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Opinions of Jeudi, 2 Mars 2017

Auteur: Armand Okol

Février 2008: un recueillement national s’impose

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Hier 28 Février, tout en regrettant et en condamnant les actes de violence, les casses et pillages survenus à l’occasion, la journée était sensée être celle du deuil national au Cameroun. On aurait été dans un pays normal que l’histoire nous aurait commandé de nous arrêter un instant pour commémorer nos morts, ceux de Fevrier 2008 en l’occurrence.

Ces victimes gratuites du ras le bol d’un peuple dépité et en colère, indigné par un mal être certain. Il aurait été élémentaire de mettre ne serait-ce que les drapeaux en berne en ce jour ou la répression des manifestations avait atteint son paroxysme. Hélas, comme depuis 09 ans que ça dure, ce fût un devoir de mémoire raté, un silence presque complice, excepté quelques actions individuelles et sans retentissement véritable.

La période du 23 au 28 Février 2008 marque en effet un tournant tristement célèbre de l’histoire du Cameroun. Le pays est alors plongé dans un contexte de volcan social en ébullition. Officiellement, quelques situations inquiétantes font monter la peur et la pression des populations.

Notamment, l’augmentation annoncée des prix du carburant à la pompe qui motive les différents syndicats des transporteurs à annoncer un mot d’ordre de grève sur le territoire national mais aussi l’inflation galopante que subissent les produits de premières nécessité. Officieusement, une grogne est latente du fait d’une modification de la constitution en préparation perçue comme une astuce pour maintenir ad vitam eternam le président de la République au pouvoir.

D’ailleurs au soir du 27 Février, dans un ton martial, le chef suprême des armées, convaincu de ce que ses collaborateurs lui ont dit la vérité du pourquoi du comment aura ces mots dans son discours de circonstance: « … ce qui est en cause, c’est l’exploitation pour ne pas dire l’instrumentalisation qui a été faîte de la grève des transporteurs à des fins politiques….

« , suivi de: « … lobjectif est d’obtenir par la violence ce qu’ils n’ont pu obtenir par la voie des urnes c’est-à-dire par le fonctionnement normal de la démocratie. À l’adresse de ceux qu’il qualifie « d’apprentis sorciers, la menace sera sans appel: « … tous les moyens légaux dont dispose le gouvernement seront mis en œuvre pour que force reste à la loi… « . La suite tout le monde la connaît ou presque.

Plus tard, le pouvoir établira un bilan sec de 40 morts, alors que plusieurs associations de défense de droit de l’homme seront formelles parlant d’une centaine de personnes arrachées à la vie en cette douloureuse occasion. Guerre des chiffres toujours d’actualité quand on sait que la lumière n’a véritablement jamais été faite sur les affres de ces émeutes.

Un dénie de responsabilités inacceptable quand on sait que jusqu’à date certaines familles recherchent quelques-uns des leurs disparus à l’occasion. D’ailleurs jamais personne n’a donné de précision sur les 40 morts officiels. Tout ce passe un peu comme si nous étions face à un non évènement, or ailleurs on aurait certainement érigé une stèle pour ces martyrs. Dommage!