Infos Business of Wednesday, 15 November 2017
Source: cameroon-info.net
89,809 milliards de FCFA. Ce sont les pertes enregistrées ces quatre dernières années dans les secteurs de la pêche et de l’élevage dans la région de l’Extrême-nord du Cameroun, où sévit la secte terroriste nigériane Boko Haram. C’est ce que révèle un rapport du ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (MINEPIA), publié ce 15 novembre 2017.
Fruit d’une enquête de terrain dans les départements du Mayo Sava, du Mayo Tsanaga et du Logone et Chari, entre avril et mai 2016, touchés par des attaques terroristes, le document révèle que le secteur de l’élevage a payé le plus lourd tribut de cette guerre contre la secte terroriste, avec des pertes estimées à 54,882 milliards francs CFA, soit environ 65% de pertes globales.
Un vrai « désastre », relève le rapport, dans la mesure où la pêche et surtout l’élevage, sont la principale activité des populations de cette partie du pays. En plus de s'attaquer aux êtres humains, les terroristes mettent un point d'honneur sur le vol du bétail qui fait office de trésor de guerre pour Boko Haram. Et ce, grâce «aux vols, rapts, tueries d’animaux, etc., aux maladies animales et à la baisse de la valeur commerciale des animaux». Dans le détail, les pertes dues à la baisse de la valeur commerciale des animaux représentent 82% des pertes totales du secteur de l’élevage contre 15,5% pour les pertes dues aux vols, rapts, tueries des animaux et seulement 2,5% pour les pertes dues aux maladies animales.
Ces pertes sont étroitement liées à la fermeture, depuis 2012, de 21 marchés à bétail dans la région de l’Extrême-Nord, lieux de commerce dans lesquels «les transactions sont essentiellement orientées vers l’approvisionnement des familles». Cette situation a, pour sa part, engendré un impact indirect estimé à environ 26,3 milliards de francs Cfa, soit plus de 30% des pertes globales enregistrées dans les secteurs de l’élevage et des pêches entre 2012 et 2016.
S’agissant des pêches, la situation est bien plus reluisante, en dépit des pertes colossales également enregistrées. L’évaluation des impacts sociaux sur les pêches a porté sur l’observation du marché du poisson. On a ainsi pu observer une réduction des captures et, par conséquent, une réduction des quantités commercialisées de moitié tout au long de la période observée, les pêcheurs n’ayant plus accès aux zones de pêche ou tout simplement ayant abandonné l’activité. L’effet cumulé de la réduction a, souligne le rapport, abouti à une perte d’activité évaluée à 8,5 milliards FCFA.