Le journaliste de Jeune Afrique, Georges Dougueli réaffirme ce qu'il pense du Mouvement de la Renaissance du Cameroun (MRC), malgré les critiques que ses publications ont suscité il y a quelques jours.
Dans une nouvelle publication en réponse à Mathieu Youbi, le journaliste camerounais vivant entre Paris et Yaoundé, affirme sans ambages qu'il n'est pas ce que certains camerounais pensent de lui.
"Mathieu Youbi, nous nous connaissons depuis le début des années 1990. Toi et moi étions alors membres du Club journal au Lycée bilingue de Yaoundé. Si tu avais été dans ma classe de 1ère A3 cette année-là, tu aurais fait l'économie de ce procès en apostasie. Ma conscience politique, je la dois à mon professeur de Français, feu Dieudonné Miaffo, un brillantissime exégète de Voltaire, de Zola et de Césaire, qui nous a inoculé les virus de la pensée critique et de la liberté. C’est lui qui a fait de moi l’homme libre que je suis. Que ceux qui ont connu Dieudonné Miaffo (de regrettée mémoire), viennent ici en témoigner. Que tu m’accuses d’être une «petite main de la dictature» ne me blesse même pas. Ce n’est pas de moi que tu parles mais d’un «ami» que tu crois connaître.
Je te réponds sur les autres points :
1-Sur «l’extrémisme du MRC»
Le MRC est-il un parti «extrémiste» ? Je ne l’ai jamais prétendu. En revanche, j’ai toujours soutenu que ce parti avait un problème de positionnement du fait que sa base radicalisée avait pris en otage la direction du parti. Maurice Kamto tient un discours républicain, mais sa base militante est révolutionnaire. Cette ambiguité explique l'actuelle fuite en avant en forme de combat perdu d'avance visant à faire valider sa candidature à la prochaine présidentielle. Face à des militants radicalisés, le chef ne peut admettre aucune faute politique sous peine d'être lui-même balayé. Mon propos est clair et assumé même si je peux me tromper.
Cela dit, oui, des extrémistes ethno-régionalistes influencent la marche du MRC. Ce sont ces gens qui estiment que leur tour est venu de gouverner en s’inscrivant non pas dans un processus d’alternance programmatique mais dans une logique de rotation ethnique. En cela ils font face à d’autres extrémistes, ceux du pouvoir, qui n’entendent pas y renoncer en dépit du grand âge de Paul Biya. Si tu ne vois le problème que du coté de vos adversaires, alors c’est toi l’hypocrite. Je répète : C'est la confrontation entre ces deux pôles qui nous met en danger. Il est impératif de réduire leur capacité à empoisonner la compétition électorale.
2-Sur YVES PLUMEY BOBO, qui serait mon «protégé»
Yves Plumey Bobo est un jeune camerounais doublement diplômé en journalisme (Esstic+ESJ de Lille). Au-delà des diplômes, il est talentueux et travailleur. Personne ne tient sa plume. Pas moi dans tous les cas, tant je tiens le mandarinat en horreur. Tu as tort de le sous-estimer. Moi-même j’ai longtemps été pris pour le prête-nom de François Soudan. Hélas ! Nous autres, Camerounais, avons le dénigrement facile à l’égard des nôtres. Je ne t’en veux pas : tu n’as jamais vécu qu’en dictature. Un crabe est conditionné pour s'en prendre aux autres crabes du panier. Dès lors, peut-être est-ce toi - sans en avoir conscience - qui es la vraie «petite main de la dictature».
3-SUR LES SARDINARDS, mes «vrais» patrons :
En d’autres temps, j’aurais récusé le terme «Sardinard», que je trouve à la fois péjoratif et de mauvais goût. Mais tu as raison de le mettre en avant. Son usage est pertinent dans la segmentation de notre vie politique. Les partisans du maintien de l’ordre gouvernant actuel se recrutent bien au-delà du RDPC et des partis alliés. En face, les Tontinards aussi, dans leur conquête du pouvoir, regroupent une partie du spectre.
Personnellement, je fais partie de la voie médiane. Je chemine avec les modérés qui travaillent à une alternance sans violence, sans vengeance, sans revanche, en pensant libertés publiques, démocratie, Etat de droit, République, Constitution. Ce faisant, je n’ai pas de «patron». Tu te bats pour conquérir le pouvoir. Je me bats pour que ce pays reste debout, quelque soit celui qui en prend la présidence. Tu es un soldat. Je suis une vigie. Tu vois la différence ?
Pour finir, oui, j’ai des amis MRC en prison. Au nom de quoi t’en mêles-tu ? A ce que je sache, le MRC n’est pas une secte en dépit de l’activisme néfaste d’une horde de tribalistes compulsifs qui tentent de prendre ce parti en otage en y imposant une «discipline» stalinienne ! Quoi, vous allez bientôt choisir les amis de vos militants ? La vie privée, tu connais ? Ou alors vous envisagez de la supprimer ?