Pour façonner ses chaises, Firita Yorongue, jeune femme de 33 ans, travaille avec deux employés. « Une fois les pneus récupérés, nous les découpons pour en faire des fils solides. Comme les pneus sont très durs, mes employés s’occupent de cette étape, ensuite je réalise moi-même le tissage. Le tressage varie selon le modèle et les dimensions de la chaise », précise la jeune artisane. La base circulaire de l’assise est généralement constituée d’un gros pneu.

Ces pneus, récupérés des engins usés sont soigneusement nettoyés, peints en noir, et montés à l’horizontale. Sur le dessus, un coussin moelleux et épais est fixé. Il est recouvert d’un tissu en pagne. Le dossier, fait de bandes tressées de pneus, est découpé en lanières robustes, entrelacé pour créer un motif solide et esthétique. La chaise repose sur trois supports courts et cylindriques, fixés au pneu de base, fabriqués à partir de matériaux métalliques recyclés.

« Cette technique de tissage donne un aspect sculptural et très artisanal à l’ensemble. Pour l’embellissement, je colle de la dentelle ou de la peau tout autour de la chaise. En fonction du souhait du client, j’applique de la peinture pour donner une belle couleur », explique Firita Yorongue, artisane.

Firita Yorongue, ingénieure en éducation environnementale, s’est spécialisée dans la fabrication des chaises à partir de pneus usés. C’est au village artisanal de Maroua que cette jeune femme, originaire de Yagoua dans le Mayo-Danay, donne vie à ses créations rares. Environnementaliste de formation, elle recycle des pneus de motos, de voitures et même de camions. « Pour la matière première, j’ai un contrat avec des garagistes. J’achète les pneus usés un peu partout et souvent même aux petits enfants. Ils m’aident à les recycler dans les poubelles », explique la jeune artiste.

Les prix des chaises varient en fonction du modèle et de la quantité sollicitée. « Pour un salon complet de 7 chaises, c’est 175 000 francs. Avec 45 000 francs, on peut confectionner deux chaises et une table. La confection d’un salon complet peut prendre 10 jours. Mes clients sont généralement satisfaits », déclare la jeune entrepreneure.

Prix et reconnaissance

Malgré le fait que ces créations sont d’une originalité remarquable, l’activité dans ce secteur en pleine expansion, n’attire pas toujours grand monde. « C’est très difficile de trouver des clients, et les gens hésitent à acheter parce que c’est peu connu du grand public. Le marché n’est pas encore très stable. Il arrive que je passe un mois sans aucune commande. D’autres fois aussi, je livre jusqu’à 5 clients par mois. Et la plupart des clients commandent deux chaises et une table », explique Firita, non sans oublier de mentionner que les clients préfèrent ses meubles pour le jardin.

Animée par son amour pour le recyclage, la jeune femme a commencé ces créations à Garoua en 2022, avant de s’installer au village artisanal de Maroua en janvier 2024, où se trouve son atelier. Dans un domaine encore peu connu du grand public, cette jeune artisane se distingue par sa créativité et son engagement pour l’environnement qui lui a valu le 3ème prix à la 9ème édition du salon départemental de l’artisanat du Diamaré qui a eu lieu le 29 juillet 2025 au village artisanal de Maroua.