Actualités of Wednesday, 22 October 2025

Source: www.camerounweb.com

Exclusif : sèchement battu dans les urnes, Paul Biya offre la primature à Tchiroma Bakary pour éteindre la contestation

Dans une tentative inédite de désamorcer la crise post-électorale, le président sortant Paul Biya a proposé à son principal adversaire, Issa Tchiroma Bakary, de devenir Premier ministre. Une offre qui a été déclinée et dont Jeune Afrique révèle aujourd'hui l'intégralité des termes et des enjeux.


Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, cette proposition a été transmise en fin de semaine dernière à Garoua, lors d'une rencontre au domicile de l'ancien ministre. Le gouverneur de la région du Nord, Jean Abaté Edi'i, accompagné d'autres émissaires présidentiels, a exposé les contours d'un accord politique sans précédent dans l'histoire récente du Cameroun.


L'offre révélée par Jeune Afrique ne se limitait pas à la simple nomination de Tchiroma Bakary à Matignon. Le deal proposé par le camp Biya comprenait un volet beaucoup plus large : la promotion de plusieurs proches et collaborateurs de l'opposant à des postes stratégiques au sein du gouvernement et de l'administration camerounaise.


Jeune Afrique a appris que cette redistribution des cartes devait permettre à Tchiroma Bakary de constituer une véritable équipe au pouvoir, lui donnant les moyens d'implémenter une partie de son programme. La primature n'aurait donc pas été une simple vitrine honorifique, mais une réelle opportunité d'influence sur la conduite des affaires de l'État.

Cette approche traduit, selon les analyses recueillies par Jeune Afrique, une volonté de Paul Biya de transformer son adversaire en partenaire plutôt qu'en opposant radical. Un changement de paradigme majeur pour un régime historiquement peu enclin au partage du pouvoir avec des figures contestataires.

Mais l'élément le plus surprenant de l'offre, selon les révélations de Jeune Afrique, concerne l'engagement d'une réforme express du code électoral. Cette modification législative devait intervenir avant les élections législatives de 2026, offrant ainsi à Tchiroma Bakary la possibilité de remodeler les règles du jeu électoral depuis l'intérieur du système.


Jeune Afrique a appris que cet engagement a été présenté comme une garantie structurelle pour l'avenir de la démocratie camerounaise. Les émissaires de Biya auraient insisté sur le fait qu'une telle réforme, conduite avec la légitimité d'un Premier ministre issu de l'opposition, aurait eu plus de crédibilité tant au niveau national qu'international.


Cette proposition témoigne, selon les informations de Jeune Afrique, d'une certaine inquiétude au sommet de l'État face à l'ampleur de la contestation et à la popularité dont jouit Tchiroma Bakary, particulièrement dans les régions du Nord et de l'Extrême-Nord.


Malgré l'apparente générosité de l'offre, Issa Tchiroma Bakary a opposé une fin de non-recevoir catégorique. Jeune Afrique a recueilli les confidences d'un de ses lieutenants qui qualifie cette proposition de « tentative de neutralisation politique ». L'ancien ministre de la Communication aurait analysé cette offre comme un piège visant à le couper de sa base militante et à dissoudre la dynamique contestataire dans les méandres de la gestion gouvernementale.

« Tout ce qu'Issa Tchiroma Bakary exige, c'est la reconnaissance de la vérité des urnes », a confié à Jeune Afrique ce proche collaborateur. Cette position intransigeante révèle la conviction de l'opposant d'avoir réellement remporté la présidentielle, conviction étayée par les procès-verbaux que son équipe a commencé à publier et qui le créditent de 62 % des suffrages.

Selon les informations de Jeune Afrique, Tchiroma Bakary aurait également redouté qu'accepter la primature ne soit interprété comme un aveu de défaite électorale et une trahison par ses millions de sympathisants qui le considèrent comme le véritable vainqueur du scrutin.


L'échec de cette négociation secrète, révélé en exclusivité par Jeune Afrique, ouvre la voie à un affrontement politique de haute intensité. La primature camerounaise, poste stratégique qui fait de son titulaire le chef du gouvernement et le numéro deux du régime, était pourtant considérée par de nombreux observateurs comme une monnaie d'échange suffisante pour apaiser les tensions.
Jeune Afrique a appris que le refus de Tchiroma Bakary a surpris une partie de la classe politique camerounaise, où certains estiment qu'il a manqué une occasion historique d'accéder aux leviers du pouvoir exécutif. D'autres, au contraire, saluent sa cohérence et son refus de "vendre" ce qu'ils considèrent comme une victoire légitime.


Désormais, selon les informations de Jeune Afrique, le camp présidentiel n'a plus de carte majeure à jouer pour éviter la confrontation. La proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel, attendue au plus tard le 26 octobre, s'annonce comme le déclencheur d'une mobilisation de grande ampleur que prépare activement l'opposition.


Cette proposition de primature rejetée restera comme une tentative avortée de cohabitation politique au Cameroun. Jeune Afrique révèle que certains proches du pouvoir regrettent déjà que cette main tendue n'ait pas été saisie, craignant que le pays ne s'engage dans une période de turbulences dont l'issue reste incertaine.