Les multiples arrestations des soutiens d'Issa Tchiroma ne semblent pas affecter ce dernier. Sachant bien dans quoi il s'était engagé avant de commencer, l'ancien ministre dit avoir plusieurs coups d'avance sur le régime, parce qu'il les connait très bien.
"Changez au moins votre «playbook», car vous êtes trop prévisibles", leur dit-il.
Voici le message du président du FSNC à ses adversaires:
« Voilà la panique qui vous pousse à commettre des fautes graves. Vous avez un désavantage : je vous connais très bien. Je connais vos manœuvres, vos tactiques; je les anticipe — et c’est ainsi que vous tomberez. Changez au moins votre «playbook», car vous êtes trop prévisibles.
Voici, en clair, la stratégie que vous utilisez depuis toujours pour rester au pouvoir :
1. Réduire au maximum le nombre de jeunes inscrits sur les listes électorales afin de maîtriser la majorité de l’électorat. Réduire le nombre d’électeurs jeunes, c’est réduire un vote sanction populaire.
2. Ne pas distribuer les cartes d’électeur aux nouveaux inscrits : sans carte, on ignore son bureau de vote et on ne peut pas voter. L’abstention devient alors un allié pour vous.
3. Publier la liste électorale tardivement pour empêcher ceux qui votent avec des reçus ou des pièces d’identité d’apprendre à temps où voter ; quand ils découvrent que leur bureau est à des kilomètres, beaucoup renoncent.
4. Dissimuler des bureaux de vote dans des domiciles privés ou dans des zones enclavées et dangereuses — notamment au Nord-Ouest et au Sud-Ouest — pour décourager la participation et faciliter la manipulation.
5. Manipuler les procès-verbaux (PV) : les PV sont conçus de façon à rendre possible l’arrachage ou la substitution de pages sans signature visible sur toutes les feuilles. Les signatures figurent parfois seulement en première et dernière page, laissant des marges de manœuvre au pouvoir si les autres étapes échouent.
6. Profiter d’un délai de 15 jours avant la proclamation finale pour modifier les PV transmis par des agents inféodés, puis présenter des documents « officiels » conformes aux intérêts du pouvoir. Enfin, brandir la légalité procédurale (le rôle du Conseil constitutionnel) pour faire accepter au pays un résultat construit par la fraude.
7. Militariser le pays pour instaurer la peur et dissuader toute mobilisation citoyenne. Si le peuple insiste, la machine passe à la répression et aux arrestations de masse — une intimidation calculée, qui ne peut durer indéfiniment car les prisons ne pourront pas contenir tout un peuple.
8. Neutraliser les cadres adverses — les acheter, les intimider ou les emprisonner — puis proclamer la victoire, contenir les manifestations et laisser le temps faire son œuvre afin d’imposer une « nouvelle normalité » pour sept ans de plus.
Je vous ai dévoilé ce playbook prévisible pour que vous puissiez comprendre comment ils opèrent — et que vous sachiez que nous avons anticipé chacune de ces étapes.
Peuple du Cameroun, ne cédez pas à l’intimidation. Leur but est de nous arrêter parce qu’ils savent qu’une manifestation massive les prive de légitimité. Si nous obtenons une marée humaine pacifique et déterminée, ils perdront toute apparence de légitimité. Montrons-leur que les prisons seront trop petites pour tous ceux qui voudraient réduire le peuple au silence : sortons en masse, en nombre, pacifiquement, mais déterminés.
J’appelle même les éléments intègres de l’armée et des forces de l’ordre à se joindre massivement à cette marche pacifique pour protéger la démocratie et le peuple. Aux camarades arbitrairement emprisonnés : tenez bon — bientôt cela prendra fin et vous serez libres.
Que ceux qui aujourd’hui utilisent la machine judiciaire et les forces de l’ordre comme instruments de répression sache qu’ils devront rendre compte, y compris devant les juridictions internationales.
DIMANCHE 26 OCTOBRE — MARCHONS POUR LA LIBÉRATION DU CAMEROUN, MARCHONS POUR NOS CAMARADES, MARCHONS POUR NOTRE VICTOIRE.
Restez unis. Restez pacifiques. Restez déterminés.»









