Nouveau rebondissement dans la crise post-électorale camerounaise. Selon un proche du candidat contestataire, Issa Tchiroma Bakary aurait été brièvement interpellé par la police nigériane avant d'être relâché. L'ancien ministre de la Communication se serait réfugié au Nigeria après que sa résidence de Garoua a essuyé des tirs.
D'après les informations recueillies, Issa Tchiroma aurait quitté précipitamment sa résidence de Garoua, dans la région du Nord-Cameroun, après que celle-ci a été la cible de tirs provenant de la propriété d'un de ses voisins. Le candidat malheureux de la présidentielle du 12 octobre se serait alors replié "à quelques kilomètres de la frontière Cameroun-Nigeria, côté Nigeria".
Cette fuite intervient dans un contexte de tensions exacerbées, alors que Tchiroma a récemment dénoncé dans une lettre ouverte des tentatives d'assassinat contre lui. Il y affirmait notamment que "ses tireurs d'élite ont froidement tiré vers ma maison, tuant deux personnes qui venaient me défendre".
Selon la source proche du candidat contestataire, Tchiroma aurait été "brièvement arrêté puis relâché" par les autorités nigérianes. Les circonstances exactes de cette interpellation restent floues : s'agit-il d'un contrôle de routine, d'une demande des autorités camerounaises ou d'une initiative autonome des forces de l'ordre nigérianes ?
Plus préoccupant encore pour le candidat : son lieu de refuge serait désormais "encerclé/protégé" par les forces de l'ordre nigérianes. Une situation ambiguë qui pourrait s'interpréter de deux manières : soit comme une protection contre d'éventuelles menaces, soit comme une forme de surveillance voire d'assignation à résidence déguisée.
Cette présence policière "peut nuire à sa mobilité", note la source, et surtout "pourrait donner à Abuja un moyen de pression sur Yaoundé dans les jours et les semaines à venir".
Cet épisode intervient à un moment particulièrement sensible : la veille de la première journée "villes mortes" décrétée par Tchiroma pour contester les résultats de l'élection présidentielle. Dans sa récente lettre ouverte, le candidat avait justement appelé ses partisans à "respecter scrupuleusement les villes mortes" et promis qu'à terme, ils déferleraient "vers Étoudi".
Son absence du territoire camerounais et sa liberté de mouvement limitée au Nigeria pourraient considérablement affaiblir sa capacité à coordonner la contestation sur le terrain.
Cette affaire soulève de nombreuses interrogations sur les relations entre Yaoundé et Abuja. Le Nigeria a-t-il agi de sa propre initiative ou à la demande du Cameroun ? Quelle est la position officielle d'Abuja face à ce candidat qui conteste les résultats de l'élection dans un pays voisin ?
Pour l'heure, ni les autorités nigérianes ni camerounaises n'ont commenté cette information. Mais si elle se confirmait, elle pourrait constituer un tournant majeur dans la crise post-électorale que traverse le Cameroun.









