Actualités of Tuesday, 30 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Kondengui: Une vidéo de Polycarpe Abah Abah sablant le champagne en prison scandalise les réseaux sociaux

L'ancien ministre condamné dans le cadre de l'Opération Épervier apparaît, depuis sa cellule, en train de festoyer, relançant le débat sur les privilèges carcéraux et la justice à deux vitesses au Cameroun.


Une vidéo devenue virale ces dernières heures a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. On y voit Polycarpe Abah Abah, ancien ministre des Finances condamné à des dizaines d’années de prison dans le cadre de l’Opération Épervier, en train de sabler du champagne et du bon vin, entouré de plusieurs personnes, apparemment à l’intérieur de la prison de Kondengui.

Dans la séquence, une voix affirme : « la prison ce n’est pas la fin de la vie ». Une scène qui contraste brutalement avec les conditions de détention habituellement décrites dans les établissements pénitentiaires camerounais, et plus encore avec le sort réservé à certains autres détenus, notamment politiques.

La séquence a rapidement suscité indignation et sarcasmes. De nombreux internautes opposent cette image de « belle vie » carcérale à celle, beaucoup plus dure, de prisonniers comme Anicet Ekane, militant arrêté pour ses opinions politiques, dont la détention a été marquée par une surveillance militaire constante. « Lui, c’était pour ses idées. Eux, pour avoir pillé. Regardez la différence de traitement », peut-on lire sous les publications.

Condamné à un total cumulé de près de 81 ans de prison pour une série de détournements de fonds, Polycarpe Abah Abah, 68 ans, incarne l'une des figures les plus sanctionnées par la justice dans les affaires de corruption. Ses avocats ont toujours dénoncé des procès « aux ordres ».

La diffusion de cette vidéo relance avec acuité les questions sur les inégalités de traitement au sein du système pénitentiaire et sur l'image d'une justice qui, pour certains, punit sévèrement les détournements, mais laisse aux condamnés des conditions de détention privilégiées, loin de la rigueur qu’elle réserve aux opposants. Le ministère de la Justice n’a pas encore réagi à cette polémique naissante.