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Actualités of Saturday, 15 October 2022

Source: www.camerounweb.com

Franc CFA : la trahison que Paul Biya à vie

La trahison que Paul Biya n'a jamais pardonné La trahison que Paul Biya n'a jamais pardonné

Jacques Blaise Mvié rappelle dans l'ouvrage "Cameroun- FranceMacron dans les bruits d’Ongola", comment Paul Biya a été trahi par son homologue ivoirien avant la dévaluation du franc CFA.


Autre fait notable au fil des années de ce combat feutré avec Paris sous le règne de François Mitterrand : en 1990, quand le problème de la dévaluation du FCFA commence à se poser avec acuité. Alors que les discussions gagnent en intensité dans tous les pays qui utilisent le FCFA comme monnaie, le président ivoirien Houphouët-Boigny dont le pays est considéré comme la locomotive économique de l’Afrique de l’Ouest, et le président Paul Biya, ténor de l’économie en zone CEMAC, décident de s’opposer à cette dévaluation.

Malheureusement, le 7 décembre 1993, le président Houphouët-Boigny meurt, laissant ainsi le président Paul Biya, seul, face à la France et à ses vassaux satrapes africains. La pilule amère est avalée : le 11 janvier 1994, à 20h50mn à Dakar, le FCFA est dévalué. Après dix-sept heures de travail, Antoine Ntsimi, ministre camerounais des Finances à l’époque, avec un visage grave et creusé par la fatigue, lit alors un communiqué annonçant la décision des quatorze chefs d’Etat et de gouvernement de la zone UEMOA et BEAC de « modifier la parité franc CFA ». 100 FCFA ne valent plus que 1 franc français, contre 2 quelques heures plus tôt. Du jour au lendemain, des millions de foyers ont alors vu leur pouvoir d’achat s’effondrer, ressentant cette mesure comme un coup de poignard dans le dos asséné par l’ancien colonisateur. Résultat : les conséquences de cette dévaluation sont énormes et catastrophiques pour les pays africains sur le plan social, avec des cures d’austérité qui entrainent une baisse drastique du pouvoir d’achat des consommateurs et une grave inflation. Puisque sur le marché, les prix passent du simple au double, voire au triple. Paris a-t-il forcé la main aux dirigeants africains ? Certes les conseillers Afrique de l’Elysée de l’époque, Jacques Foccart et Fernand Wibaux, y étaient opposés.

Mais personne au sein des gouvernements Bérégovoy, puis Balladur, ne pensait pouvoir faire l’économie d’une telle mesure. Après des mois de rumeurs et d’hésitation,
« il n’y avait plus d’argent, tout le monde retirait ses capitaux... La zone était exsangue », soutient l’économiste Jean Michel Severino, directeur de développement du ministre de la Coopération, Michel
Roussin, qui qualifie l’évènement d’historique.

« Il y a eu la colonisation, la loi cadre, les indépendances et la
dévaluation ». La France prend par conséquent un certain nombre de mesures d’accompagnement à travers des perfusions financières qu’elle octroie gracieusement à certains pays utilisateurs du FCFA. Sauf le Cameroun. Et pour cause ? Pour punir le président Paul Biya à cause de son attitude frondeuse à l’égard de la dévaluation du FCFA, naturellement mus par un irrésistible désir de vengeance, les dirigeants français de l’époque n’hésitent pas de fermer leur robinet. Nul besoin donc de se bercer d’illusion.

A savoir que, pendant que d’autres pays comme le Gabon (à l’époque d’Omar Bongo) procédaient au triplement du salaire des fonctionnaires, le Cameroun se voyait obligé de ponctionner aux ¾ celui des siens...