Actualités of Tuesday, 14 October 2025

Source: www.camerounweb.com

Garoua, épicentre de la contestation : pourquoi la ville où tout a basculé

La capitale de la région du Nord a été le théâtre des plus violentes tensions de la journée électorale. Jeune Afrique révèle les dessous d'une journée explosive dans le fief partagé de Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari, où la bataille pour le contrôle du septentrion s'est jouée dans les rues.

GAROUA - "C'est dans son fief de Garoua – qu'il partage pourtant avec Bello Bouba Maïgari, l'autre ancien ministre et candidat – que les tensions ont été les plus fortes ce 12 octobre", révèle Jeune Afrique dans une analyse exclusive de la journée de vote. La capitale de la région du Nord est devenue l'épicentre d'une contestation qui pourrait changer le visage politique du Cameroun.


Selon les informations recueillies par Jeune Afrique, "l'ancien ministre de la Communication a réussi son pari". Après avoir voté en milieu de journée dans une école de Garoua, Tchiroma Bakary "a une nouvelle fois demandé à ses partisans de participer à la surveillance du processus électoral, avant de rentrer à son domicile entouré de plusieurs centaines de supporters".

Cette mobilisation massive n'est pas anodine. Elle témoigne, selon le magazine panafricain, d'un "soutien populaire indéniable, en particulier dans sa région du Nord et dans le stratégique septentrion – ce qui n'était pas le cas de Maurice Kamto en 2018". Cette différence fondamentale avec l'élection précédente pourrait s'avérer décisive.

Jeune Afrique révèle que "aux abords de sa résidence, ces derniers [les supporters] se sont heurtés à des forces de l'ordre déployées en masse dans la capitale régionale du Nord et des échauffourées ont éclaté". Le magazine détaille : "Les gendarmes ont effectué des tirs de sommation et lancé du gaz lacrymogène, avant de se retirer."

Ce repli des forces de l'ordre, révélé en exclusivité par Jeune Afrique, constitue un fait majeur. Rarement les gendarmes camerounais reculent face à une foule contestataire. Cette retraite suggère soit un rapport de force défavorable, soit des consignes de désescalade pour éviter un bain de sang.

Selon Jeune Afrique, la mobilisation ne s'est pas arrêtée après ces premiers affrontements. "Alors que les bureaux de vote de Garoua fermaient progressivement, de nombreux partisans d'Issa Tchiroma Bakary sont de nouveau sortis dans la rue pour aller surveiller les opérations de dépouillement", rapporte le magazine.

Cette persistance de la mobilisation populaire, documentée par Jeune Afrique, montre que l'opposition a réussi à maintenir la pression sur les autorités électorales au moment crucial du dépouillement. "Pendant ce temps, les premiers procès-verbaux de bureaux de vote commençaient à fuiter sur les réseaux sociaux. La bataille numérique avait commencé", constate le magazine.

Dans une révélation importante, Jeune Afrique indique que "Bello Bouba Maïgari n'aurait pas opéré la percée attendue". Pourtant, l'ancien ministre partageait le fief de Garoua avec Tchiroma Bakary et pouvait prétendre à mobiliser une partie de l'électorat du Nord.

Cet échec, révélé en exclusivité par le magazine, bouleverse les équilibres politiques régionaux. Il confirme que Tchiroma Bakary a réussi à fédérer seul l'électorat du septentrion, traditionnellement courtisé par plusieurs figures politiques de la région.

Jeune Afrique souligne l'importance de cet ancrage territorial : contrairement à Maurice Kamto en 2018, qui n'avait pas de base régionale solide, Tchiroma Bakary dispose d'un "soutien populaire indéniable" dans le Nord. "Il lui faudra le conserver au fil des longs jours d'attente qui s'annoncent", prévient toutefois le magazine.

Cette différence fondamentale pourrait changer la donne. Comme le révèle Jeune Afrique, le contrôle du "stratégique septentrion" donne à l'opposant une capacité de mobilisation durable que son prédécesseur n'avait pas. La région du Nord peut maintenir la pression sur le pouvoir pendant des semaines si nécessaire.
Un bras de fer "d'une ampleur inédite"

Dans sa conclusion, Jeune Afrique ne laisse aucun doute sur l'importance historique du moment. "Voilà le chef de l'État engagé dans un bras de fer d'une ampleur sans doute inédite", affirme le magazine à propos de Paul Biya.


Le magazine conclut sur une note d'incertitude : "Issa Tchiroma Bakary saura-t-il éviter de vivre ce même destin ?" que Kamto, qui avait finalement échoué face au système Biya. La réponse dépendra largement de sa capacité à maintenir la mobilisation de Garoua et du Nord dans les jours critiques à venir.