Le leader de l'opposition camerounaise Maurice Kamto a choisi la capitale française pour lancer une nouvelle offensive politique à quelques mois de l'échéance présidentielle d'octobre 2025. Selon les révélations de Jeune Afrique, le président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) anime ce samedi 31 mai un grand rassemblement sur la place de la République à Paris, avec pour objectif de mobiliser massivement la diaspora camerounaise d'Europe.
Le choix du lieu revêt une dimension hautement symbolique pour Maurice Kamto, candidat désigné de son parti et de l'Alliance politique pour le changement (APC) à la présidentielle de 2025. Comme le rapporte Jeune Afrique, cet événement fait écho au rassemblement du 1er février 2020 que l'opposant avait organisé au même endroit, peu après sa libération de prison. La place de la République, située dans le IIIe arrondissement parisien, devient ainsi le théâtre d'une nouvelle démonstration de force de l'opposition camerounaise en exil.
Cette initiative s'inscrit dans une stratégie plus large de consultation menée par le leader du MRC. Selon les informations révélées par Jeune Afrique, Maurice Kamto multiplie les rencontres stratégiques avec diverses composantes de la société camerounaise, consultant associations, corps intermédiaires, société civile et différents corps professionnels en prélude à l'élection d'octobre. L'objectif avoué est clair : "positionner Maurice Kamto comme le candidat capable de convaincre les indécis", selon les propos de Jeanne Beley Essombe, militante du MRC depuis 2018, rapportés par le magazine.
L'organisation de cet événement révèle la professionnalisation croissante de l'opposition camerounaise. Jeune Afrique détaille la mise en place d'un comité d'organisation ad hoc, baptisé Comité MK Paris 2025, créé une semaine avant l'événement. Cette structure bicéphale, co-présidée par Jeanne Beley Essombe et un représentant de l'APC, regroupe un large éventail d'acteurs politiques et civils.
La composition de ce comité témoigne de la volonté d'élargissement de la base politique de Maurice Kamto. Selon les révélations du magazine, le dispositif rassemble les responsables de la Fédération Europe du MRC, des membres du directoire, du comité des sages, des bureaux Europe, Femmes et Jeunes, ainsi que les coordinateurs régionaux du parti. Cette structure intègre également plusieurs personnalités de la société civile, notamment l'artiste Valsero, Abdelaziz Moundé Njimbam, cofondateur de la Maison des Camerounais de Paris, et l'avocat Amédée Dimitri Touko Tom.
Une logistique élaborée et une collecte de fonds stratégique
L'ampleur des préparatifs témoigne de l'importance accordée à cet événement par l'opposition camerounaise. Jeune Afrique révèle que trois commissions stratégiques ont été constituées pour assurer le succès du meeting : coordination matérielle couvrant de la scène aux dispositifs de sécurité, gestion des finances et levée de fonds. Cette organisation révèle la dimension à la fois politique et financière de l'initiative.
L'engouement suscité par l'événement se mesure à travers plusieurs indicateurs. Selon les informations du magazine, Maurice Kamto est arrivé à Paris le 9 mai, suivi par Jean Michel Nintcheu, président de l'APC, arrivé le 26 mai pour coordonner les actions. L'impact sur l'hôtellerie parisienne est révélateur : "plusieurs hôtels situés autour de la Place de la République affichent déjà complet", rapporte Jeune Afrique.
Le déroulé de la journée du 31 mai révèle une stratégie de communication bien rodée. Selon Jeune Afrique, les festivités débutent à 10 heures par des animations culturelles et patriotiques, avant que le meeting politique ne commence à 13 heures. Le dress code retenu, aux couleurs nationales vert, rouge et jaune, renforce la dimension patriotique de l'événement.
En marge du rassemblement public, une réunion avec les structures européennes du MRC est également programmée. Cette rencontre permettra à Maurice Kamto d'échanger avec les responsables des fédérations régionales, départementales, communales, ainsi qu'avec les coordinateurs des unités de base. Ce sera l'occasion de faire le bilan de la campagne de levée de fonds initiée depuis plusieurs mois auprès des militants de base et des membres influents de la diaspora.
L'un des aspects les plus sensibles de ce rassemblement concerne la présence annoncée de représentants de la Brigade Anti-Sardinards (BAS). Jeune Afrique souligne que bien que le MRC ait toujours pris ses distances avec certaines actions radicales de ce mouvement, plusieurs membres revendiquent aujourd'hui leur proximité idéologique avec le parti de Maurice Kamto. Cette évolution témoigne des recompositions en cours au sein de l'opposition camerounaise.
Plus préoccupante encore pour les autorités de Yaoundé est la présence annoncée de militants proches de la cause ambazonienne. Le magazine révèle qu'un épisode récent a particulièrement attiré l'attention : un communiqué attribué au Conseil de gouvernement d'Ambazonia (AGovC) indiquait un alignement stratégique avec la BAS, avant d'être rapidement démenti par cette dernière. Ces développements alimentent les inquiétudes de Yaoundé, "toujours prompt à accuser l'opposition de radicalité" et à l'affût "d'une convergence des luttes chez ses adversaires", selon l'analyse de Jeune Afrique.
Ce meeting parisien intervient dans un contexte d'incertitude concernant la participation effective de Maurice Kamto au scrutin d'octobre 2025. Les révélations de Jeune Afrique soulèvent la question cruciale : Maurice Kamto pourra-t-il participer au scrutin d'octobre et, si oui, sous quelle bannière ? Cette interrogation plane sur l'ensemble de la stratégie politique de l'opposition, qui mise sur la mobilisation de la diaspora pour compenser les contraintes du terrain camerounais.
Le rassemblement du 31 mai constitue ainsi un test grandeur nature pour mesurer la capacité de mobilisation de Maurice Kamto en Europe, préfigurant peut-être sa stratégie pour la campagne présidentielle à venir. L'issue de cette journée parisienne pourrait déterminer la suite des événements politiques au Cameroun, dans un contexte où l'opposition cherche à renouveler ses méthodes et élargir sa base de soutien.