Actualités of Thursday, 8 May 2025

Source: www.camerounweb.com

Humiliation: Célestin Djamen lave à la savonnette et rince copieusement Maurice Kamto

Dans une déclaration au vitriol qui fait déjà grand bruit dans la sphère politique camerounaise, Célestin Djamen, ancien cadre du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), n'a pas mâché ses mots pour critiquer la stratégie politique de Maurice Kamto, président du parti et potentiel candidat à l'élection présidentielle de 2025.


L'ancien lieutenant de Kamto a dressé un réquisitoire implacable contre ce qu'il qualifie "d'incohérences jupitériennes" et de "désordre mental et intellectuel" de son ancien leader, remettant frontalement en question sa capacité à diriger le Cameroun. Cette sortie médiatique intervient à un moment crucial où le MRC tente de consolider sa position en vue du scrutin présidentiel, malgré un parcours politique jalonné de revirements stratégiques que Djamen n'a pas manqué de souligner.


"Le Pape de l'incohérence peut-il gouverner une nation qui a plus que besoin de cohérence?", s'est interrogé publiquement Djamen, utilisant une formule lapidaire qui résume l'essentiel de ses critiques. Cette question rhétorique, particulièrement acerbe, vise directement les compétences de leadership de Maurice Kamto et met en doute sa capacité à apporter la stabilité dont le Cameroun aurait besoin selon lui.


La sortie de Djamen intervient à un moment stratégique, alors que le MRC prévoit de présenter ses élus lors d'un événement à Bafoussam ce dimanche 11 mai. Dans sa déclaration, l'opposant a méticuleusement documenté ce qu'il considère comme des revirements incompréhensibles de la part du MRC et de son président.
Il rappelle qu'en novembre 2019, Maurice Kamto affirmait avec conviction que "la politique du boycott n'a jamais payé nulle part au monde", promettant fermement que le MRC participerait aux élections municipales et législatives prévues pour février 2020. Pourtant, à peine quelques semaines plus tard, le même Kamto annonçait un revirement complet de position en déclarant que son parti ne prendrait pas part à ces scrutins "tant qu'il n'y aura pas de réforme du Code électoral et tant que la guerre n'aura pas cessé au NoSo."
Cette décision de boycott était d'autant plus significative que Kamto reconnaissait explicitement les conséquences de ce choix stratégique: "Je suis parfaitement conscient que cette décision ne me permettra pas d'être candidat à l'élection présidentielle de 2025 au vu du Code électoral en vigueur", avait-il alors déclaré selon les citations rapportées par Djamen.
La contradiction s'est poursuivie en décembre 2023, lorsque le président du MRC a annoncé que son parti participerait finalement à l'élection présidentielle de 2025 "avec ou sans Code électoral", alors même que ce code n'avait subi aucune modification depuis sa précédente déclaration. Plus surprenant encore aux yeux de Djamen, le MRC affirmait en mars 2025 disposer d'élus, bien qu'il ait officiellement boycotté les élections de 2020.


Au cœur de cette controverse se trouve la question des "élus" que le MRC s'apprête à présenter publiquement. Pour Djamen, il s'agit d'une aberration politique et juridique, puisque le parti a officiellement boycotté les dernières élections municipales et législatives.

"Le boycott peut-il enfin produire des élus grâce au fameux art.15 de la Constitution (qui n'a rien à voir avec les conditions d'éligibilité)?", s'interroge sarcastiquement l'ancien cadre du MRC. Cette référence à l'article 15 de la Constitution camerounaise souligne la dimension juridique du débat, Djamen contestant la légitimité même de la démarche entreprise par son ancien parti.


Des sources proches du dossier suggèrent que le MRC pourrait compter sur des élus d'autres formations politiques qui auraient rejoint ses rangs après leur élection. Une stratégie que Djamen fustige en ces termes: "L'adhésion d'un député, d'un sénateur, d'un conseiller municipal ou régional exclu ou démissionnaire d'un parti A et adhérant à un parti B n'ayant présenté aucune liste aux élections signifie-t-elle désormais qu'on n'a plus besoin de présenter une liste aux élections pour obtenir des élus au Cameroun?"

Cette question soulève un enjeu fondamental quant à l'interprétation des textes régissant l'éligibilité des candidats à l'élection présidentielle. Le Code électoral camerounais exige en effet qu'un candidat à la présidence soit présenté par un parti politique disposant d'élus, condition que le MRC tente apparemment de remplir malgré son boycott antérieur des scrutins.


