Actualités of Wednesday, 30 July 2025

Source: www.camerounweb.com

Guerre numérique entre partis : le MRC accusé d'usurper l'identité digitale du PCRN

Image illustrative Image illustrative

Le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) dénonce une opération de "piratage numérique" orchestrée par des membres du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). L'affaire, qui concerne l'achat frauduleux du nom de domaine pcrnpartybarty.org, illustre la digitalisation des rivalités politiques au Cameroun.

Selon les services de veille technologique du PCRN, des personnes "affiliées au parti politique MRC" auraient procédé à l'acquisition du nom de domaine pcrnpartybarty.org dans le but présumé de créer une confusion dans l'esprit des sympathisants du parti de Cabral Libii.

Cette pratique, connue sous le nom de "cybersquatting" ou "typosquatting", consiste à enregistrer des noms de domaine similaires à ceux d'organisations existantes pour détourner leur trafic internet ou nuire à leur image. Dans le cas présent, l'objectif serait de "rediriger les utilisateurs et potentiels sympathisants du PCRN vers un site contrôlé par le MRC".

Le PCRN tire la sonnette d'alarme sur les multiples dangers que représente cette usurpation d'identité digitale. Premier risque identifié : l'atteinte à l'image du parti. "Les utilisateurs pourraient croire qu'il s'agit d'un site officiel du PCRN", explique la direction du parti dans un document interne consulté par notre rédaction.

Plus grave encore, cette manipulation pourrait servir de plateforme à la désinformation. "Le contenu hébergé pourrait être utilisé pour diffuser des messages non conformes à la ligne du PCRN", s'inquiètent les responsables du parti. Une préoccupation d'autant plus légitime que les périodes électorales sont propices à la circulation de fausses informations.

Au-delà des aspects d'image et de communication, le PCRN redoute des répercussions juridiques. Les "activités illicites réalisées via ce domaine pourraient être attribuées, à tort, au PCRN et à ses membres", souligne la direction du parti. Cette dimension sécuritaire transforme ce qui pourrait sembler être une simple querelle de clocher en enjeu majeur de protection institutionnelle.

Dans un contexte politique camerounais déjà tendu, où chaque parti surveille étroitement les agissements de ses concurrents, une telle usurpation pourrait avoir des conséquences judiciaires importantes pour les parties impliquées.

Face à cette menace numérique, le PCRN a élaboré une stratégie de riposte articulée autour de trois axes principaux. D'abord, une communication offensive pour "informer publiquement les sympathisants et militants de cette tentative d'usurpation afin de clarifier que pcrnpartybarty.org n'appartient pas au PCRN".
La direction du parti n'exclut pas non plus le recours à la justice, envisageant de "porter l'affaire devant les juridictions compétentes afin que les responsables de cette action répondent de leurs actes". Une démarche qui pourrait ouvrir un nouveau chapitre dans les relations déjà compliquées entre les deux formations politiques.

Enfin, le PCRN compte tirer les leçons de cet incident en "renforçant la protection numérique" et en sécurisant "les noms de domaine liés au parti afin d'éviter de nouvelles tentatives similaires".

Cette affaire révèle l'émergence d'un nouveau terrain d'affrontement entre partis politiques camerounais : l'espace numérique. Alors que la bataille pour les investitures et les candidatures fait rage dans l'arène traditionnelle, les formations politiques découvrent les enjeux de la guerre informationnelle digitale.

Le phénomène n'est pas nouveau à l'échelle internationale, où de nombreux partis politiques ont déjà été victimes de campagnes de désinformation ou d'usurpation d'identité en ligne. Mais son apparition au Cameroun marque une sophistication des méthodes de combat politique dans le pays.

Plusieurs interrogations demeurent autour de cette affaire. Si l'implication du MRC est formellement démentie par le parti de Maurice Kamto, les preuves avancées par le PCRN restent à établir devant les instances compétentes. La nature exacte des liens entre les acquéreurs du domaine et le MRC devra être démontrée.

Par ailleurs, l'efficacité réelle de cette manœuvre reste à évaluer. Dans un pays où l'accès à internet reste limité et où les enjeux politiques se jouent encore largement sur le terrain physique, l'impact d'une telle opération de cybersquatting pourrait être plus symbolique que réellement déterminant.

Cette polémique soulève des questions plus larges sur la nécessité d'encadrer l'usage d'internet par les partis politiques camerounais. Faut-il adapter la législation électorale aux réalités du numérique ? Comment protéger l'identité digitale des formations politiques ? Autant de défis que les autorités compétentes devront probablement aborder dans les années à venir.