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Actualités of Wednesday, 21 October 2015

Source: L'Oeil du Sahel

Gouvernement : Aminatou Ahidjo dans la tourmente

Photo utilisée juste à titre d'illustration Photo utilisée juste à titre d'illustration

Aminatou Ahidjo a sûrement loupé le coche. Elle n’a pas été récompensée dans le premier acte politique fort du chef de l’Etat, depuis son étonnant encartage dans les rangs du Rdpc en septembre 2013, à quelques jours seulement des élections législatives et municipales.

Une absence qui surprend bien d’observateurs politiques, lesquels n’ont eu de cesse de supputer sur l’épaisseur du strapontin ministériel qui devait lui être royalement attribué. Les ingrédients de son entrée au gouvernement étaient réunis. En effet, en bon disciple de Machiavel, Paul Biya n’a cessé de donner sens à la carrière de tous ceux qui ont trahi à son profit.

Pour ce qui est des régions septentrionales, les exemples sont légion. Issa Tchiroma Camer.be, une de ses plus belles prises, en est ainsi le reflet le plus marquant. Grand pourfendeur du Renouveau, il a amorcé son rapprochement avec le régime en février 2008, à la faveur du débat sur la modification de la Constitution pour être récompensé quelques années plus tard par une entrée au gouvernement.

Des mauvaises langues affirment que ce n’est pas Issa Tchiroma que le Président récompensait de sa magnanimité Ca mer .be. En offrant sa «grâce ministérielle» à Tchiroma, il encourageait ses détracteurs à faire volte-face, à renier leur engagement politique, à marcher tête baissée, bref à se vider d’une certaine substance.

Avant lui, en 2004, Dakolé Daïssala, leader du Mouvement démocratique pour la défense de la République et Hamadou Moustapha, président de l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Andp), qui avaient tous les deux tordu férocement le cou à une dynamique régionaliste organisée autour du «Mémorandum sur les problèmes du Grand Nord», avaient eux aussi été récompensés par des fauteuils ministériels.

«Le chef de l’Etat est un parfait politique, qui sait tirer partie de toutes les situations. C’est sa grande force. En politique, il n’y a pas de place pour les émotions», explique un membre du bureau politique du Rdpc, originaire du Grand-Nord et qui accompagne le Président depuis plusieurs années.

Va pour les Tchiroma, Dakolé et Moustapha. Pour le cas Aminatou Ahidjo, que s’est-il passé pour qu’elle ne soit pas récompensée comme ses prestigieux aînés qui ont emprunté comme elle, le chemin du reniement? La «petite» a pourtant bousillé jusqu’à sa propre génitrice. «Elle a poignardé dans le dos sa mère qui, moralement et physiquement, est sérieusement affaiblie. Paul Biya n’a pas eu besoin de déployer un trésor d’imagination pour lui faire payer ses interviews virulentes dans les médias.

Sa fille s’en est chargée. Quand Mohamadou Ahidjo a été nommé ambassadeur itinérant, elle n’a pas été particulièrement gênée parce qu’elle s’attendait un peu à cette trahison. Mais là, c’est son propre sang qui est passé avec armes et bagages chez l’ennemi. Dans son fort intérieur, il me semble qu’elle ne souhaite pas une carrière politique à sa fille», explique un proche de Germaine Ahidjo.

Gardée à bonne distance par sa mère, honnie d’une bonne partie de la communauté du Grand-Nord, le moins que l’on puisse dire aujourd’hui est que la fille cadette de l’ex-Président est à la croisée des chemins. Elle doute.

«Elle n’est pas sereine en ce moment. Après tout, ses conseillers lui avaient mis en tête qu’elle devrait normalement être récompensée et cela n’a pas été le cas. Elle vit accrochée à toutes sortes de promesses et de rumeurs, comme celle qui est répandue et qui l’annonce à la tête de la Société nationale des Investissements (SNI), en remplacement de Yaou Aïssatou», explique un de ses rares fidèles qui croit encore à son étoile.

En tout cas, les nostalgiques d’Ahidjo ne se privent pas de se réjouir de son absence dans le dernier gouvernement. Alors que certains invoquent une sanction divine, d’autres mettent en avant son «niveau intellectuel Camer.be» qui ne lui permettrait même pas de tenir le strapontin de secrétaire d’Etat à la Culture. Un argument qui, dans le système Biya, ne pèse cependant pas lourd. «Il ne s’est jamais agit d’un quelconque diplôme pour être ministre. Ministre est une fonction politique à laquelle, aujourd’hui comme hier, ont été admis des personnes sans bagages intellectuels.

Si Aminatou Ahidjo remplaçait Mme Youssouf, qui se serait plaint ? Si le Président ne l’a pas appelée, c’est que ce n’était tout simplement pas opportun, c’est qu’elle ne peut rien apporter pour le moment, ni à lui, ni au pays Cam er.be. Enfin, le Président s’est rendu compte de sa fumisterie», rigole Moustapha Abou, un homme d’affaires installé à Garoua. Tout espoir n’est pas encore perdu pour la cadette de l’ex-Président.

Toutefois, il lui faudra apprendre les secrets de la patience et se garder d’afficher son impatience en public. Roger Milla, à qui une promesse publique avait été faite, sait ce que veut dire le mot «patience» chez Paul Biya.