sur l'espace accordé aux organisations internationales pour mener leurs activités au Cameroun. Le fait que le sous-préfet ait proposé sa permanence comme lieu de substitution suggère une volonté de maintenir un contrôle étroit sur les échanges entre l'UNDP et la population locale.
L'incident intervient dans un contexte où le gouvernement camerounais fait face à de multiples défis dans la région de l'Extrême-Nord, entre la lutte contre Boko Haram, la gestion des réfugiés et les questions de développement local.
Face à cette situation, l'UNDP n'a eu d'autre choix que d'accepter la proposition du sous-préfet et de tenir son meeting dans les locaux administratifs. Cette solution de repli limite néanmoins la capacité de l'organisation à toucher un large public, l'espace de la permanence étant considérablement plus restreint que la place de fête habituelle.