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Actualités of Sunday, 29 October 2017

Source: camernews.com

Extrême-Nord: plus de 53% de filles mariées avant l’âge de 17 ans

Le délégué régional de la Promotion de la femme et de la famille, Mahamat Mahamat, l’a annoncé, le 20 octobre 2017, lors d’un panel axé sur la lutte contre les mariages précoces des jeunes filles, à la salle des conférences des services du gouverneur de la région.La rencontre s’inscrivait dans le cadre des prolongations de la célébration de la Journée internationale de la fille. Il ressort des travaux qu’entre 2005 et 2013, 12% de filles ont été mariées avant l’âge de 13 ans. Les taux les plus élevés sont enregistrés à Mokolo (68%), Kaele(57%), Yagoua (56%) et Mazangai- Mandarare (47%). L’Extrême-nord fait partie des régions qui ont le taux le plus élevé des mariages d’enfants. Selon une nouvelle étude de l’Ong « Save the Children », une fille sur trois est mariée avant l’âge de 18 ans dans cette partie du pays.

C’est pourquoi l’organisation tire la sonnette d’alarme en soulignant que le mariage d’enfants déclenche un cercle vicieux de handicaps qui refuse aux filles leurs droits les plus fondamentaux d’apprendre, de s’épanouir et d’être des enfants. « Souvent, les filles mariées trop tôt ne peuvent pas aller à l’école et sont plus susceptibles d’être victimes de violences domestiques, de maltraitance et de viols. Elles tombent enceintes et sont exposées aux infections sexuellement transmissibles (IST) dont le VIH. Elles portent également des enfants avant que leur corps soit entièrement formé, ce qui peut avoir des conséquences catastrophiques sur leur propre santé et celle de leur enfant », affirme Thomas Hob, un cadre à l’Ong « Save the Children ».

« Le phénomène est beaucoup plus accru chez les jeunes filles non instruites et celles issues des milieux défavorisés. Les croyances culturelle et religieuse sont à l’origine des mariages précoces », ajoute-t- il. Pour lutter contre le mariage des enfants, l’ONG Aldepa (Action locale pour le développement participatif) préconise une harmonisation de la loi contre les mariages précoces. Au mieux, Mme Wandou Marthe, responsable à Adelpa, compte multiplier une campagne contre le mariage des enfants.

Certains parents pensent que marier leurs filles le plus tôt revient à perpétuer une tradition, mais aussi, espérer leur offrir une vie confortable, à l’abri du besoin et une place dans la société. Mais Doumara Ngatangsou, coordonnatrice de l’ONG Alvf précise que marier une fille trop tôt peut conduire à des complications de la grossesse et de l’accouchement, principale cause de décès chez les filles âgées de 15 à 19 ans à l’Extrême-nord.« Les filles qui donnent naissance avant 15 ans, courent cinq fois plus le risque de mourir lors de l’accouchement que les femmes de 20 ans et plus. On relève une surmortalité maternelle chez les mères adolescentes âgées de 15 à 19 ans (environ 629 décès maternels pour 100 mille naissances vivantes). Le mariage précoce peut aussi conduire à la survenue des fistules obstétricales », a-t-elle précisé. Dr Fanne d’ajouter :

«Quand une adolescente est en bonne santé, instruite, productive et pleinement engagée, elle peut contribuer à briser le cycle de la pauvreté intergénérationnelle. En tant que citoyenne bien informée et dotée de savoir-faire, elle peut apporter une très riche contribution à sa communauté et à sa nation.»