Colère de la population : ce qui s'est réellement passé à Elecam
Depuis des heures, des images circulent, montrant une foule qui s'est rendue à l'antenne électorale d'Elections Cameroon (Elecam) de Douala 5e. Que s'y est-il vraiment passé ? Le journaliste Bruno Bidjang a une réponse.
Le malentendu d'un matin ordinaire. Il est un peu plus de 10 heures ce mardi matin à l'antenne communale d'Elecam Douala 5e, dans le quartier Makepe. L'atmosphère est calme. Quelques agents s'affairent à ranger le matériel électoral utilisé lors du scrutin présidentiel du 12 octobre.
Dans la cour, des cartons d'enveloppes vides, de bulletins déjà comptabilisés et de registres administratifs sont empilés, pendant que d'autres sont triés pour destruction. Selon plusieurs témoins rencontrés sur place, les équipes procédaient simplement au nettoyage post-électoral et au rangement des urnes. Une procédure classique après chaque scrutin, destinée à libérer les locaux et préparer le transfert des procès-verbaux déjà transmis aux commissions compétentes.
C'est à ce moment qu'un homme, visiblement étranger au service, entre dans la cour et aperçoit les agents en train de vider le contenu d'une urne pour le nettoyage. Pris de panique, il croit assister à une fraude électorale et se met à crier : « Ils bourrent les urnes ! Ils détruisent les bulletins ! ».
En quelques minutes, l'alerte se propage. Des moto taximen et des badauds affluent. Certains brandissent leurs téléphones pour filmer la scène, d'autres s'en prennent verbalement, voire physiquement, aux agents d'Elecam. Un agent est blessé au visage et au bras. Les images de l'incident, tronquées de leur contexte, commencent déjà à circuler sur les réseaux sociaux, alimentant la confusion.
Informées de la situation, les forces de sécurité, police et gendarmerie interviennent promptement. Le dispositif mis en place permet de disperser la foule et sécuriser les agents. Les principaux agitateurs sont interpellés et conduits au poste de gendarmerie pour audition. « Nous avons agi pour éviter que la situation ne dégénère, explique un officier rencontré sur place. Le public doit comprendre que les opérations de nettoyage du matériel électoral sont une étape normale après tout scrutin ».
Sur les photos prises après l'incident, on distingue d'ailleurs les restes de paperasse calcinée : il s'agissait de documents périmés, sans valeur juridique, que les agents détruisaient conformément à la procédure interne.
L'incident de Douala 5e illustre à quel point la désinformation peut devenir un facteur de tension sociale. En quelques minutes, un simple malentendu s'est transformé en émeute improvisée, attisée par des cris, des rumeurs et des publications en ligne.
Pourtant, aucune trace d'irrégularité n'a été relevée sur les procès-verbaux officiels du scrutin. Tout le matériel électoral a été régulièrement transmis à la commission départementale de compilation. Les bulletins visibles dans les sacs et les cartons étaient ceux déjà utilisés, triés et comptabilisés.
Cet épisode appelle à la vigilance de tous : citoyens, observateurs, médias et acteurs politiques. Avant de crier au scandale, il faut vérifier les faits et s'assurer du contexte réel. Elecam, de son côté, envisage de renforcer la sensibilisation du public sur ses procédures post-électorales, afin d'éviter que ce genre de malentendu ne se reproduise. Grâce à la réactivité des forces de sécurité, le calme est revenu à Douala 5e. Les agents blessés ont reçu des soins, et les activités ont pu reprendre.
Ce qui devait être une simple opération de rangement s'est transformée, en quelques minutes, en tempête médiatique. Un rappel que, dans cette ère d’hyperconnectivité, la vérité a besoin d'enquête, pas de cris.