Le silence est assourdissant dans les couloirs feutrés du Palais de l'Unité. Ce jeudi 18 décembre 2025, l'édition N°1347 du journal Climat Social fait l'effet d'une bombe avec une Une fracassante sur l'avenir du Secrétaire Général de la Présidence de la République (SGPR). Six semaines après la prestation de serment du président Paul Biya le 6 novembre dernier, le remaniement ministériel tant attendu semble désormais imminent. Et parmi les têtes qui pourraient tomber, celle de Ferdinand Ngoh Ngoh figure en tête de liste.
Dans ce climat de fin de règne palpable, Ferdinand Ngoh Ngoh, la figure centrale du sérail présidentiel, vacille dangereusement. « Désavoué par la République et rejeté par l'opinion publique, l'homme à la crête punk est aujourd'hui politiquement affaibli », précise sans détour le journal Climat Social dans son enquête.
Les indicateurs virent au rouge pour celui que les chancelleries internationales ont longtemps surnommé "l'homme de confiance" du président Biya. Les faits relatés suggèrent une rupture de ban avec le sommet de l'État qui ne dit pas son nom mais se manifeste par des signaux de plus en plus explicites.
Selon les informations rapportées par Climat Social, « le peuple camerounais aurait déjà acté son limogeage, tandis que Paul Biya ne le reçoit plus et l'a ignoré le 7 décembre dernier ». Une mise à l'écart qui en dit long dans un système politique où la proximité physique avec le chef de l'État constitue le baromètre suprême du pouvoir réel.
Cette distance nouvelle entre le SGPR et son mentor traduit une évolution majeure dans les équilibres internes du régime. Dans un pays où le président Biya n'accorde d'audiences qu'avec parcimonie, l'absence de rendez-vous et l'ignorance publique constituent un désaveu cinglant, un message codé que tous les initiés savent déchiffrer.
En science politique, Max Weber rappelle que le pouvoir repose sur une légitimité qui, une fois érodée, transforme l'autorité en simple sursis. Ferdinand Ngoh Ngoh semble précisément traverser cette phase critique où l'exercice formel du pouvoir ne repose plus sur aucune base légitime solide.
Désavoué par l'opinion publique, contesté en interne, ignoré par le sommet, le SGPR se retrouve dans cette zone grise où le maintien en fonction devient une question de jours ou de semaines, non plus de mois ou d'années. Sa légitimité charismatique, rationnelle-légale et traditionnelle – pour reprendre les trois types wébériens – s'est évaporée simultanément.
Acculé, Ferdinand Ngoh Ngoh tente une manœuvre de la dernière chance sur le terrain de la communication internationale. « Conscient de son isolement, il sollicite le soutien de Jeune Afrique, dans une tentative de sauvetage médiatique », souligne l'enquête de nos confrères du Climat Social.
Cette stratégie révèle à la fois la gravité de sa situation et les moyens limités dont il dispose désormais. Quand un homme de l'ombre puissant en est réduit à rechercher une exposition médiatique pour se maintenir, c'est généralement que les jeux sont faits en coulisses. Le fait qu'il se tourne vers un média panafricain influent comme Jeune Afrique montre qu'il ne dispose plus de relais efficaces dans les médias camerounais ou auprès des instances nationales.
Mais les problèmes de Ferdinand Ngoh Ngoh ne se limitent pas à sa relation avec le président. Des tensions internes secouent également le Cabinet Civil qu'il dirige théoriquement. « En interne, le DCC adjoint est accusé à tort et se défend, pendant que l'opinion estime que l'homme à la punk doit partir », révèle le Climat Social.
Cette situation crée un climat délétère où les luttes intestines s'intensifient, où chacun tente de se dédouaner par anticipation d'une chute collective, où les solidarités se délitent face à la perspective d'une purge imminente. L'accusation "à tort" du Directeur du Cabinet Civil adjoint suggère des manœuvres de défausse, chacun tentant de rejeter la responsabilité des dysfonctionnements sur les autres.
Ce séisme au sommet n'est pas isolé. Le nom de Ferdinand Ngoh Ngoh figure sur une liste élargie de collaborateurs jugés encombrants par l'opinion publique. Y figurent également le Directeur du Cabinet Civil (DCC) Samuel Mvondo Ayolo, ainsi que plusieurs ministres de premier plan : Paul Atanga Nji (Administration Territoriale/MINAT), Narcisse Mouelle Kombi (Sports/MINESEP) et Jacques Fame Ndongo (Enseignement Supérieur/MINESUP).
Cette coalition de figures autrefois intouchables désormais menacées suggère un bouleversement majeur dans l'architecture du pouvoir camerounais. Comme le dit un proverbe local plein de sagesse : « quand la forêt change de feuillage, les vieux arbres sentent le vent tourner ».
Un détail intrigue particulièrement les observateurs : que s'est-il passé le 7 décembre dernier ? Cette date, mentionnée explicitement comme le jour où Paul Biya a "ignoré" son Secrétaire Général, pourrait constituer le point de bascule définitif. Quelle rencontre n'a pas eu lieu ? Quelle audience a été refusée ? Quelle cérémonie a vu le SGPR ostensiblement mis à l'écart ?
Ce mystère alimente toutes les spéculations dans les cercles informés de Yaoundé, où chacun y va de son interprétation sur la nature exacte de cette rupture symbolique.
À l'heure actuelle, la Présidence de la République n'a pas officiellement commenté ces informations. Un silence qui peut être interprété de multiples façons : confirmation implicite, mépris souverain, ou peut-être préparation minutieuse d'un coup de théâtre.
Le sort des grandes figures du gouvernement reste suspendu à la signature du décret présidentiel de remaniement, attendu avec une impatience fébrile par les 30 millions de Camerounais. Dans un système politique aussi personnalisé que celui du Cameroun, seul Paul Biya détient les clés du destin de ses collaborateurs.
Plusieurs issues se dessinent pour Ferdinand Ngoh Ngoh. Le limogeage pur et simple, solution la plus probable selon les informations du Climat Social. Un repositionnement sur un poste moins exposé, solution de compromis permettant de sauver les apparences. Ou encore, hypothèse la moins vraisemblable, un maintien surprise qui démentirait toutes les prédictions et réaffirmerait la confiance présidentielle.
Dans tous les cas, l'ère de la toute-puissance de "l'homme à la crête punk" semble bel et bien révolue. Que le décret de remaniement le confirme ou non dans les prochains jours, Ferdinand Ngoh Ngoh a déjà perdu l'essentiel : la perception du pouvoir, qui dans un système présidentiel comme celui du Cameroun, compte autant sinon plus que le pouvoir formel lui-même.
Les prochaines semaines diront si cette chronique d'une chute annoncée se concrétisera par une éviction officielle, ou si le maître d'Etoudi parviendra, contre toute attente, à opérer un retournement de situation aussi spectaculaire qu'improbable.









