Actualités of Wednesday, 11 June 2025

Source: www.camerounweb.com

Justice: encore une mauvaise nouvelle pour Vision 4, la chaîne d'Amougou Belinga

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La journaliste d'investigation devra s'expliquer devant les tribunaux le 26 juin 2025 pour diffusion non autorisée d'une conversation privée et publication controversée sur les réseaux sociaux.


Annette Keysha Ikono, journaliste reconnue de la chaîne Vision4, se retrouve dans le viseur de la justice camerounaise. La Fédération camerounaise de judo (FECAJUDO) l'a traduite devant les tribunaux par citation directe, l'accusant d'avoir violé la confidentialité d'un échange téléphonique avec le président Alain Christian Kingué.

L'affaire remonte au 2 avril 2025, date à laquelle la journaliste avait diffusé un reportage sur la situation de la judokate Manuella Fenou, laissée sans prise en charge médicale appropriée. Dans ce reportage, Ikono avait intégré des extraits d'une conversation téléphonique avec le dirigeant fédéral, révélant son exaspération face aux lenteurs administratives.

Selon nos informations, la journaliste aurait enregistré cet échange à l'insu de son interlocuteur, ne diffusant que les passages qui servaient son angle éditorial. Une pratique que dénonce fermement la FECAJUDO, qui y voit une manipulation de l'information et une atteinte à la vie privée de son président.

Mais c'est véritablement la publication Facebook du 5 avril qui a mis le feu aux poudres. Malgré les clarifications apportées par la fédération dans son communiqué officiel du 4 avril, Keysha Ikono avait persisté en écrivant sur son compte personnel : "La FECAJUDO organise demain un championnat à Douala. Les enfants qui y prendront part doivent savoir que s'il leur arrive un quelconque accident, ils seront abandonnés par la fédération et le ministère des Sports, comme Fenou Manuella."

Ce message, largement partagé et commenté, a généré une vague de critiques virulentes contre la fédération. Pour les dirigeants du judo camerounais, cette publication constitue une diffamation caractérisée qui porte atteinte à leur réputation et décourage la participation aux compétitions.

Cette affaire soulève des interrogations majeures sur les limites du journalisme d'investigation au Cameroun. Si le droit à l'information reste fondamental, l'enregistrement clandestin de conversations privées pose des questions déontologiques importantes.

D'un côté, les défenseurs de la liberté de presse arguent que la journaliste n'a fait que révéler des dysfonctionnements dans la gestion d'une athlète en détresse. De l'autre, la FECAJUDO estime que les méthodes employées dépassent les limites du journalisme éthique.

Le 26 juin prochain, Annette Keysha Ikono devra donc comparaître devant la justice pour s'expliquer sur ses pratiques journalistiques. Cette audience sera scrutée de près par la profession, dans un contexte où les relations entre médias et institutions sportives sont déjà tendues.

L'issue de cette procédure pourrait créer un précédent important concernant les limites de l'investigation journalistique au Cameroun, particulièrement dans le traitement des affaires sportives sensibles.

La défense de la journaliste n'a pas encore communiqué sa stratégie, mais nul doute que l'argument de l'intérêt public et du droit à l'information sera au cœur de sa plaidoirie.