Actualités of Wednesday, 13 August 2025
Source: www.camerounweb.com
Depuis le début de la semaine, le Palais de l’Unité est au cœur d’une intense activité politique, avec une série d’audiences organisées par Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général de la Présidence de la République (SGPR) et président du Comité stratégique de la campagne de Paul Biya. Ces rencontres, qui visent à mobiliser les soutiens en vue de l’élection présidentielle du 12 octobre, suscitent des réactions contrastées. Parmi les voix critiques, celle de Cyrille Tchamba, qui dénonce une confusion entre les rôles institutionnels et partisans.
Depuis lundi 11 août, Ferdinand Ngoh Ngoh a reçu plusieurs délégations influentes : des imams du Conseil des imams et dignitaires musulmans (CIDIMUC), des évêques de l’Église catholique, et enfin, mardi 12 août, des chefs traditionnels de la région de l’Ouest. Ces audiences, présentées comme des marques de soutien à Paul Biya, s’inscrivent dans une logique de rassemblement des forces religieuses et coutumières autour du candidat sortant.
Cependant, Cyrille Tchamba, interrogé sur la réception des chefs de l’Ouest, a exprimé des réserves : « Le lieu n’est pas indiqué. On aurait pu le faire dans les sièges du RDPC. Ils n’étaient pas à leurs places. Finalement, on ne sait si c’est le président ou le candidat qui reçoit. C’est une erreur d’avoir fait ça. » Pour lui, cette confusion entre le cadre institutionnel du Palais de l’Unité et les activités partisanes du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) pose un problème de légitimité et de neutralité.
La critique de Cyrille Tchamba met en lumière une question centrale : dans quelle mesure les ressources et les symboles de l’État peuvent-ils être utilisés pour servir une campagne électorale ? Le Palais de l’Unité, siège de la présidence, est un lieu emblématique du pouvoir institutionnel. En y organisant des rencontres à caractère électoral, le camp Biya brouille les frontières entre l’État et le parti, ce qui peut alimenter les débats sur l’équité du processus démocratique.
Cette ambiguïté est d’autant plus frappante que Ferdinand Ngoh Ngoh cumule les casquettes de SGPR et de stratège de campagne. Une situation qui, selon certains observateurs, illustre la porosité entre l’administration publique et la machine électorale du président sortant.
Malgré les critiques, la stratégie de mobilisation du camp Biya semble bien rodée. En deux jours, les audiences au Palais de l’Unité ont permis de fédérer des représentants des principales sensibilités religieuses et traditionnelles du pays. Les imams, les évêques catholiques et les chefs de l’Ouest ont tous réaffirmé leur soutien à Paul Biya, offrant ainsi une base électorale diversifiée et ancrée dans le tissu social.
Cette capacité à mobiliser rapidement des relais d’influence constitue un atout majeur pour la campagne du président sortant, alors que l’opposition peine toujours à s’unir.
Alors que la campagne officielle n’a pas encore débuté, ces manœuvres pré-électorales dessinent déjà les contours d’un scrutin où les rapports de force semblent déséquilibrés. La critique de Cyrille Tchamba rappelle que la légitimité du processus électoral dépendra aussi de la capacité à distinguer clairement les rôles de l’État et ceux des partis politiques.
Dans un contexte où l’opposition est divisée, le camp Biya semble déterminer à capitaliser sur ses soutiens traditionnels. Mais cette stratégie, si elle est efficace, n’est pas sans risques : elle pourrait raviver les débats sur la transparence et l’équité de la compétition électorale.