Des propos violents, des menaces à peine voilées et une duplicité stratégique : des documents exclusifs lèvent le voile sur les méthodes d'Issa Tchiroma Bakary. Dans des conversations privées, l'ancien ministre et candidat à la présidentielle évoque sans détour l'élimination politique de ses rivaux, Maurice Kamto inclus, révélant la face cachée d'un caméléon du pouvoir.
《POLITIQUEMENT, IL EST M.O.R.T, SOIT IL S'ALIGNE, SOIT IL M.E.U.RT》ISSA TCHIROMA BAKARY À PROPOS DE Maurice Kamto
《Si il nous ramène ses sympathisants on publie dès ce soir, politiquement il est mort sans Bello ou Moi. sa horde de bami/lèke lui sont fanatiques, c'est un chien sauvage mais capable de mordre, Biya, Bello et Kamto sont finis. Dieu est avec nous. soit ils s'alignent, soit ils meurent》
Il fut un temps où Issa Tchiroma Bakary se présentait comme la conscience rebelle d’un régime qu’il dénonçait avec fougue. Puis vint le temps où, sans transition, il en devint le défenseur zélé, ministre, porte-parole, justifiant les dérives qu’il avait jadis pourfendues. Aujourd’hui, le voilà candidat, s’érigeant en prophète d’un renouveau qu’il a contribué à étouffer. Entre le verbe et l’acte, il n’y a chez lui qu’une contradiction permanente : 𝐜𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝’𝐮𝐧 𝐡𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐪𝐮𝐢 𝐥𝐚 𝐩𝐚𝐫𝐨𝐥𝐞 𝐧’𝐞𝐬𝐭 𝐪𝐮’𝐮𝐧 𝐨𝐮𝐭𝐢𝐥 𝐜𝐢𝐫𝐜𝐨𝐧𝐬𝐭𝐚𝐧𝐜𝐢𝐞𝐥, 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐫𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠𝐞𝐚𝐛𝐥𝐞 𝐬𝐞𝐥𝐨𝐧 𝐥𝐞𝐬 𝐯𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐝𝐮 𝐩𝐨𝐮𝐯𝐨𝐢𝐫.
À écouter Issa Tchiroma Bakary, on croirait entendre un caméléon politique en pleine mue : 𝑢𝑛 𝑗𝑜𝑢𝑟 𝑎𝑙𝑙𝑖𝑒́ 𝑑𝑢 𝑝𝑜𝑢𝑣𝑜𝑖𝑟, 𝑙𝑒 𝑙𝑒𝑛𝑑𝑒𝑚𝑎𝑖𝑛 𝑓𝑎𝑢𝑥 𝑜𝑝𝑝𝑜𝑠𝑎𝑛𝑡 ; 𝑢𝑛 𝑗𝑜𝑢𝑟 𝑝𝑎𝑡𝑟𝑖𝑜𝑡𝑒 𝑖𝑛𝑡𝑟𝑎𝑛𝑠𝑖𝑔𝑒𝑎𝑛𝑡, 𝑙𝑒 𝑙𝑒𝑛𝑑𝑒𝑚𝑎𝑖𝑛 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑙𝑖𝑐𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑓𝑜𝑟𝑐𝑒𝑠 𝑞𝑢’𝑖𝑙 𝑎𝑐𝑐𝑢𝑠𝑎𝑖𝑡 ℎ𝑖𝑒𝑟. Son itinéraire ressemble moins à une trajectoire qu’à un zigzag idéologique où chaque tournant est dicté par l’opportunité du moment.
Ceux qui l’ont suivi depuis ses années de ministre se souviennent de ses promesses de loyauté, vite reniées dès qu’il s’est agi de se repositionner dans le champ électoral. Comment croire à la parole d’un homme qui, après avoir juré fidélité à un camp, passe sans transition au suivant ? Comment suivre un dirigeant qui, d’une phrase à l’autre, se contredit et se réinvente ?
Suite à mon réseau d'informateurs autour de TCHIROMA BAKARY, j'ai pu mettre la main sur des documents et des enregistrements très compromettants, des conversations whatsapp, des enregistrements audio, des vidéos et des captures d’écran (Ceux qui ont communiqué avec Tchiroma Bakary, reconnaîtront son numéro de téléphone...) , notamment celles en images dans lesquelles, ses propos récents durant la campagne, où il a déclaré à propos de MAURICE KAMTO et d'autres acteurs politiques « soit ils s’alignent derrière lui, soit ils meurent », relèvent d’une rhétorique dangereuse, indigne d’un homme d’État. Derrière cette brutalité de langage se cache une vérité plus inquiétante : celle d’un homme obsédé par la conquête du pouvoir, prêt à tout pour imposer son autorité, y compris par l'insurrection. Un homme qui rumine une rancœur vis-à-vis des acteurs politiques, qu'ils soit du pouvoir ou de l'opposition, qui lui ont un jour adressé un mot mal placé.
On se souvient aussi de ses multiples appels à l’union nationale, aussitôt contredits par ses diatribes sectaires et son mépris affiché pour les autres candidats. Sa parole devient ainsi un instrument d’exclusion plutôt qu’un levier de rassemblement.
Issa Tchiroma Bakary a longtemps survécu politiquement grâce à l’art du revirement. Tour à tour porte-parole du gouvernement, fondateur de parti, allié de circonstance, il change d’orientation comme on change de slogan. Sa stratégie est claire : s’attacher aux figures montantes, les flatter pour mieux les trahir ensuite.
Son rapport à la vérité est élastique, sa fidélité volatile. Il promet la rupture mais s’entoure des symboles du passé. Il appelle à la morale publique mais justifie les compromissions les plus flagrantes. Chaque mot prononcé par lui doit être pesé, car derrière la phrase vibrante se cache souvent le calcul froid.
Dans un pays où la politique devrait rimer avec responsabilité, la légèreté verbale d’Issa Tchiroma Bakary est un symptôme inquiétant. Car un homme qui ne respecte pas sa parole ne peut pas prétendre gouverner. Le pouvoir, au Cameroun, ne peut être confié à celui qui change d’avis au gré de ses intérêts personnels.
Ce qui frappe chez lui, ce n’est pas tant la versatilité que l’absence de conviction. On ne sait jamais s’il parle pour convaincre ou pour se convaincre lui-même. Ce double langage permanent, cette duplicité de ton et d’attitude, ruinent toute crédibilité politique et toute prétention morale.
Le vacarme médiatique ne fait pas l’histoire. Les slogans tonitruants, les menaces et les promesses contradictoires ne bâtissent pas une nation. Le Cameroun a besoin d’hommes de parole, pas d’hommes de parade. Issa Tchiroma Bakary a choisi le bruit, la provocation et l’instabilité ; qu’il ne s’étonne pas que le peuple doute de lui.
La politique ne pardonne pas les trahisons répétées : chaque volte-face laisse une trace, chaque reniement creuse une fissure. Et dans le miroir de l’histoire, l’image de Tchiroma Bakary restera celle d’un homme qui parlait trop pour être cru, et changeait trop pour être suivi.
Shance Lion