Actualités of Monday, 15 December 2025
Source: www.camerounweb.com
Il y a un top 3 des choses qui peuvent être rappelées à Samuel Eto’o après la polémique du jet privé. L’auteur Jean Ediegnie ne manque pas de le faire. De façon publique, il déballe tout. La rédaction de CamerounWeb vous propose de découvrir ce qu’il dit.
Mes chers compatriotes, depuis quelques jours, une série d’images circule abondamment sur les réseaux sociaux : Samuel Eto’o, président de la Fecafoot, sa famille, un jet privé, destination CAN Maroc 2025.
La publication de Cfoot n’a fait qu’amplifier ce que les images disaient déjà sans mots : le symbole était plus fort que le voyage. Et aussitôt, la polémique est née. Non pas parce que Samuel Eto’o n’aurait pas le droit de voyager confortablement. Mais parce que le contexte camerounais ne pardonne plus certaines mises en scène.
Alors, calmement, sans haine, sans militantisme aveugle, voici trois rappels fraternels que j’aimerais adresser à Samuel Eto’o, non pas l’icône du football, mais le dirigeant public.
Premièrement, le symbole du jet privé dans un pays sous tension sociale. Samuel, un jet privé n’est jamais un simple moyen de transport. C’est un symbole de pouvoir, de privilège, de distance. Dans un pays où les fonctionnaires peinent à boucler les fins de mois, les jeunes prennent des taxis surchargés pour aller à l'école ou chercher un emploi, les familles ont à peine de quoi préparer les prochaines fêtes de fin d'année et où l’État vient de débloquer 5 milliards de francs CFA pour la CAN, le jet privé parle plus fort que n’importe quel communiqué. Même si ce jet n’est pas financé par l’argent public, même si tout est légal, la perception populaire, elle, ne fait pas de distinction comptable. Et en communication politique, ce que les gens voient compte plus que ce que tu expliques ensuite.
Deuxièmement, l’écologie dans tout ça. Samuel, tu incarnes une nouvelle génération de dirigeants sportifs africains. Modernes. Internationaux. Visionnaires. Mais un jet privé, c’est aussi une empreinte carbone démesurée, un luxe climatiquement indéfendable, un message contradictoire dans un monde où l’Afrique subit déjà de plein fouet les dérèglements climatiques. Quand on veut représenter la jeunesse, l’avenir, la modernité africaine, il faut parfois renoncer à ce qui flatte l’image personnelle pour préserver l’image collective. Le progrès ne se mesure pas seulement au confort. Il se mesure aussi à la sobriété choisie.
Enfin, le fossé émotionnel avec une base populaire fragilisée. Samuel, tes supporters les plus bruyants, les plus fidèles, les plus combatifs ne sont pas ceux qui voyagent en jet. Ce sont des jeunes des quartiers, des passionnés de football, des Camerounais qui vivent parfois au jour le jour, des gens qui te défendent gratuitement, souvent au détriment de leur tranquillité.
Quand ils voient croissants, fauteuils en cuir, fleurs sur table, confort aérien absolu, ils n’y voient pas une réussite. Ils y voient une distance qui s’installe. Or, un leader populaire doit toujours se demander comment cette image sera-t-elle reçue par celui qui me soutient sans rien avoir ? Le vrai pouvoir, c’est de savoir quand ne pas s’afficher.