La sortie de Djamen met en lumière les complexités juridiques entourant la candidature de Maurice Kamto. Selon les dispositions en vigueur, un candidat à l'élection présidentielle doit être présenté par un parti disposant d'élus nationaux ou avoir recueilli un certain nombre de signatures de citoyens issus de toutes les régions du pays.


En boycottant les élections législatives et municipales de 2020, le MRC s'est privé de représentants élus sous son étiquette, ce qui complique désormais sa stratégie présidentielle. La tentative de présenter des élus qui auraient rejoint le parti après leur élection sous d'autres bannières politiques constitue, selon Djamen, une manœuvre contestable tant sur le plan éthique que juridique.

"Le désordre mental et intellectuel peuvent-ils constituer des ingrédients utiles pour aspirer à la magistrature suprême?", questionne encore l'ancien cadre du MRC, poussant plus loin sa critique de la cohérence politique de Maurice Kamto. Cette formulation particulièrement dure illustre la profondeur de la rupture entre les deux hommes qui furent autrefois alliés dans l'opposition camerounaise.

Cette attaque frontale de Djamen n'est pas anodine. L'ancien cadre du MRC a quitté le parti en 2021 suite à des désaccords stratégiques et a depuis fondé l'Action Pour une Alternative Républicaine (APAR), formation avec laquelle il entend bien peser sur l'échiquier politique camerounais.

Dans sa déclaration, il annonce d'ailleurs qu'APAR "tiendra incessamment sous peu une conférence de presse pour officialiser sa position présidentielle", laissant entendre qu'il pourrait lui-même se lancer dans la course à la magistrature suprême. Plus révélateur encore, il suggère que son parti pourrait adopter une stratégie similaire à celle qu'il critique chez le MRC si cette approche venait à être validée par les autorités électorales : "APAR y réfléchit fortement et pourra lui aussi présenter un candidat sous cet angle si cette version est actée."
Cette remarque teintée d'ironie souligne la dimension tactique de cette controverse politique qui, au-delà des personnes, pose la question des règles du jeu électoral camerounais et de leur interprétation. Elle révèle également les calculs stratégiques qui s'opèrent au sein de l'opposition en vue du scrutin présidentiel de 2025.
La fragmentation de l'opposition camerounaise, déjà manifeste lors des précédents cycles électoraux, pourrait ainsi s'accentuer avec l'émergence de nouvelles formations comme APAR qui contestent le leadership du MRC dans le camp anti-pouvoir. Cette reconfiguration pourrait avoir des conséquences significatives sur les rapports de force politiques dans le pays.

Contacté par notre rédaction, l'entourage de Maurice Kamto n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat à ces attaques. Selon un cadre du parti qui a requis l'anonymat, "ces accusations ne méritent pas qu'on y consacre de l'énergie alors que nous sommes concentrés sur les enjeux réels du pays."
Cette réaction laconique traduit l'embarras du MRC face aux critiques précises et documentées formulées par Célestin Djamen. Le silence officiel du parti sur cette question spécifique contraste avec sa communication habituellement réactive, notamment lorsqu'il s'agit de répondre aux attaques venant du camp présidentiel.


Le parti devrait néanmoins clarifier sa position lors de l'événement prévu dimanche à Bafoussam, où la nature exacte des "élus" qu'il compte présenter sera dévoilée. Cette précision sera déterminante pour la crédibilité de la stratégie du MRC et, in fine, pour la candidature de Maurice Kamto. Les observateurs politiques seront particulièrement attentifs aux explications fournies concernant le statut juridique de ces élus et leur compatibilité avec les exigences du Code électoral.

Au-delà des querelles personnelles, cette controverse met en lumière les ambiguïtés du système électoral camerounais. La possibilité pour un parti n'ayant pas participé aux élections de revendiquer des élus pose la question de la stabilité des mandats et de la représentation politique dans le pays.
Le transfuge d'élus entre différentes formations politiques, phénomène récurrent dans la vie politique camerounaise, prend ici une dimension particulière puisqu'il conditionne potentiellement l'éligibilité d'un candidat majeur à l'élection présidentielle. Cette situation interroge la cohérence du cadre législatif électoral et pourrait constituer un précédent significatif pour l'avenir politique du pays.

La controverse soulevée par Djamen met également en évidence les tensions qui traversent l'opposition camerounaise à l'approche de l'échéance présidentielle. L'incapacité des forces d'opposition à présenter un front uni face au pouvoir en place, déjà manifeste lors des précédents scrutins, semble se confirmer une fois de plus, au risque de compromettre leurs chances dans la compétition électorale à venir.