Pour pouvoir l'arrêter facilement et avoir des raisons valables pour l'enfermer, le régime Biya accuse l'ancien ministre Issa Tchiroma Bakary de fraudes électorales.

La Délégation Générale à la Sûreté Nationale dirigé depuis des décennies par l'ami personnel de Biya, Mabraga Nguele, a procédé le samedi 25 octobre à la présentation à la presse d’un réseau de faussaires spécialisé dans la falsification des listes électorales et des procès-verbaux d’ELECAM. Cette opération intervient à la suite d’informations faisant état de la circulation de fausses listes électorales attribuant la victoire à un candidat défait à l’élection présidentielle du 12 octobre dernier.

Une enquête déclenchée par la DGSN

Dès que la Délégation Générale à la Sûreté Nationale (DGSN) a été informée de la présence de ces documents suspects, le Délégué Général a prescrit l’ouverture immédiate d’une enquête afin de vérifier leur authenticité et d’en identifier les auteurs. Les investigations menées par les services spécialisés ont d’abord permis l’interpellation d’un certain Ousmanou, connu pour avoir récemment initié la marche illégale de la Briqueterie, organisée pour revendiquer la supposée victoire d’Issa Tchiroma.

L’analyse de son téléphone a révélé plusieurs échanges WhatsApp entre Ousmanou et un individu identifié sous le nom d’Abou, gestionnaire d’un secrétariat bureautique situé au quartier École de Police, à Yaoundé. Ces conversations contenaient des listes électorales authentiques , que le premier envoyait au second pour falsification. Sur la base de ces éléments, une opération de police a été déclenchée. Celle-ci a conduit à l’arrestation d’Abou et à la saisie de deux ordinateurs et d’un laptop dans son secrétariat.

L’exploitation du matériel informatique saisi a permis de mettre au jour un système bien rodé de falsification. Le coordinateur du FSNC pour le Mfoundi transmettait à Abou de véritables listes d’ELECAM, lesquelles étaient ensuite retouchées et manipulées pour produire de faux procès-verbaux proclamant Issa Tchiroma vainqueur.

La poursuite des investigations a conduit à l’arrestation d’un autre complice à Ngousso, identifié comme le coordinateur du FSNC pour l’arrondissement de Yaoundé 5, ainsi que d’un quatrième individu, militant du MRC, chargé de former les cadres du FSNC à la fabrication de faux procès-verbaux.


La perquisition effectuée au domicile du coordinateur du FSNC du Mfoundi, déjà arrêté en possession d’une arme à feu et de munitions sans autorisation, a permis la découverte d’une somme d’environ 4 millions de francs CFA, ainsi que de nombreuses fausses listes et de faux procès-verbaux couvrant l’ensemble des arrondissements du département du Mfoundi.

Les suspects, désormais aux mains de la police, seront présentés devant les juridictions compétentes. Les enquêtes se poursuivent afin de démanteler l’ensemble du réseau et de retracer les complicités politiques et financières derrière cette vaste opération de falsification.
Source: Bruno Bidjang