Une nouvelle controverse secoue le paysage électoral camerounais à moins de deux mois du scrutin présidentiel. La publication des listes électorales par ELECAM soulève des questions sur le respect des procédures constitutionnelles, alimentant les soupçons de manipulation.
Le compte à rebours vers la présidentielle camerounaise d'octobre 2025 s'accompagne d'une escalade des tensions institutionnelles. Au cœur de la polémique : un communiqué d'ELECAM (Elections Cameroon) daté du 27 août, annonçant la mise à disposition des listes électorales pour vérification publique.
Cette annonce, signée par Erik Essousse, Directeur Général des Elections, intervient dans un contexte particulièrement sensible. L'avocat Hyppolite Meli, figure reconnue du barreau camerounais, y voit une contradiction flagrante avec les décisions du Conseil Constitutionnel.
"Si ce communiqué est authentique, nous assistons à une remise en cause ouverte d'une décision constitutionnelle", analyse Me Meli, qui pointe du doigt l'inadéquation entre la date du communiqué (27 août) et celle prévue par le Code électoral (30 décembre) pour la convocation du corps électoral.
Des institutions sous surveillance
Cette controverse ravive les critiques récurrentes envers les deux principales institutions électorales du pays. ELECAM et le Conseil Constitutionnel font régulièrement l'objet d'accusations de complaisance envers le RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais), parti au pouvoir depuis 1985.
Les récentes décisions d'écarter plusieurs candidatures de l'opposition, notamment celle de Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), renforcent ces soupçons. L'opposition dénonce un "verrouillage institutionnel" du processus électoral.
Pour les observateurs de la scène politique camerounaise, cette séquence illustre la fragilité du dialogue institutionnel dans le pays. "Nous assistons à une crise de confiance majeure entre les différents acteurs du processus électoral", confie un analyste politique sous anonymat.
Les partis d'opposition multiplient les recours et les contestations, alimentant un climat délétère à l'approche du scrutin. Certains évoquent déjà la possibilité d'un boycott si les "irrégularités" venaient à se confirmer.
Au-delà des aspects techniques et juridiques, cette polémique soulève des questions fondamentales sur la crédibilité du processus démocratique camerounais. Dans un contexte sous-régional marqué par l'instabilité politique, le Cameroun se doit de garantir la transparence de ses institutions électorales.
La communauté internationale, à travers ses missions d'observation, surveille de près l'évolution de la situation. L'Union Africaine et l'Union Européenne ont déjà exprimé leur souhait de voir se dérouler un scrutin "libre, transparent et crédible".
Alors que les candidats retenus intensifient leurs campagnes, l'ombre de cette controverse institutionnelle plane sur l'ensemble du processus. Les prochains jours seront déterminants pour évaluer si les institutions camerounaises parviendront à restaurer la confiance nécessaire à la tenue d'élections apaisées.
Le défi est de taille : réconcilier le respect des procédures constitutionnelles avec les exigences d'un calendrier électoral serré, tout en préservant la légitimité démocratique du futur président de la République.